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Racisme, homophobie, intolérance : la galerie des horreurs du FN aux législatives
Nicolas Bay présentant les candidats FN aux législatives. Parmi eux, des profils plus que sulfureux...
CHAMUSSY/SIPA

Racisme, homophobie, intolérance : la galerie des horreurs du FN aux législatives

Législatives

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En épluchant la liste des 570 candidats FN investis aux législatives, Marianne a découvert que nombre d'entre eux ont allègrement dépassé les limites de l'acceptable : provocations racistes, adhésion à des thèses d'un autre âge... Retour sur quinze cas particulièrement marquants.

Au Front national, on est très attaché aux traditions : il faut les préserver, les diffuser, les défendre. Dans ses investitures pour les élections législatives, le parti d’extrême droite a consciencieusement appliqué ce principe en respectant une part fondamentale de son identité : les fameux « dérapages », ces saillies racistes, antisémites, homophobes dont les membres du FN sont coutumiers. L’examen attentif des candidats frontistes aux législatives nous a permis de déterrer quelques prises de position pleines d’esprit. Nous en avons sélectionné quinze.

Il y a d’abord un grand classique du Front national, quelque peu oublié depuis la mise à l’écart de Jean-Marie Le Pen : les sorties douteuses sur la Seconde guerre mondiale et la Shoah. Ainsi Christophe Boudot, candidat dans la 9e circonscription du Rhône, a réclamé l’arrêt des subventions à la Maison d'Izieu, jugeant que l’association était « trop politisée, un peu too much ». La Maison d'Izieu est un mémorial consacré à des enfants juifs déportés puis exterminés pendant la guerre. Dans le même style, Bertrand Iragne, qui concourt dans la 1ère circonscription du Morbihan, a réclamé au préfet le retrait d’une exposition sur la Shoah et le rôle des Justes durant la guerre de 1939-1945. Selon lui, cette exposition placée non loin d’un bureau de vote durant la présidentielle aurait « porté atteinte au libre-arbitre des électeurs ».

La fédération FN de Vannes, gérée par Bertrand Iragne, est régulièrement épinglée pour l’intolérance de ses membres. Pour s’en défendre, l’adjoint du candidat a répondu au Monde : « Non, on n’est pas racistes. D’ailleurs ma femme n’est pas française, j’ai un neveu marié à une Chinoise et une nièce avec un Togolais. » Le fameux coup de l’ami noir...

Le petit souci de Pierre-Charles Cherrier – 4e circonscription en Seine-et-Marne –, c’est l’honnêteté. Pendant la campagne des départementales en 2015, où il était tête de liste FN, des individus ont recouvert un mur de la ville de Brie-Comte-Robert d’effroyables inscriptions : « A mort les étrangers et l’Europe », « A mort les Gitans, on va vous brûler »... Le tout agrémenté des mots « FN », « Le Pen », et d’une croix gammée. Suite à la publication d’un article à ce sujet dans La République de Seine-et-Marne, Pierre-Charles Cherrier a tenu à contacter le canard local pour protester : « La croix gammée n’est pas antisémite, il s’agit d’une interprétation », a-t-il déclaré. La svastika a beau être un symbole venu d’Asie, on doute que cette inscription ait été l’œuvre d’un moine bouddhiste en goguette à Brie-Comte-Robert.

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Quant à Madi Boinali Anli, le candidat frontiste dans la deuxième circonscription de Mayotte, il tient des propos bien plus extrêmes, en visant les habitants des Comores qui viennent s’installer sur « son » île. « J’espère que la préfecture a aussi prévu un emplacement pour l’école et la maternité, vu la vitesse à laquelle ces individus se reproduisent, commente le Mahorais sur Facebook. Si je pouvais les asperger d’un produit pour les exterminer, je ne m’en serais pas privé ! » Le candidat du FN rêve tout haut d’un génocide.

Généralement, les dérapages des candidats du FN visent les cibles privilégiées du parti d’extrême droite : les migrants, et les musulmans. Sandrine Ligout, de la 13e circonscription du Rhône, les a ainsi qualifiés de « sauvages ». La candidate a partagé en octobre sur son compte Facebook une photo de mouton, le jour de l’Aïd, grande fête musulmane. Et adjoint le message suivant : « Pensée pour tous les pauvres petits moutons, qui seront sacrifiés aujourd’hui pour une fête organisée par des sauvages ».

Gérard Dézempte, lui, est candidat FN dans l’Isère (6e circonscription). Maire historique de Charvieu-Chavagneux, cet ami de Philippe de Villiers s’est fait remarquer en 2015 en faisant adopter en conseil municipal une résolution favorable à l’accueil d’une famille de migrants... « à condition qu’elle soit de culture et de religion chrétienne ». L’explication ? « Les chrétiens (...) n’attaquent pas les trains armés de kalachnikovs, n’abattent pasdes journalistes réunis au sein de leur rédaction et ne procèdent pas à la décapitation de leur patron », justifiait l’édile, qui semble penser que tous les musulmans s’adonnent à de telles pratiques. Dans une interview à Envoyé Spécial, Gérard Dézempte précisait que « les bons musulmans, s’il y en a, ne doivent pas se sentir concernés ». On notera le « s’il y en a »...

