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Les emmurés de Jérusalem-Est

Série « Israël-Palestine, 50 ans d’occupation ». Les quartiers palestiniens de la ville souffrent d’un double abandon. Ils ne relèvent pas de l’Autorité palestinienne, mais ne bénéficient pas des services municipaux israéliens.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 30 mai 2017 à 06h37, modifié le 30 mai 2017 à 12h57

Temps de Lecture 6 min.

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Maisons en ruines à Silwan, Jérusalem-Est.

Silwan est une cuvette aux remugles puissants. Les détritus n’y sont pas ramassés ; on dirait qu’ils se sont fondus dans le paysage. La vallée surpeuplée (30 000 habitants) cuit à l’étouffée au pied de la vieille ville de Jérusalem. Les cars de touristes traversent deux de ses artères, pour parvenir au sommet du quartier. Là se dresse la Cité de David, site archéologique en plein essor, chéri par la droite messianique israélienne.

Les écoliers en uniforme remontent les ruelles sinueuses, entre les murs couverts d’inscriptions contre l’occupation. Leurs grands-parents, leurs parents et eux-mêmes n’ont connu qu’une vie d’abandon. Lorsqu’ils lèvent la tête, ils voient les drapeaux israéliens ornant les maisons isolées et barricadées des colons, puis le dôme noir de la mosquée Al-Aqsa sur l’esplanade des Mosquées, et enfin le soleil indifférent.

Un projet de téléphérique devrait voir le jour dans trois ans pour relier l’ancienne gare ottomane, située à Jérusalem-Ouest, à la vieille ville. Les touristes, qui éviteront ainsi les embouteillages, passeront juste au-dessus des habitants de Silwan. De leur cocon métallique, ils verront la pauvreté s’étendre sous leurs pieds.

Une écolière de Silwan, Jérusalem-Est. Tous les jours, elle monte une centaine de marches pour se rendre à l’école.

Un air de favela

Tel est le sort de Jérusalem-Est et de ses quartiers arabes. Conquis et annexés par Israël après la guerre de 1967, ils sont restés une sorte de trou noir sans rattachement véritable. Leurs habitants n’ont partagé ni le développement de Jérusalem-Ouest ni le destin cahoteux de la Cisjordanie. Silwan pourrit sur pied. Ses maisons empilées de façon anarchique, souvent bâties sans autorisations ni plan urbain, lui donnent un air de favela.

Teddy Kollek, maire de Jérusalem de 1965 à 1993, était opposé à l’installation de familles juives au milieu des quartiers palestiniens, anticipant les frictions. Depuis, tout a changé. Un grignotage, lent et méthodique, a été organisé par les colons, avec le soutien des autorités. Près de 500 juifs religieux vivent ici. Au total, 3 000 juifs sont disséminés dans les quartiers palestiniens à Jérusalem-Est sur 200 000 colons installés dans l’ensemble de la partie orientale de la ville.

La police et des sociétés privées assurent un service de sécurité permanent autour de leurs domiciles et le long de leurs déplacements dans le quartier. Fin 2014, on apprit à la Knesset (Parlement) que le coût annuel de cette protection s’élevait à 30 000 shekels (7 800 euros) par colon à Jérusalem-Est.

Plusieurs modes d’action ont été employés pour élargir la présence juive au cœur des communautés palestiniennes. Des maisons ont été saisies faute d’un propriétaire dûment enregistré. D’autres ont été rachetées à un prix généreux, souvent par des intermédiaires masquant l’identité des futurs habitants. Depuis 1991, avec le soutien du gouvernement, El Ad aide ainsi les familles juives à s’installer. Des organisations assimilées à la droite messianique rêvent d’un Silwan débarrassé des Palestiniens.

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