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Des supercalculateurs pour prévoir la météo 3 mois à l'avance

Matteo Dell'Acqua, directeur adjoint des systèmes d'information à Météo-France posait à côté du supercalculateur acquis en 2014.

Matteo Dell'Acqua, directeur adjoint des systèmes d'information à Météo-France posait à côté du supercalculateur acquis en 2014. - ERIC CABANIS / AFP

Météo des neiges
Grâce aux gains de puissance successifs de ses supercalculateurs et à l'évolution des modèles, Météo-France peut émettre des prévisions fiables à 3 mois. Mais tout dépend de ce que l'on en attend. Explication.

Les prévisions à trois mois vraiment fiables sont désormais une réalité. Si les climatologues y croient, l'affirmation risque de laisser beaucoup d'incrédules. Mais il n'y a en fait là rien que de très logique. "La justesse des prévisions dépend directement et complètement de la puissance des ordinateurs", rappelle Guillaume Séchet, prévisionniste et présentateur météo à BFMTV. 

Depuis 1992, date de mise en œuvre du premier supercalculateur, la puissance de calcul mise à disposition des prévisionnistes de Météo-France a été multipliée par 500.000. Soit la capacité du supercalculateur Bullx mise en service au centre de Toulouse en 2014. Il peut réaliser un million de milliards d'opérations à la seconde.

Des modèles de plus en plus complets et complexes

Cette puissance de calcul, aussi débridée soit-elle, ne servirait à rien sans une évolution constante de modélisations toujours plus précises et complètes. Ainsi les nouveaux modèles intègrent-ils des observations sur les océans (températures jusqu'à 1.000 m sous la surface), l'atmosphère, les sols (températures), l'évolution des banquises.. La situation des océans en particulier joue un rôle essentiel dans la météo des régions tropicales, laquelle a par ricochet un impact sur les zones tempérées. 

Mais ces prévisions à trois mois, que Météo-France a commencé à mettre au point dès 1999, ont aussi leurs limites. Elles sont meilleures pour les températures, et moins bonnes pour les précipitations - notamment les précipitations estivales, qui se traduisent généralement par des orages ponctuels. Les prévisions saisonnières comme celle établie pour cet été qui s'annonce "chaud et sec", n'expriment que des tendances, incapables de prévoir à une date et pour une localisation précise le temps à venir.

Une course contre la montre

Mais, paradoxalement, explique Guillaume Séchet, "il est parfois plus difficile de prévoir le temps à très court terme, quand celui-ci est instable, qu'à trois ou quatre jours". C'est l'une des raisons qui conduisent à renforcer l'incrédibilité du public qui ne comprend pas que "ces prévisions journalières et saisonnières ne sont pas de même nature".

L'autre difficulté à prendre en compte est une équation temporelle. Plus le nombre de facteurs pris en compte est important, plus précise sera la prévision. Mais attention, prévient le spécialiste, "c'est un exercice de course contre la montre" avec cette limite intrinsèque que "si on met plus de temps à prédire le temps que celui-ci en met à se réaliser, cela ne sert plus à rien".

David Namias