Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La première image du jeu vidéo « Far Cry 5 » agace l’extrême droite américaine

Une illustration de la prochaine production d’Ubisoft montre une communauté religieuse américaine blanche et armée, qui semble être l’ennemie dans le jeu.

Par 

Publié le 26 mai 2017 à 10h56, modifié le 26 mai 2017 à 10h56

Temps de Lecture 3 min.

L’illustration de « Far Cry 5 » a suscité l’irritation des cercles d’extrême droite et ravi les militants antiracisme.

Il aura suffi d’une seule image pour réveiller les plaies de l’Amérique trumpienne. En amont de la diffusion vendredi 26 mai à 15 heures de la première bande-annonce de son prochain jeu de tir à grand budget, Far Cry 5, Ubisoft a dévoilé mercredi 24 mai une illustration polémique. Celle-ci montre un groupe de personnages, tous blancs, posant à la manière de la cène au milieu de l’arrière-pays américain, dans le Montana, livre religieux ouvert sur la table, drapeau américain et armes de guerre en évidence. Extrémistes chrétiens ? Suprémacistes blancs ? Electeurs de Donald Trump ? Les interprétations, nombreuses et convergentes, ont suscité des réactions passionnées.

L’extrême droite américaine, en premier lieu, a fait part de son sentiment d’injustice et d’indignation. « Devinez qui sont les méchants dans le prochain Far Cry ? Les terroristes musulmans, poseurs de bombes ? L’Etat islamique qui brûle des gens vivants ? Nope. Les chrétiens », a par exemple fustigé Paul Ray Ramsey, importante figure de l’alt-right, mouvement identitaire, nationaliste et islamophobe ayant largement soutenu Donald Trump et Marine Le Pen durant les élections présidentielles américaine et française.

Sur 4chan, Reddit ou encore Twitter, d’autres accusent le jeu d’Ubisoft d’être « antichrétien », alors même que le scénario exact du jeu n’est pas encore connu.

Le « bravo » des antiracistes

Loin de l’indignation des cercles suprémacistes, de très nombreux commentateurs progressistes ont applaudi l’initiative d’Ubisoft, autant sur le fond que sur ses effets. « Hé, Ubisoft. Mon père, qui a vécu pendant l’apartheid, disait : si vous rendez les racistes furieux, c’est probablement que vous faites quelque chose de bien », a réagi sur Twitter Tauriq Moosa, blogueur et tuteur en éthique à l’université de Cap Town en Afrique du Sud.

« Ce qui est brillant là-dedans, c’est que les edgelords racistes enragent que tous les vilains soient blancs et demandent maintenant plus de diversité dans les jeux. Bravo », a applaudi David Miler, journaliste spécialisé du site Game Informer Australia, dans un message partagé plus de 1 800 fois.

Plus mesurée, la chaîne de vidéos féministes FemFreq, créée par la militante Anita Sarkeesian, s’est dite de son côté « [curieuse] de voir si Far Cry 5 se lancera dans une critique du suprémacisme blanc inhérent aux mouvements miliciens ou l’utilisera juste comme décor ».

« Un scénario plausible » pour Ubisoft

Joint par Le Monde, Emmanuel Carré, porte-parole de l’éditeur français Ubisoft, assume des inspirations réelles, mais se garde d’assumer un discours politique ni de nommer précisément une communauté.

« Pour créer un Far Cry, les équipes prennent leur inspiration d’éléments réels, retournent les situations et construisent à partir de là. Far Cry 5, ce n’est pas l’histoire d’une personne en particulier, d’une religion ou d’un événement, mais il se dégage pourtant l’impression que l’univers de Far Cry est inspiré par le monde réel passé et présent tout comme les livres, les documentaires, ou les films. FC5, c’est un travail de fiction qui est pensé pour immerger les joueurs dans un scénario plausible. »

Depuis 2014 et la polémique du GamerGate, qui a opposé les tenants d’un jeu vidéo plus inclusif pour les femmes et les minorités, et les défenseurs d’un politiquement incorrect flirtant parfois avec le masculinisme et l’extrême droite, le monde de la manette est le théâtre d’une guerre culturelle.

Le Monde
Offre spéciale étudiants et enseignants
Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 9,99 €/mois au lieu de 11,99 €.
S’abonner

Ubisoft fait partie des compagnies ayant très tôt décidé de prendre à bras-le-corps la question de la représentation des minorités dans les jeux vidéo. Assassin’s Creed III : Liberation avait introduit un personnage féminin, Aveline de Grandpré, en 2013, et introduit un personnage noir, ancien esclave, Adewalé ; dans Assassin’s Creed IV : Le prix de la liberté, un épisode en téléchargement, en 2013 aussi.

D’autres acteurs majeurs sont sur la même ligne, comme TellTale avec les jeux narratifs respectant une parité entre les couleurs et les sexes (The Walking Dead, Tale of the Borderlands….), ou le suédois DICE, qui met en scène une femme-soldat dans Battlefield 1. Aucun n’a toutefois renversé la situation jusqu’à présenter des suprémacistes blancs actuels comme ennemis – comme l’a récemment fait le film Get Out au cinéma.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.