Santé : ouverture de la première consultation dermatologique pour les tatoués

Michèle, comme 6 % des tatoués, a eu des complications de santé. Nous avons visité à l'hôpital Bichat, à Paris, la première consultation dédiée à ce sujet.

 Hôpital Bichat (Paris), le 26 mai. Michèle, 72 ans, s’en remet à Nicolas Kluger, dermatologue, pour la première consultation dédiée à la prise en charge des problèmes liés aux tatouages.
 Hôpital Bichat (Paris), le 26 mai. Michèle, 72 ans, s’en remet à Nicolas Kluger, dermatologue, pour la première consultation dédiée à la prise en charge des problèmes liés aux tatouages. LP/Jean-Baptiste Quentin

    Des fleurs de cerisier. «Le symbole du renouveau», sourit Michèle en passant sa main sur son avant-bras gauche. C'est parce qu'elle a vaincu une maladie que l'élégante juriste retraitée de 72 ans s'est fait tatouer fin janvier. «J'avais envie de marquer un changement de vie. Mais le tatouage a beau être superbe, ça a très mal tourné», explique-t-elle au médecin. Ici, dans un bureau encore impersonnel du service dermatologie de l'hôpital parisien Bichat-Claude-Bernard, a ouvert vendredi la toute première consultation de France 100 % dédiée à la prise en charge des problèmes liés aux tatouages.

    «Ils peuvent engendrer des infections cutanées, des poussées de psoriasis, accentuer des maladies de peau, déclencher des réactions allergiques à l'encre ou à certaines couleurs. C'est le cas notamment du rouge, du rose et du violet avec des possibles démangeaisons, des gonflements qui peuvent ressembler à un petit chou-fleur. Cette consultation spécialisée répond donc à un vrai besoin pour les patients», décrypte le docteur Nicolas Kluger, son responsable.

    6% de tatoués présenteraient des problèmes chroniques

    S'il n'y a pas de «recensement» des complications pour les 14 % de Français tatoués, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris se fonde sur une étude allemande pour avancer le chiffre de 6 % de personnes qui présenteraient des problèmes chroniques liés à leur tatouage.

    Pour Michèle, le problème est même plus sérieux : sur l'une des fleurs a poussé une lésion tumorale d'un centimètre alors que son dessin cicatrisait. «Trois semaines après, une petite boule grosse comme une tête d'épingle est apparue. J'ai consulté une dermatologue de ville qui a cru à une verrue et l'a brûlée. Mais cela ne s'est pas arrêté : la boule a gonflé, me faisait très mal localement et autour de la zone. J'étais très inquiète, je devenais folle jusqu'à ce que mon tatoueur à Pontoise (Val-d'Oise) me parle de cette nouvelle consultation. C'est une très bonne chose que cela existe», nous confie la septuagénaire juste après que le médecin lui a retiré la petite tumeur sans abîmer le bouquet virtuel.

    «Je n'ai peut-être pas la perplexité que certains peuvent avoir par rapport au tatouage», note-t-il. Ce n'est pas tout à fait un hasard si ce médecin et universitaire portant des baskets et un piercing au menton ait été à l'initiative de la consultation qui n'existe aujourd'hui qu'à Copenhague et Amsterdam. «Oui, j'en ai pas mal et cela m'intéresse beaucoup. Je pense que le champ de recherches est large», concède-t-il.

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    Nicolas Kluger envoie aussitôt en analyse la tumeur de Michèle. «Une fois les résultats obtenus, on décidera du meilleur traitement», lui indique-t-il. «Je suis soulagée», note la mère de famille. Sur sa nuque, son autre tatouage réalisé alors qu'elle avait 65 ans symbolise le signe de l'énergie. Il lui en donne assez pour ne pas se laisser démotiver par cette malencontreuse expérience.

    Consultation une fois par mois au service dermatologie de l'hôpital Bichat : 01.40.25.73.00.