L'affiche du 28e Festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo

L'affiche du 28e Festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo

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Le système démocratique est moribond, épuisé, incapable de satisfaire les individus qui vivent en son sein et qui ont perdu jusqu'au goût de vivre en communauté. Il est menacé par la montée des extrêmes" et les "irritations réciproques. C'est en partant de cette idée que le festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo se penche jusqu'à lundi sur la démocratie en crise à l'occasion de sa 28e édition.

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En préface de l'événement, soixante auteurs signent un manifeste, "Nous sommes plus grands que nous", pariant sur l'idée que la littérature peut sauver le monde. Publié dans l'hebdomadaire Le Un, cet appel souligne un enjeu commun à la littérature et à la démocratie: l'être humain. Pour un cas comme pour l'autre, il s'agit, à leurs yeux, de reconnaître les "radicales singularités de chacun" non pour célébrer l'individualisme, mais pour entrecroiser les destinées particulières jusqu'à en dégager une commune: celle de l'humanité. Les signataires dépeignent la littérature comme une bouée de sauvetage de la démocratie.

"Une communauté d'êtres humains"

Mais qu'est-ce que cet "'être-ensemble" célébré par ce manifeste signé par une pléiade d'auteurs, dont un prix Nobel de littéraire (Le Clézio) et plusieurs prix Goncourt (Erik Orsenna, Laurent Gaudé, Tahar Ben Jelloun, Yann Queffélec, Jean Rouaud, Atik Rahimi, Paule Constant, Patrick Chamoiseau.. .) ? "En s'ouvrant aux cultures voisines, les individus ne se contenteraient plus d'être les uns à côté des autres mais les uns avec les autres pour former une "communauté des êtres humains"", expliquent les romanciers. Le manifeste reprend en fait les mots d'Edouard Glissant qui insistait sur la nécessaire mise en valeur d'un fragment de l'être humain qu'il appelait la part poétique, la part de noblesse, la part de grandeur et qui serait la base même du "sentiment démocratique". "Celle qui ne se réduit pas à produire et consommer", précise Michel Le Bris, le directeur du festival Étonnants Voyageurs.

Ce manifeste fait écho à un autre publié il y a tout juste dix ans: "Pour une littérature-monde en français". A l'époque, les auteurs réclamaient le dépassement du pacte rouillé qui liait la langue française à la nation France et exigeaient une littérature transnationale. Il s'agissait d'éradiquer le concept de francophonie, vieux résidu de colonialisme. Aujourd'hui, le manifeste n'est rien de moins qu'un appel à combattre, pour remporter "la bataille de la culture" et défaire "les monstres qui menacent".

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