Olivier Monteil concourt cette année pour le FN dans la 2e circonscription des Hautes-Pyrénées. En octobre 2016, la section frontiste locale proteste contre l’installation de 250 migrants à Lourdes. Leur chef - Olivier Monteil - va plus loin : il fait circuler une note divulguant les adresses des appartements dans lesquels sont logés les migrants... Interrogé par Le Lab, le militant d’extrême droite assume : « On le fait pour informer les gens de Lourdes puisqu’ils paient leurs impôts. [Les migrants] occupent des logements sociaux qui devraient être réservés à des Français. » On appréciera le sens des responsabilités d’un homme qui souhaite devenir député de la nation.

Poursuivant dans le registre des sentiments pas très catholiques à l’égard de nos compatriotes musulmans, la candidate du FN dans la 6e circonscription de la Loire, Sophie Robert, s’est indignée: le Roméo et Juliette représenté dans un lycée de Seine-Saint-Denis est devenu Mamadou et Juliette ! Bientôt, ce sera « Mamadou et Mohamed » s’insurge la frontiste, qui pense que le couple de Shakespeare sera prochainement musulman, et homosexuel : une vraie tragédie pour elle...

Car l’homophobie est également un marqueur persistant des candidats du Front national pour ces législatives. Prenez Anne-Laure Maleyre, qui porte les couleurs du FN dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine. Elle a partagé sur son Facebook une photographie de la une du journal Oise Hebdo, dont le titre était : « Le premier marié gay de l’Oise en prison pour pédophilie ». La conseillère municipale d’Issy-les-Moulineaux a commenté d’un simple « CQFD »...

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En matière de vision arriérée des mœurs, les candidats du FN se tirent la bourre. Françoise Coolzaet, de la 7e circonscription du Nord, qui a scolarisé son fils dans une école catholique hors contrat, se scandalise des questions d’un inspecteur de l’éducation nationale aux élèves : « C’est quoi le big bang ? C’est qui Darwin ? Egalité homme-femmes ? #camisole », a-t-elle tweeté avant d’exhiber la bonne éducation anti-théorie de l’évolution qu’elle a donnée à son enfant : « Mon fils a répondu "libre à vous de penser que vous descendez du singe. Libre à nous de penser autrement". C’est bien le mien ! ».

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Autre grande progressiste, la candidate du FN dans la septième circonscription à Paris, Isabelle Cochard, se lâche régulièrement sur Twitter : « Il faut acter désormais qu’une nana de 35-40 ans s’est tapé un gamin de 15 ans et qu’elle est la première dame ! », éructait-elle au soir de l’élection d’Emmanuel Macron. Dans le même registre, Alain Avello (4e circonscription de Loire-Atlantique) est un habitué des messages trash sur Facebook, relève Buzzfeed. Commentant un tweet de Pierre Bergé il y a quatre ans : « Il s’indigne de quoi, ce vieux con ? De ce que la civilisation n’ait pas encore épousé la totalité de ses perversions ? ». Mis en cause pour une série de messages répugnants, concernant notamment Christiane Taubira, Alain Avello a affirmé que sa page Facebook avait été piratée.

Gérard Prato, de la 8e circonscription de l’Hérault, assume tout, lui. Et notamment d’avoir partagé une image comparant un musulman... avec un cochon. « Voici Ahmed, il est suédois car il est né en Suède... Voici Piglet, il est né dans une écurie donc c’est un cheval. »

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Gérard Prato s’est défendu, arguant qu’il avait voulu démontrer « que ce n’est pas parce que l’on naît dans un pays que l’on se sent systématiquement citoyen de ce pays. » Le candidat est même presque fier de sa saillie : « Je confirme que je ne pratiquerai jamais la langue de bois et appellerai toujours un chat un chat ». En l’occurrence, il a plutôt comparé un musulman avec un porc...

Eric Dillies, candidat à la députation dans la 1ère circonscription du Nord, s’est lui lancé dans une subtile comparaison sur Twitter: « En France, on supprime le latin et le grec. A Palmyre, on détruit les traces de notre civilisation. PS, Daesh : même combat. » Gageons qu’une telle finesse d’analyse est nécessaire à l’Assemblée nationale.

Autre artiste, Stéphane Poncet, candidat FN dans la sixième circonscription du Rhône. Il tenait un blog de caricatures, qu’il a aujourd’hui fermé. En le découvrant, Marine Le Pen, furieuse, avait lâché sur Canal Plus en mars que Stéphane Poncet « ne serait plus candidat. Il vient à mon avis de terminer sa carrière politique pour commencer une carrière de caricaturiste », avait asséné la présidente du FN. Raté : Stéphane Poncet est bien candidat aux législatives. On trouvait de tout sur son blog : un « père Noël roumain dérobant un écran plat », « la caricature façon coloniale d’un homme noir pour moquer le film Intouchables », ou encore « un Nicolas Sarkozy grimé en officier nazi ».

Tant pis pour la dédiabolisation, dont on peut questionner l’efficacité. Le FN a pourtant pris toutes les précautions pour effectuer le tri parmi les candidats, et sélectionner des personnalités « convenables ». Vu la liste finale, on n’ose pas imaginer le profil des recalés aux législatives...

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne