Pourquoi Angela Merkel défie Donald Trump
LE GRAND ANGLE DIPLO - Cette fois-ci le torchon brûle entre la chancelière allemande et le président américain. Humiliée à plusieurs reprises par Donald Trump, Angela Merkel a choisi de riposter avec des objectifs qui sont à la fois collectifs et très personnels. Au micro d'Europe 1, la chronique du rédacteur en chef international du JDD François Clemenceau.
On ne va pas se mentir : si Angela Merkel a déclaré dimanche "qu’il était temps pour l’Europe de prendre son destin en main" et que l"’époque où l’on pouvait compter les uns sur les autres était désormais révolue", ce n’est pas seulement parce que la plupart des pays membres de l’Union européenne, de l’OTAN et du G7 ont été affligés par le comportement déroutant et vindicatif du président Donald Trump tout au long de la semaine dernière.
Ce n’est pas non plus par esprit de revanche en tant que femme d’Etat, humiliée par la vulgarité et l’ignorance de Donald Trump. On se souvient que lors de sa visite à Washington, le président américain avait refusé de lui accorder une poignée de main devant les photographes dans le Bureau ovale et qu’à Bruxelles, la semaine dernière, il a dénoncé l’Allemagne et ses surplus budgétaires alors que, selon lui, Berlin n’investit pas assez dans sa politique de défense en tant que membre de l’Otan.
Le créneau de l'opposition à Donald Trump
En fait, si Angela Merkel réagit de façon aussi forte, c’est aussi parce qu’elle est en campagne électorale et qu’elle a trouvé un nouvel allié. Cette phrase très forte sur "le destin de l’Europe", elle l’a tenu en meeting à Munich. En meeting devant ses troupes de la CDU qui ont toujours placé au plus haut la relation avec les Etats-Unis et considéré que l’Allemagne devait garder le leadership en Europe sans se laisser imposer quoi que ce soit.
Certes, elle est en tête dans les sondages par rapport à son adversaire du SPD, Martin Schultz, mais le patron des sociaux-démocrates a compris depuis longtemps qu’il se devait d’occuper le créneau de l'opposition aux diktats de Donald Trump. En proposant par exemple comme alternative une plus forte intégration européenne, notamment sur les questions de défense. Résultat, Angela Merkel ne veut pas se laisser déborder sur sa gauche par cette rhétorique de défiance par rapport aux Etats-Unis.
Son allié? Emmanuel Macron
Quant au nouvel allié qui lui permet de se sentir plus forte dans cet affrontement, il s'agit d'Emmanuel Macron. Elle a compris qu’avec le nouveau président français elle avait une chance de faire repartir l’Europe, quitte à partager son leadership avec lui. Elle a a vu aussi Emmanuel Macron ne rien céder à Donald Trump lors des séances de travail à l’OTAN et au G7, et elle se dit qu’en l’absence d’une politique sérieuse et prévisible avec les Etats-Unis mieux vaut donc construire avec la France pour résister aux foudres de Trump.
Dernier point, Merkel "se lâche" aussi maintenant parce que, dans un peu plus d’un mois, elle accueillera le G20 à Hambourg. C’est là que les grandes questions sur le climat et le commerce reviendront encore plus fortes et que les européens au sein du G20 devront peser pour tenir tête aux Etats-Unis. Un test à ne pas rater, car on sera à ce moment-là à onze semaines des élections et d’un possible quatrième mandat.
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