Agent double des services de renseignement américains et cubains, associé des cartels colombiens de la cocaïne, l’ancien dictateur panaméen Manuel Noriega est mort dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 mai des suites d’une tumeur cérébrale, a fait savoir le président de la République du Panama, Juan Carlos Varela, sur Twitter. Il était âgé de 83 ans. Symbole des errements de la politique des Etats-Unis dans leur arrière-cour centraméricaine, le général Noriega a été condamné aux Etats-Unis, en France et au Panama.
Né le 11 février 1934 à Guachimango, un quartier pauvre de Panama, d’un père comptable et alcoolique, le jeune Manuel Antonio Noriega voulait être psychiatre. Le manque d’argent pour poursuivre ses études le pousse à s’engager dans l’armée. Il obtient une bourse pour étudier à l’école militaire de Chorrillos, au Pérou, où il décroche un diplôme d’ingénieur. A son retour au Panama, il est intégré à la garde nationale avec le grade de sous-lieutenant.
Il complète sa formation en 1967 par un cours de renseignement et de contre-espionnage à l’Ecole des Amériques sur la base militaire américaine de Fort Gulick, dans la zone du canal de Panama. C’est alors qu’il est recruté par la CIA, l’agence de renseignement américaine. Cette collaboration se poursuivra jusqu’au milieu des années 1980.
Surnommé « Face d’ananas » en raison de son visage grêlé, Noriega a toujours nié avoir participé au coup d’Etat qui renversa le président Arnulfo Arias en 1968. Commandant militaire de la province du Chiriqui, à l’ouest du pays, il soutient le général Omar Torrijos, le nouvel homme fort du Panama, qui le nomme lieutenant-colonel et lui confie le G2, le redouté service de renseignement. Selon l’opposant Hugo Spadafora, que Noriega fait assassiner en 1985, ses relations avec les narcotrafiquants ont commencé à cette époque.
Tensions avec Washington
Après la mort de Torrijos dans un mystérieux accident d’avion en 1981, Noriega devient chef d’état-major puis commandant en chef des forces de défense du Panama. Dès 1983, il est l’homme le plus puissant du pays, nommant et destituant les présidents. En juin 1987, l’ancien chef d’état-major de Noriega, le colonel Roberto Diaz Herrera, l’accuse de fraude électorale, de narcotrafic et de l’assassinat de Spadafora.
La presse américaine se fait l’écho de ces accusations. « La saga du général panaméen Manuel Antonio Noriega constitue l’un des échecs les plus sérieux de la politique étrangère des Etats-Unis », reconnaît une sous-commission du Sénat américain, qui le qualifie « d’acteur-clé du cartel de Medellin ». Noriega est accusé de fournir des informations confidentielles à Cuba et de vendre des armes aux guérillas d’Amérique latine, tout en poursuivant sa collaboration avec la CIA.
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