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Élections législatives

Baroin et Cambadélis, croque-morts de la vieille politique...

Parce que l'ultra professionnalisation de la politique irrite et insupporte désormais les Français, les chefs de file François Baroin (LR) et Jean-Christophe Cambadélis (PS) enverront de très nombreux inconnus En Marche dans l'hémicycle.

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Jean-Christophe Cambadélis et François Baroin: ils incarnent vieille politique et vieilles recettes.

Jean-Christophe Cambadélis et François Baroin: ils incarnent vieille politique et vieilles recettes.

Afp

En politique, comparaison vaut rarement raison. Si l'on dissèque les dernières études d'opinion et si l'on observe les réactions des Français à la campagne électorale pour les très proches élections législatives, le parti LR (Les Républicains) est certes en moins mauvais état que le PS. Les sondeurs pronostiquent environ 150 élus pour la droite républicaine - un fort mauvais score pour un parti qui, en 2017, devait tout emporter sur son passage, l'Elysée puis le palais Bourbon - et moins d'une ... cinquantaine de sièges en faveur du PS - un désastre électoral qui ne fait que traduire une paralysie politique, historique et intellectuelle! Il est probable, sinon acquis, que l'organisation construite par et pour François Mitterrand  ne survivra pas à cette débâcle, qu'il subsistera sans doute une sorte de groupuscule pris en tenaille entre La République En Marche et La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. La droite républicaine, elle, sera réduite en miettes, son aile modérée filant rejoindre la majorité présidentielle, tandis que les "droitiers traditionalistes" affronteront sans merci les "identitaires" placés sous le joug de Laurent Wauquiez. 

Parti Socialiste-Les Républicains... un champ de ruines. Et pendant ce temps, François Baroin est censé conduire la campagne de LR tandis que Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, cherche à sauver sa peau - et son siège - dans le 19e arrondissement à Paris. Baroin-Cambadélis : les méthodes, les manières de la politique d'hier et d'avant-hier, celle qu'Emmanuel Macron a ringardisé lui qui, au quotidien, poursuit ce travail d'utilité  publique.

Le cas François Baroin est à cet égard édifiant. Le "fils adoptif" de Jacques Chirac incarna longtemps la relève à droite. Un humaniste, un esprit éclairé, un républicain authentique, un élu encensé par les médias, tous, de droite comme de gauche, à la fois "people" et "sérieux". Une carrière et un itinéraire modèle. Matignon à coup sûr ; l'Elysée peut être. Certains, à droite et ailleurs, ne manquèrent  pourtant pas de s'étonner, pour quelques uns de regretter, à propos de ses flirts successifs, avec ... Nicolas Sarkozy. Histoire de mecs, comme il s'en produit parfois en politique au-delà même d'idées divergentes. Mais tous acceptèrent sans guère de réticences que Baroin soit le numéro 1 de cette épreuve législative. Une sorte de mission impossible tant LR est miné par les divisions et les désaccords.

Face au phénomène Macron, Baroin et ses pairs ne trouvent aucune réponse

Toutefois nul ne s'attendait à ce que François Baroin se montre un aussi piètre chef de file. Transparent. Inexistant. Incapable de donner le moindre souffle à ses candidats en fort difficile position. Il est vrai que le contexte est ultra complexe : François Fillon éliminé au premier tour de la présidentielle ; le programme Fillon - dont la droite était apparemment si fière - mis à l'encan, au rebut ; Emmanuel Macron et son entourage qui n'ont toujours pas commis d'erreurs, d'impairs, de bourdes qui pourraient relancer la compétition législative ; des haines recuites autant personnelles qu'idéologiques dans lesquelles Baroin, et chacun le comprendra, ne veut surtout pas intervenir. Alors le maire de Troyes se traîne, anticipant une retentissante défaite, l'anticipant oui et ainsi s'y préparant ainsi que les siens. 

Quand François Fillon explique, quasiment sur le ton de la vanne, qu'il est nécessaire de donner une majorité LR au nouveau chef de l'Etat puisque celui-ci a installé trois ministres de droite - Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin - à des postes clef, personne n'y croit. Et surtout pas lui. L'argumentation est si faible qu'elle finit par agacer, même parmi les électeurs LR qui en arrivent pour certains à souhaiter eux aussi qu'Emmanuel Macron dispose d'une majorité parlementaire. L'argumentaire de Baroin est ringard. Baroin lui même est soudain ringard, vieilli, figure du vieux monde politique, celui d'avant, d'avant Le phénomène Macron. À ce phénomène, Baroin et ses pairs ne trouvent aucune réponse. 

La méthode Cambadélis n'opère plus

Avec plus de violence encore, cette même pathologie frappe le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis sur le point sans doute de perdre sa circonscription dans la capitale. Pendant des décennies, "Camba" aura fasciné la gente journalistique. Un idéologue créatif venu du trotskisme. Un maître tacticien. Un stratège hors pair. Capable de charmer, mais aussi de brutaliser. Un apparatchik taille XXL indispensable au bon fonctionnement du système politique. Cambadélis avait un objectif professionnel et politique, une sorte d'obsession : diriger un jour le Parti Socialiste. Non seulement il y est parvenu mais, plus fort encore, il l'enterrera sans doute... Cruauté des révolutions qu'on ne voit pas venir... Cruauté des échecs radicaux - il y a quelques mois encore Jean-Christophe Cambadélis nous expliquait encore, sûr de lui et quelque peu sentencieux, que si la gauche ne pouvait en aucun cas gagner l'élection présidentielle, il mettrait lui tout en place pour que le PS tienne le coup aux legislatives - au moins 150 députés. Tout faux. Macron est installé à l'Elysée; au mieux, il y aura quelques dizaines de socialistes sur les bancs de la prochaine Assemblée Nationale.

Alors pourquoi la méthode  Cambadélis n'opère-t-elle plus, plus du tout? Pourquoi l'apparatchik en chef des socialistes est-il plus encore repoussé et vilipendé que Baroin ? Parce que la malice trop visible insupporte ; parce que trop de tactique tue la tactique ; parce que l'ultra professionnalisation de la politique irrite et insupporte les Français. Voilà notamment pourquoi ils enverront de très nombreux inconnus En Marche dans l'hémicycle. Pour se débarrasser, croient-ils, de la "vieille" politique et de ses représentants les plus madrés.

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