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Destituer Trump? L'enjeu déchire le Parti démocrate

Nancy Pelosi, cheffe du groupe démocrate à la Chambre des Représentants.

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«Calmez votre enthousiasme! Attendons de connaître tous les faits avant de décider s'il y a de quoi destituer le président Trump!» A la tête de l'opposition démocrate au sein de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi peine à contenir ses troupes. Ou du moins, à faire patienter le petit groupe d'élus qui réclame à cor et à cri le déclenchement du fameux impeachement pour se débarrasser du chef de l'Etat.

Les détracteurs de Donald Trump l'accusent d'avoir demandé à James Comey, ex-patron du FBI, de stopper une investigation… et de l'avoir licencié après son refus. Du coup, avant même que les élus n'aient pu recueillir le témoignage de Comey, le député démocrate texan Al Green réclamait l'ouverture d'une procédure de destitution. Sans obtenir, évidemment, le soutien de la majorité républicaine. Celle-ci a toutefois nommé un procureur spécial pour mener l'enquête sur de possibles liens coupables entre l'entourage du président et la Russie.

Où sont les preuves?

Les réticences du leadership démocrate à soutenir ces appels à la destitution ont de quoi surprendre. Car aux Etats-Unis, les personnes en faveur d'un impeachment (48%) sont désormais plus nombreuses que celles en défaveur (41%), selon une étude publiée la semaine passée par l'institut démocrate Public Policy Polling. Plus généralement, 54% des sondés désapprouvent le chef de l'Etat. Lancée le 20 janvier, jour de son investiture, la pétition «Impeach Trump Now» a déjà recueilli plus d'un million de signatures en dénonçant les conflits d'intérêt du président multimilliardaire, avec son réseau d'au moins 111 sociétés dans 18 pays.

Cela dit, les stratèges démocrates ne sont pas du tout convaincus, à ce stade, que des appels à une destitution déboucheraient l'an prochain sur une victoire électorale de leur parti lors du scrutin législatif. Premièrement, le leadership craint le risque de décrédibilisation. Nancy Pelosi martèle qu'il faut disposer de preuves avant de lancer un impeachment et non pas s'appuyer juste sur un ouï-dire. Deuxièmement, il ne sera pas simple d'obtenir une majorité, puisque les républicains contrôlent les deux chambres du Congrès.

Par ailleurs, même si Donald Trump était destitué, il serait remplacé par son vice-président Mike Pence, un ultraconservateur qui continuerait de détruire l'héritage de Barack Obama. Or, justement, des élus de la minorité démocrate estiment que les républicains réussiraient plus facilement à voter leurs réformes si l'électorat a la tête ailleurs, obnubilé par les bouleversements à la Maison-Blanche.

Bataille électorale en vue

Enfin - et peut-être surtout - le Parti démocrate sait que pour reprendre le contrôle d'au moins une des deux chambres du Congrès, il va falloir convaincre une partie de ceux qui ont voté «Trump» à la présidentielle de novembre. Il leur faut élaborer un projet politique enthousiasmant et faire campagne auprès de ceux qu'ils ont auparavant déçus. Bref, mener une guérilla anti-Trump est une «distraction» qui pourrait coûter cher aux démocrates.

Pour corser encore l'affaire, les démocrates ne sont pas certains de bénéficier des «midterm elections» (scrutin législatif à mi-mandat présidentiel), qui sont pourtant presque toujours favorables à l'opposition. En 2018, néanmoins, il ne s'agira pas simplement d'attaquer des fiefs républicains mais aussi de défendre les sièges de nombreux démocrates représentant des comtés ou des Etats qui ont voté «Trump».

Mais voilà, le leadership démocrate est sous pression de sa base, qui grossit de jour en jour, au rythme des polémiques éclatant autour de Donald Trump. Enfin, il s'agit de ne pas se faire griller la politesse par les élus républicains, dont certains ont déjà commencé à évoquer ouvertement l'hypothèse d'un impeachment.

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Le front hétéroclite des militants anti-Donald

Le Parti démocrate des Etats-Unis n'est pas le pire ennemi de Donald Trump. Voyez plutôt.

«La Résistance»

Aux Etats-Unis, on l'appelle simplement «la Résistance». Le mouvement hétéroclite militant contre Donald Trump est formé d'associations en tout genre, mais aussi de Municipalités, de Comtés et d'Etats régionaux, qui refusent de se plier à ses décisions politiques. Depuis la gigantesque Marche des femmes en janvier, les manifestations se multiplient. Forte d'un million de signatures, la pétition «Impeach Trump Now» a par ailleurs été lancée en janvier par «Free Speech for People» et le site Internet RootsAction.org. Son comité juridique est composé de profs de droit - dont plusieurs passés par Harvard, Yale, Stanford ou Cornell - mais aussi de juges dans les Cours suprêmes d'Etats comme le Massachusetts et le Montana. Quant aux juristes de l'organisation «Citizens for Responsibility and Ethics», ils constituent un dossier contre Donald Trump.

Les fonctionnaires outrés

Des informations compromettantes pour Donald Trump parviennent régulièrement aux médias. Pour les journaux conservateurs, il ne fait guère de doute que la plupart des fuites proviennent de hauts responsables dans la fonction publique, qui sont nostalgiques des années Obama et cherchent à saboter la présidence républicaine - ou alors qui se sentent menacés par Donald Trump. Plus particulièrement, les services de renseignement, les agences de sécurité nationale et les milieux diplomatiques, sont pointés du doigt.

L'équipe même de Trump

Des journalistes à Washington affirment que bien de fuites ont pour source… l'entourage direct de Donald Trump, que celui-ci agace au plus haut point! Le président a inclus dans son équipe des personnalités souvent en opposition totale les unes avec les autres. Chaque décision du président frustre un de ses proches. Pire: le chef de l'Etat ne se gêne pas pour dénigrer en public ses collaborateurs - quand il ne les envoie pas «au front» défendre l'indéfendable face aux médias. Bonjour l'ambiance. A.A.