Des élèves allemands affrontent la police pour sauver leur camarade afghan
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Une manifestation violemment réprimée a éclaté, mercredi 31 mai, à la sortie d’une école professionnelle de Nuremberg : la police a tenté d’emmener un élève, demandeur d’asile, en vue d’une expulsion vers Kaboul, mais ses camarades ont tout fait pour empêcher les forces de l’ordre d’agir.
Le jeune homme, âgé de 20 ans, suivait une formation de charpentier. Dès l’arrivée de la police, une vingtaine de ses camarades a tenté de bloquer l’accès à la voiture dans laquelle il était prévu de transporter le jeune demandeur d’asile. Des dizaines d’autres les ont alors rejoints et le rassemblement s’est transformé en une manifestation contre l’expulsion de leur camarade. Près de 300 personnes étaient présentes, après que des riverains ont rejoint les rangs de la contestation.
Mais deux heures après le début de la contestation, la situation a dégénéré. Venues en renfort, des forces de police ont tenté de disperser les manifestants en utilisant du gaz poivré, des matraques et des chiens. Lorsque les voitures de police sont parties, plus de cent manifestants les ont suivies sur la route nationale.
La manifestation se poursuit dans le centre-ville
Le départ des policiers en compagnie du demandeur d’asile n’a pas pour autant calmé la contestation. Le mouvement s’est par la suite dirigé vers le centre-ville de Nuremberg, où quelques incidents ont eu lieu. Selon la police, trois agents ont été blessés. Les forces de l’ordre n’ont pas confirmé le nombre de manifestants blessés. Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue.
Arrêté dans la matinée, le jeune afghan a pour sa part été relâché après quelques heures de détention. L’attentat à la bombe qui a eu lieu à Kaboul le matin même, et qui a fait plus de 90 morts, ayant touché le quartier des ambassades, tous les vols à destination de l’Afghanistan avaient été annulés.
Le jour d’un attentat d’ampleur à Kaboul…
Dans un communiqué officiel, le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a en effet expliqué que l’ambassade allemande, très endommagée par l’explosion, "joue un rôle logistique important dans l’accueil des personnes expulsées". La procédure de reconduite aux frontières n’est donc pas annulée mais seulement reportée à une date ultérieure. Berlin considère l’Afghanistan comme un "pays sûr" ce qui justifie de pouvoir y expulser les demandeurs d’asile. Une position fortement critiquée par les associations humanitaires ainsi que par l’opposition de gauche allemande, étant donnée la situation sécuritaire de l’Afghanistan.
Depuis décembre 2016, l’Allemagne a procédé à 106 expulsions de demandeurs d’asile vers l’Afghanistan. Seul un Afghan sur deux reçoit actuellement un droit de séjour en Allemagne.