Législatives : cette circonscription que le Front national rêve de... perdre

Le Front national veut le maximum de députés au soir du 18 juin. Mais dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône, l'élection de Stéphane Ravier pourrait entraîner, par un improbable jeu de chaises musicales, l'entrée au Sénat d'un proche de Jean-Marie Le Pen en indélicatesse avec la direction du parti. 

Stéphane Ravier, sénateur-maire, tente dimanche d'accéder à l'Assemblée nationale.
Stéphane Ravier, sénateur-maire, tente dimanche d'accéder à l'Assemblée nationale. (LP/Yann Foreix)

    Plus que certaines défaites, il est des victoires dont on ne se console pas. Au Front national, la consécration de Stéphane Ravier dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pourrait être de celles-là. En cas d'élection, le sénateur pourrait être contraint de laisser son siège au palais du Luxembourg à un proche de… Jean-Marie Le Pen. Une perspective qui fait grincer dans l'entourage de Marine Le Pen.

    Fort de son score sans précédent à la présidentielle, le Front national compte transformer l'essai aux législatives en envoyant une trentaine de députés au Palais Bourbon. Le parti à la flamme rêve de rééditer la performance de 1986, en retrouvant les rênes d'un groupe parlementaire dans l'hémicycle. Parmi les 572 candidats en lice, une quarantaine sont en situation favorable dont le sénateur des Bouches-du-Rhône, Stéphane Ravier.

    Billard à trois bandes

    Deuxième de liste lors des sénatoriales de 2014 dans les Bouches-du-Rhône, c'est la FN Valérie Laupies qui devait mécaniquement prendre sa suite au Sénat en cas d'élection à l'Assemblée. C'était sans compter la propre candidature de cette directrice d'école dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône où elle a toutes les chances de l'emporter. En résulterait un coup de théâtre dont le FN a le secret. En cas d'élection à l'Assemblée de Stéphane Ravier et de Valérie Laupies, ce sera au troisième de liste, Jacques Clostermann, de siéger au Sénat jusqu'en 2020. Une perspective qui n'enthousiasme pas particulièrement l'intéressé : «Déjà que ca me désole de voir Stéphane Ravier au Sénat, le voir passer à l'Assemblée ne va pas me consoler.»

    Figure de l'aile droite du parti, cet ancien pilote de chasse et fidèle de Jean-Marie Le Pen n'est pas franchement la tasse de thé de la direction du parti frontiste. La réciproque est vraie : « Marine Le Pen déstabilise les électeurs quand elle dit soudain que l'Islam est compatible avec la République, quand elle ne sait plus s'il faut sortir de l'Euro ou y rester. Tout ca témoigne d'un amateurisme total.»

    Outre des différends idéologiques, l'inimitié entre cet ancien secrétaire national du Rassemblement bleu Marine et le bureau politique du FN s'est quelque peu creusée ces dernières semaines. En raison notamment de son choix de se présenter en dissidence contre Jean-Lin Lacapelle, membre de la garde rapprochée de Marine Le Pen parachuté dans la 12e des Bouches-du-Rhône. Soutenu par Civitas, le Parti de la France de Carl Lang, Jacques Clostermann a également reçu le soutien des «comités Jeanne» de Jean-Marie Le Pen. Le «menhir» est d'ailleurs venu personnellement l'encourager à Marignane ce mercredi. «Le vieux est beaucoup plus solide que la fille. Lui il est réglo», assure Clostermann.