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Aujourd'hui l'économie

La face cachée du plein emploi japonais

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Avec un taux de chômage à 2,8 % le Japon est en situation de quasi-plein emploi ; cette conjoncture exceptionnelle devient un vrai casse-tête pour les employeurs.

Les abenomics ont dopé la croissance sans sortir le pays de la menace de la déflation.
Les abenomics ont dopé la croissance sans sortir le pays de la menace de la déflation. REUTERS/Thomas Peter
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Le nombre de postes non pourvus a atteint un sommet le mois dernier. Pour 148 offres proposées, il n’y a qu’une centaine de demandes, et offres et demandes ne sont pas toujours compatibles. Les pénuries sont flagrantes dans le secteur du bâtiment, ou dans celui de la santé. Faute de personnel des entreprises sont contraintes de fermer certains services. Ou de restreindre les heures travaillées.

Le Japon a déjà connu une conjoncture aussi favorable dans les années 1970-80 quand son économie était flamboyante. Mais ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui. Les abenomics ont dopé la croissance sans sortir le pays de la menace de la déflation. Cette baisse générale des prix qui paralyse la consommation.

Comment expliquer cette crise du plein emploi, par la démographie ?

Effectivement c’est bien la baisse de la natalité qui produit ses premiers effets négatifs sur le marché de l’emploi. La population est maintenant en recul. Une tendance qui va s’accentuer. La population en âge de travailler est en baisse constante et les Japonais refusent toujours de recourir à l’immigration pour résoudre cette crise.

Le Premier ministre Shinzo Abe a encouragé les anciens à reprendre un travail. Et aussi les femmes qui ont tendance à rester à la maison après le mariage. Il y a donc aujourd’hui de plus en plus de Japonais au travail.

L’explosion du travail précaire est la contrepartie du plein emploi

En fait les retraités comme les femmes au foyer qui ont accepté de reprendre une activité se tournent vers des petits boulots, souvent à temps partiel, parce qu’ils veulent préserver du temps libre pour leurs enfants ou petits-enfants, parce qu’ils sont trop vieux pour occuper un poste complet et comme ils ont déjà un revenu, ils sont moins exigeants sur le niveau de rémunération.

Il y a donc bien eu en même temps disparition du chômage et une hausse de la population active, mais aussi une détérioration des conditions de l’emploi. Et très peu d’augmentation de salaire, au grand désespoir de la banque centrale. Cela signifie que sa politique de taux d’intérêt maintenu au plancher pour encourager la consommation est vaine, car le pouvoir d’achat des ménages continue à stagner, les revenus des ménages sont même en baisse sur l’année écoulée.

Pourquoi est-ce que les employeurs japonais n’augmentent par leurs salariés ?

En fait le marché de l’emploi est devenu dual. Avec d’un côté ce nouveau vivier de personnel bon marché et disponible qui permet aux employeurs de combler une partie de leurs besoins sans avoir à dépenser plus pour trouver la perle rare. Et de l’autre des emplois à vie assortis de conditions avantageuses qui rognent la productivité des entreprises japonaises et donc leur marge pour pouvoir les augmenter.

Cette composante fait partie du modèle japonais, mais aussi du problème. Le prix de ces emplois à vie, ce sont des salaires comprimés et des produits relativement chers, des dispositions néfastes pour le pouvoir d’achat des ménages.

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