Partager
Législatives 2017

Macron face au cas Ferrand : la morale et le droit

Richard Ferrand, ministre de la République, est désormais pris dans l'engrenage du feuilleton politique. A chaque jour, une révélation. Des petits arrangements. Des facilités. Un "Mélange des genres"...

réagir
Richard Ferrand, Député PS du Finistère devenu secrétaire général d'En marche!

Richard Ferrand

Afp/Eric Feferberg

Après le Canard enchaîné, le Monde. Richard Ferrand, ministre de la République, est désormais pris dans l'engrenage du feuilleton politique. A chaque jour, une révélation. Grande ou petite. Majeure ou mineure. Et la lecture morale des faits, réels ou supposés, qui s'impose partout et par tous.

Richard Ferrand est pris au piège entre le droit et la morale. Et avec lui, le président de la République, Emmanuel Macron, et le Premier ministre, Edouard Philippe. D’un côté, le droit et la justice, qui disent aujourd’hui que Richard Ferrand n'est passible de rien. Pour le moment. Ou jamais. Nous verrons bien ce qu'il adviendra dans les jours ou semaines à venir. De l’autre, les informations que publient les journaux, décrivant un mode de vie publique à l'ancienne, pour le coup digne du vieux monde. Des petits arrangements. Des facilités. "Mélange des genres" dit Le Monde ce mardi, qui publie une enquête sur le système Ferrand. Un système ancien, du temps où la politique était un monde à part, régi par des us et coutumes antiques, et qui ont gouverné bien des élus de droite et de gauche, depuis des décennies. Mais les temps ont changé. Et l'opinion avec. Et ce type de système ancien, mis à jour aujourd'hui et lu avec les lunettes de l'époque, est désormais de nature à être discuté. Parce que discutable...

La morale et les valeurs de l’époque, portées par l’injonction de la transparence, qui disent que Richard Ferrand est coupable. Il y a « débat » comme dit Edouard Philippe. Que peut faire un politique, ministre de la République, pris dans cette dialectique infernale, juridiquement innocent (pour le moment en tout cas) mais moralement présumé coupable? A dire vrai, au-delà de son destin personnel, que l'on se propose ici de dépasser parce que le débat général porte au-delà du destin d'un homme, cette situation de l’époque a quelque chose d’inquiétant pour le devenir de notre société.

L’irruption de l’injonction morale

Ces dernières années ont été marqué par l’irruption de l’injonction morale dans le champ de la vie publique, le tout sur fond de crise de la représentation des politiques. La vie privée elle-même, dans le sillage des affaires DSK, est devenue un objet de débat politique. Preuve en est le jeu de rumeurs orchestrées autour de la vie privée d’Emmanuel Macron dans le but de le discréditer moralement. Et ici de signifier que Clemenceau, adepte de la fréquentation des théâtres et opéras pour des raisons qui n’avaient pas seulement à voir avec la culture, ne pourrait aujourd’hui prétendre à l’exercice de hautes fonctions dans notre société sans tomber sous le couperet de la morale, des valeurs et de la transparence.

Parce que c’est bien de cela dont il s’agit. La transparence politique est devenue une affaire de morale. Le Premier ministre Edouard Philippe, en a lui-même fait le constat quand il a déclaré ce vendredi passé au sujet de son ministre: "Il n’y a pas d’affaire, mais il y a un débat"… Parce qu'en vérité, dès lors que le droit a parlé ou estime qu'il n'y a rien à dire, il n'y devrait plus y avoir de débat. Mais ce n'est plus ainsi que les choses se lisent aujourd'hui. Après le Canard enchaîné, Le Monde. Et le "débat"' lancé et reconnu par Edouard Philippe, qui se poursuit. Et la question qui se pose, chaque jour renouvelé: Ferrand, stop ou encore? Tempête sous les cranes gouvernementaux. Démettre Ferrand, c'est reconnaître une faute. Le conserver, c'est se voir reprocher d'être complice d'une faute. Quelle est la moins mauvaise des solutions?

Richard Ferrand, en l’état de ce que nous savons des dossiers qui le concernent, est rattrapé aujourd’hui par la morale de l’époque, associée à l'impératif de la transparence. Au regard de l’état d’une société qui a oublié qu’elle était une société de droits et se transforme peu à peu en société de morale, sa situation politique semble compromise. De grâce, ne confondons pas son cas avec celui de François Fillon, tentation d’amalgame que certains, ici et là, osent. Aujourd’hui, Richard Ferrand n’est pas mis en examen et ne fait l’objet d’aucune plainte. Du point de vue du droit, la différence est de taille. En principe, cette différence devrait faire la différence. Or, elle ne la fait pas. C'est une réalité qui s'impose à tous. Le tout au nom de la morale et de valeurs qui sont peut être majoritaires, en ce temps donné, ici et maintenant, au sein de l'opinion, mais qui n'en demeurent pas moins subjectives, discutables, disputables et réfutables. 

Soyons lucides. Ce discours de raison politique, garanti des lois fondamentales qui protègent la liberté et la dignité de chacun d'entre nous, en l’état de l’opinion française, est aujourd’hui en grand partie inaudible. C'est un fait. Qui interroge chacun d'entre nous sur le rapport qu'il établi entre droit et morale.

Au-delà du cas Ferrand, la question qui nous est soumise est simple: peut-on avoir envie de vivre dans un monde où la morale et les valeurs de la majorité sont supérieures au droit?

 

Commenter Commenter
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications