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Royaume-Uni

Attentat de Londres: le Guardian critique vivement le discours de Theresa May

Dans un éditorial publié dimanche soir, moins de 24 heures après l'attentat perpétré au coeur de Londres et qui a fait au moins sept morts, le quotidien britannique s'en prend à la nouvelle politique voulue par Theresa May pour lutter contre le terrorisme.

Dimanche, au lendemain de l'attaque sanglante perpétrée en plein coeur de Londres, Theresa May n'a pas mâché ses mots. Dans un discours ferme prononcé à la mi-journée devant le 10 Downing Street, à l'issue d'une réunion consacrée à la sécurité, la Première ministre s'est est pris à l'"extrémisme islamiste" et son "idéologie malfaisante", qui est selon elle une "perversion de l'islam".

"Si les attaques récentes ne sont pas liées par des réseaux, elles le sont par une idéologie qui prêche la haine et le communautarisme. Cette idéologie est une perversion de l'islam", a notamment déclaré Theresa May, considérant que la lutte devait non seulement s'organiser dans les opérations anti-terroristes, mais aussi sur Internet. 

"Cela devrait tous nous inquiéter"

Pour le quotidien britannique de référence The Guardian, la Première ministre fait une erreur en choisissant de combattre une idéologie plutôt que le terrorisme en lui-même. Dans un éditorial publié dimanche soir, le journal s'oppose vivement aux idées de Theresa May, en estimant que cette stratégie risque de pénaliser des individus pour leurs croyances, et qu'elle promeut une certaine forme de "crime de la pensée". Pour le Guardian, adopter cette posture reviendrait pour la Grande-Bretagne à perdre sa lutte contre le terrorisme. 

"La conclusion du discours de Theresa May est qu'une personne non-violente, nourrissant des pensées anti-britanniques et extrémistes, pourrait être blacklistée, voire criminalisée. (...) Cela devrait tous nous inquiéter", écrit ainsi le quotidien.

Amalgames et exclusion

Par ailleurs, le journal estime qu'une telle stratégie de rejet risque, à terme, de se retourner contre le pays. "Affronter la menace terroriste signifie que le gouvernement est obligé d'exploiter chaque option pour la prévenir. Les politiques de Theresa May excluent la coopération avec les quelques individus qui pourraient être les mieux placés pour décourager le terrorisme: ceux qui partagent les mêmes croyances extrêmes, mais sont non-violents et opposés aux méthodes violentes. Les plans de Theresa May criminalisent les yeux et les oreilles dont vous avez besoin pour repérer la terreur", détaille le Guardian.

Le quotidien lui reproche également ses amalgames. "Avant même que l'identité des trois assaillants ne soit connue, la Première ministre a lié le massacre du London Bridge, l'attentat kamikaze de Manchester et l'attaque terroriste de Westminster, avec une 'idéologie malfaisante de l'extrémisme islamiste'. Les politiques devraient faire attention au langage qu'ils utilisent. (....) Theresa May ne devrait pas faire d'amalgame entre les meurtriers et les musulmans pacifiques. (...) De tels mots risquent de monter les individus les uns contre les autres à l'heure où ils ont besoin d'être unis", écrit encore le quotidien.

Samedi soir, en plein centre de la capitale britannique, plusieurs assaillants à bord d'une camionnette ont fauché des passants sur le London Bridge, avant d'attaquer des passants au couteau dans le quartier de Borough Market, faisant au moins sept morts et une cinquantaine de blessés, dont 21 se trouvent dans un état critique. Les trois assaillants ont été abattus par la police. L'attaque a été revendiquée dimanche soir par Daesh.

Adrienne Sigel