Réforme de l'éducation : ce que le ministre prépare pour la rentrée

FAIT DU JOUR. Le nouveau ministre, Jean-Michel Blanquer, fait oeuvre de prudence. Il espère apporter du changement dès septembre, mais sans braquer les enseignants.

    Il le répète en toute occasion : le nouveau ministre de l'Education nationale est un «pragmatique». On ajoutera «prudent», après avoir vu Jean-Michel Blanquer, le nouvel homme de l'Hôtel de Rochechouart, déminer consciencieusement le champ éducatif lors de ses premières sorties officielles, la semaine dernière.

    L'ancien directeur de grande école ( l'Essec ) veut s'attaquer aux problèmes «à leur racine», dit-il. Et réitère les promesses du candidat Macron : retour de la semaine de quatre jours, reconstitution des classes bilangues, lancement d'un dispositif d'aide aux devoirs dans les collèges, limitation des CP à 12 élèves dans quelque 2 000 classes de l'éducation prioritaire... En fait, les mesures annoncées à court terme relèvent plus du signal politique, ciselé pour tilter à l'oreille des familles, que d'un changement de cap radical.

    La première raison tient dans le tempo : la rentrée scolaire se prépare bien en avance, et celle qui vient a déjà été largement ficelée par les sortants. Le nouveau ministre doit agir vite, dans les trois semaines, s'il veut imprimer sa marque aux ajustements en cours. Pour 2017-2018, il ne pourra donner à voir de sa politique que des échantillons.

    Un ministre «à l'écoute»

    La deuxième clé est plus politique : Jean-Michel Blanquer, fin connaisseur du système et proche de la droite, sait qu'il marche sur des oeufs. Son passage au ministère, comme directeur de l'enseignement scolaire sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, a laissé des souvenirs. «Il était là au moment de la plus grande casse qu'ait connue le système scolaire, relève une enseignante, électrice d'Emmanuel Macron. Je laisse sa chance au produit, mais je suis prête à bondir.»

    Vendredi, Jean-Michel Blanquer a reçu longuement dans ses bureaux le Sgen-CFDT. «On a eu le sentiment d'avoir affaire à un ministre à l'écoute, avec lequel nous avons certes des divergences, mais sur des positions moins frontales que ce que l'on avait redouté lors de sa prise de fonction», commente Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de ce syndicat du second degré.

    Une réforme du baccalauréat «dans les prochains mois»

    Déjà, le ministre a commencé à nuancer ses propositions : la réduction du nombre d'élèves par classe dans les CP des zones défavorisées ne se fera pas, dit-il, en détricotant le dispositif des «maîtres supplémentaires», ces instituteurs volants créés par Vincent Peillon. «85 % des instituteurs y sont favorables», rappelle Francette Popineau, porte-parole du Snuipp, le premier syndicat de l'enseignement primaire.

    Mais le moment de trancher, au risque de cliver, arrivera. Au plus tard quand s'engageront les discussions sur la réforme du baccalauréat, «dans les prochains mois», selon le ministère. Le président de la République souhaite réduire l'examen à quatre matières principales, assorties de contrôle continu. Une idée similaire avait déclenché les foudres lycéennes et coûté sa place, en 2005, au ministre de l'Education de l'époque, François Fillon.