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Une hausse de l’immobilier, jusqu’à quand ?

Le marché de l'immobilier est en surchauffe à Paris ainsi que dans les autres départements franciliens. L'activité est très soutenue et les prix s'envolent. Dans la capitale, quatre arrondissements affichent désormais des prix médians supérieurs à 11 000 euros le mètre carré.
par Tonino Serafini
publié le 30 mai 2017 à 19h45

L’immobilier parisien est de nouveau en surchauffe : le nombre de transactions est au plus haut, les prix s’emballent et les vendeurs se sentent en position de force face aux acheteurs. Dans la capitale, le tarif médian de la pierre atteint désormais 8 450 euros le mètre carré, indique une étude de la Chambre des notaires d’Ile-de-France publiée mardi et portant sur le premier trimestre 2017. A 10 euros près, les prix flirtent de nouveau avec leur record historique datant de l’été 2012 (8 460 euros/m²).

Le marché qui s’était un peu assagi au cours des quatre dernières années (les tarifs avaient lentement décru jusqu’à 7 880 euros/m² en juin 2015), renoue avec ses excès. Sur un an, entre le premier trimestre 2016 et le premier trimestre 2017, l’immobilier a augmenté de 5,5% dans la capitale, cinq fois plus que les prix à la consommation (+1,1 % en rythme annuel en mars dernier selon l’Insee). Les notaires ont prolongé les courbes et anticipent même un prix au mètre carré à 8 800 euros pour l’été. Paris devient une ville de plus en plus inaccessible pour ceux qui aspirent à y habiter, même petitement.

Cette inflation immobilière touche – à un degré moindre – toute la région parisienne, avec des hausses qui vont de 2,5% à 4,3% selon les départements. Les affaires vont bon train : «Le nombre de ventes progresse à un rythme toujours plus rapide», indiquent les notaires. En un an, le volume des transactions «a augmenté de 38% en Ile-de-France». Signe de cette frénésie : plus de 10 000 appartements ont été vendus à Paris au cours du premier trimestre 2017 contre 6 000 l'an dernier pendant la même période. En petite couronne c'est 12 500 ventes contre moins de 10 000 en 2016. «L'activité est au plus haut. On a vraiment beaucoup de demandes en ce moment. Tout le monde cherche. Notre difficulté c'est de trouver des choses à vendre, affirme Fredéric Tot, négociateur chez JMC immobilier, une agence du sud de Paris. Le marché est reparti très fort depuis six mois - un an». Dans son quartier, des appartements se vendent «à plus de 10 000 euros du mètre carré, ce que l'on n'avait pas vu depuis longtemps» souligne-t-il.

Dans plusieurs arrondissements, les professionnels constatent que des appartements de qualité médiocre, situés dans des immeubles modestes, partent à des tarifs très élevés. «On commence a retrouver des comportements irrationnels», souligne l'un d'eux. Ce qui signifie que le marché est en perte de repères. Jusqu'ici ce sont les taux d'intérêt très bas, et le rallongement de la durée des prêts (à 20 voire 25 ans) qui solvabilisent les acquéreurs. Les deux mesures conjuguées permettent d'emprunter plus sans augmenter la mensualité. En outre, les banques ont relâché leurs conditions de crédit : elles prêtent de nouveaux à 100% alors qu'il y a deux ou trois ans, elles exigeaient généralement un apport.

Même si les conditions de crédit restent identiques, le rythme actuel de la hausse des prix n'est pas soutenable dans le temps. La solvabilité des acquéreurs a ses limites, même à Paris où le marché bénéficie du soutien d'acquéreurs fortunés aux budgets très élastiques. Quatre arrondissements parisiens (Ier, IVe, VIe et VIIe) affichent des prix médians supérieurs à 11 000 euros. «Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel», admet un agent immobilier.

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