INTERNATIONAL - "Je me lève ici pour honorer la langue mohawk et saluer son peuple." Le député canadien Marc Miller a fait sensation jeudi 1er juin à l'Assemblée canadienne. Il s'est exprimé dans la langue du peuple mohawk, ces Indigènes canadiens présents avant les colonisations française et anglaise du 17e siècle.
"Pour marquer le début du mois national de l'histoire autochtone, je me suis adressé à la Chambre en Kanien'kéha, la langue du peuple mohawk, dont les terres ancestrales sont dans ma circonscription", écrit le député progressiste, membre du parti centriste libéral et proche du premier ministre Justin Trudeau. "J'espère que cela permettra de mieux nous entendre", a-t-il ajouté.
Il s'agirait de la première fois qu'une intervention d'un député est prononcée dans cette langue dans le cadre de l'Assemblée parlementaire, depuis sa première législature en 1867.
Le chevalier blanc des dialectes
"J'espère aussi pouvoir entendre cette langue un peu plus souvent et que les Canadiens seront plus fiers de l'utiliser entre eux". Le député qui parle très bien français a commencé à apprendre le Kanien'kéha au début de l'année 2017 dans un programme lancé par la plus grande réserve indigène, près de Toronto.
Marc Miller s'est déclaré intéressé par le sort des 60 langues indigènes parlées dans son pays, et leur précarité. "Les plus âgés vous disent que si nous ne faisons rien, d'ici une génération, il n'y aura plus que 4 à 5 langues qui survivront, raconte le député. Cela m'a choqué et j'ai décidé d'apprendre quelques mots et voir où cela me mènerait".
"Le symbole est la clé, a-t-il déclaré, mais nous devons faire plus. Il est important que nous respections et apprenions ces langues". Selon lui, l'enseignement de ces dialectes est très demandé, mais ne bénéficie que de peu d'aides gouvernementales.
Absence de traducteurs officiels
Sur les 35 millions de Canadiens, seuls 213.000 (14,6% des autochtones) déclarent avoir l'un de ces idiomes pour langue maternelle, d'après un recensement de 2011.
Sur la vidéo, on peut voir, en bas à droite à de Marc Miller, un autre député hocher la tête pour approuver ce geste. Il s'agit de Robert-Falcon Ouellette, qui quelques semaines plus tôt avait poussé un cri dans le Parlement pour dénoncer les récentes attaques dont les femmes autochtones de Manitoba avaient été victimes. Il avait également dénoncé l'absence de traducteurs pour ces dialectes et leur inexistence parmi les langues officielles.
Robert-Falcon Ouellette l'a écouté, souriant, et s'est levé le premier pour le féliciter, à l'instar des députés entourant Marc Miller.
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