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Violences conjugales : le sexisme existe aussi chez les juges

Violences conjugales : le sexisme existe aussi chez les juges

"Devoir conjugal"

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"Le Parisien" nous révèle ce 2 juin qu'un magistrat du tribunal de Nanterre est convoqué par sa hiérarchie après avoir reproché à une victime de violence conjugale de s'être soustraite... à son devoir conjugal !

Il a beau porter la robe, ce magistrat a clairement dérapé. Mercredi 31 mai, lors d'une audience en comparution immédiate à Nanterre pour une affaire de menace de mort dans un couple, le juge s'est illustré par ses interventions... particulièrement déplacées. Un certain Hocine comparaissait pour avoir proféré des menaces contre sa concubine, lui faisant vivre un enfer et lui promettant de repartir "en Tunisie entre quatre planches". Des propos que l'auteur n'a d'ailleurs pas niés. Face aux menaces et assauts de son époux, sa compagne avait décidé de se protéger en faisant chambre à part. Une décision que le magistrat a semblé lui reprocher lors de l'audience.

Comme le raconteLe Parisien, le magistrat lui a en effet affirmé qu'en agissant ainsi, elle se soustrayait à son devoir conjugal. Rien de moins. "Par trois fois, il est revenu sur le devoir conjugal en expliquant même qu’il avait été juge aux affaires familiales et qu’il savait de quoi il parle !" explique l'avocate de la plaignante, Migueline Rosset. Le "devoir conjugal" concernant la sexualité des époux, concept juridique archaïque et sexiste tombé en désuétude - toutefois toujours utilisé dans les tribunaux dans certains cas de divorce pour manifester de la perte d'intimité dans la vie commune - est surtout loin d'être un argument pouvant relativiser des menaces de mort entre époux !

Maître Migueline Rosset a adressé une lettre au tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, dénonçant cette tentative de culpabilisation de la victime. Elle y affirme : "Monsieur [nom caché] a alors pris la parole pour dire qu'on pouvait comprendre que le fait pour ma cliente de se refuser à son devoir conjugal pouvait expliquer les actes."

Jacques Boulard, président du TGI, a convoqué le juge dès le lendemain et a recoupé les récits de toutes les parties, en vue d'éventuelles "mesures conservatoires" : le magistrat pourrait perdre la présidence des comparutions immédiates du mercredi.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne