Séquence homophobe chez Hanouna : chronologie d'un témoignage douteux

L'association le Refuge, qui a porté de lourdes accusations sur Cyril Hanouna, n'est plus aussi sûre de ses affirmations. En cause, le témoignage d'un jeune qui aurait été chassé de chez lui.

Le 18 mai, dans l’émission «Baba Hot line», Cyril Hanouna a dérapé avec un canular homophobe.
Le 18 mai, dans l’émission «Baba Hot line», Cyril Hanouna a dérapé avec un canular homophobe.

    Rétropédalage ? Le Refuge, l'association qui avait reproché à l'animateur-producteur de C 8 d'avoir rendu publique l'homosexualité d'un lycéen de 19 ans en direct à la télé, cherche à vérifier la véracité de cette histoire. Retour sur les faits.

    • Jeudi 18 mai. Cyril Hanouna dérape

    Dans «Baba Hot line», une émission diffusée en fin de soirée, Cyril Hanouna piège des inconnus via un site de rencontre. Il s'y présente comme Jean-José, bisexuel de 26 ans, «très sportif et super bien monté». Six hommes et une femme répondent et se retrouvent en direct vers 23 h 30, à parler crûment de sexe... devant 750 000 téléspectateurs.

    • Vendredi 19 mai. Le Refuge tire la sonnette d'alarme

    Nicolas Noguier, président du Refuge, association qui prend en charge les jeunes homos rejetés par leur famille, donne une première interview à «l'Express». Il évoque un appel sur la ligne d'urgence dans la nuit de jeudi à vendredi d'un jeune «au bord des larmes, bouleversé par cette séquence, par les propos blessants et humiliants tenus par Cyril Hanouna».

    • Dimanche 21 mai. Le président du Refuge accuse catégoriquement Hanouna

    Le président du Refuge, Nicolas Noguier publie un message sur son compte Facebook. «Après avoir lu le compte rendu de l'entretien», il y donne plus de détails sur le «jeune au bord des larmes» qui a appelé l'association. Celui-ci est maintenant présenté comme «l'un des jeunes piégés par M. Cyril Hanouna», se trouvant dans «un état de détresse morale épouvantable». Cette révélation aggrave le cas de Cyril Hanouna, dont le canular douteux a été dénoncé au CSA par plus de 37 000 téléspectateurs, vendredi.

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    • Lundi 22 mai. Le Refuge enfonce Hanouna

    Romain, un «écoutant» du Refuge basé à Bordeaux, révèle le contenu de sa conversation avec «le jeune homme en pleurs», quatre jours plus tôt : «Il avait clairement le sentiment de s'être fait arnaquer, d'être tombé dans un piège. [...] Il a reçu des appels et des textos de membres de sa famille ayant reconnu sa voix. Il a même reçu des menaces de la part de certains d'entre eux, en colère qu'il ait pu divulguer son orientation sexuelle à la télévision.»

    • Mardi 23 mai. Le deuxième appel accablant

    A 14 h 48, Véronique Lesage, la coordinatrice des bénévoles, reçoit un appel du même jeune en détresse. «Son père ayant reconnu sa voix pendant l'émission et découvert son homosexualité l'a viré de chez lui», rapportera dans nos colonnes Frédéric Gal, le directeur général. On apprendra également que le jeune adulte est en sécurité chez une tierce personne.

    • Jeudi 25 mai. Les premiers doutes

    Le Refuge ne connaît ni l'identité, ni même le numéro de téléphone de ce jeune homme que l'association a cru sur parole. Et se contredit : une fois le jeune connaît «TPMP», une autre fois non. Et les profils des «piégés» par Hanouna ne semblent pas non plus correspondre avec les éléments recueillis. Face aux doutes apparus, nous avons échangé à plusieurs reprises avec Nicolas Noguier et Frédéric Gal. Le premier nous aiguille sur un «piégé», avant de dire que la voix a été reconnue, puis qu'il hésite finalement entre quatre ou cinq profils. Le deuxième commence à prendre des précautions, se fondant «sur les propos du jeune qui a appelé» et assure que des vérifications seront faites si troisième appel il y a.

    • Vendredi 26 mai. Machine arrière

    Vendredi, le président de l'association n'échangeait plus que par SMS : «J'ai toujours dit que nous avons été contactés à deux reprises par un jeune qui nous a indiqué avoir été piégé lors de l'émission.» Faux, quand on lit son premier post sur Facebook. Et il est beaucoup moins sûr de lui : «La seule certitude que nous avons, c'est qu'un jeune nous a appelés à deux reprises aux dates et heures citées.» Néanmoins, l'association réfléchit à porter plainte contre X pour faire la lumière sur l'identité de la personne.