
Dans un entretien publié lundi 3 mars dans le Washington Post, le président afghan, Hamid Karzaï, accuse les Etats-Unis d'avoir mené leur guerre au détriment des intérêts afghans.
« Les Afghans meurent dans un conflit qui n'est pas le leur », déclare le chef de l'Etat afghan, qui quittera ses fonctions dans quelques mois, après une élection présidentielle à laquelle il ne peut participer et dont le premier tour est prévu le 5 avril. « Il y avait un terrain d'entente entre nous au départ. Nous voulions [un Afghanistan] libéré du terrorisme et de l'extrémisme, en sécurité et stable. Mais aujourd'hui [...] l'objectif le plus important n'a pas été rempli : assurer la sécurité des Afghans », dit Hamid Karzaï, coutumier des déclarations peu amènes envers son principal soutien financier et militaire.
L'intervention américaine en Afghanistan a commencé au début d'octobre 2001, dans la foulée des attentats du 11-Septembre, quand les Etats-Unis ont pris la tête d'une coalition militaire internationale qui a renversé le régime des talibans, en place depuis 1996. Mais, plus de douze ans plus tard et malgré les moyens militaires considérables déployés dans le pays, les talibans continuent de mener une violente insurrection qui menace les fragiles institutions afghanes.
« Pourquoi les Américains sont-ils ici ? demande M. Karzaï. Le président américain [Barack Obama] explique qu'ils sont là pour combattre le terrorisme et l'extrémisme et pour préserver les intérêts américains. [Mais] les sanctuaires [talibans] ont été négligés [...] alors que des villages étaient attaqués », reprend le président afghan, accusant les Américains de vouloir continuer à mener des opérations dans les zones civiles pour mener une traque d'Al-Qaïda qui n'aurait plus de raison d'être.
« Pour moi, Al-Qaïda [en Afghanistan] relève davantage du mythe que de la réalité », dit Hamid Karzaï, indiquant que la nébuleuse extrémiste ne disposerait que de « 35 à 40, 45 » hommes dans le pays. Le président afghan conclut en adressant sa « reconnaissance au peuple américain. Mais vous pouvez faire part de ma colère, de ma grande colère, au gouvernement américain ».
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