Cette scène surréaliste s'est déroulée au tribunal de Nanterre, mercredi 31 mai. Lors d'une audience pour des faits de violences conjugales, un magistrat du tribunal correctionnel a franchi la limite de l'acceptable en plongeant pieds joints dans les affres du sexisme.

Hocine, un homme de ménage de 48 ans comparaissait pour "menace de mort réitérée par conjoint". Ce dernier avait en effet, à maintes reprises, menacé sa femme. Celle-ci avait d'ailleurs enregistré les propos abjects qu'il lui proférait. Hocine n'a pas cherché à nier les accusations (et au vu des enregistrements, il n'avait sans doute pas vraiment le choix). Durant l'audience, le prévenu a précisé que son épouse et lui faisaient chambre à part, une information que le juge n'a pas manqué de relever...

Selon le magistrat, la plaignante a failli à son devoir conjugal, à ses obligations maritales. Cette remarque sexiste ne relève pas du lapsus, ni de la langue qui fourche : "Il a insisté ! Par trois fois, il est revenu sur le devoir conjugal en expliquant même qu’il avait été juge aux affaires familiales et qu’il savait de quoi il parle ! Mais enfin, le devoir conjugal, ça n’existe pas. On n’est plus dans les années 1960 !", s'est révoltée Me Migueline Rosset, avocate de la partie civile, dans le journal Le Parisien.

Propos sexistes : que risque le juge ?

Après l'audience, Me Migueline Rosset n'a pas voulu en rester là : l'avocate a écrit un courrier à l'attention du président du tribunal de la grande instance de Nanterre, Jacques Boulard, pour lui relater les faits. La réaction du président ne s'est pas fait attendre, dès jeudi le juge mis en cause a été convoqué. Jacques Boulard fera savoir si des mesures à son encontre seront prises dans les jours prochains.

Le magistrat du tribunal correctionnel de Nanterre, qui préside actuellement les comparutions immédiates tous les mercredis, risque de perdre sa fonction.