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Grands mammifères

Les macaques de Bali maîtres chanteurs : ils rackettent les touristes

Depuis une trentaine d'années, les macaques crabiers de Bali volent les touristes et ne rendent leurs possessions qu'en échange de fruits et autres friandises. Une équipe de chercheurs a cherché à comprendre ce comportement inhabituel. 

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Macaque à Bali, près du temple Uluwatu, essaye de voler une gopro

Quand un macaque essaye de voler une GoPro... Il prend un selfie !

CATERS NEWS AGENCY/SIPA

"Pour ne pas tenter les pickpockets, fermez bien votre sac et surveillez vos objets personnels"... A Bali, les pickpockets sont d’une espèce particulièrement furtive : ils volent vos lunettes de soleil sur vos têtes et font même les poches, ce sont les macaques crabiers, spécialistes du racket de touristes. Après avoir subtilisé les objets qui trainent, ils ne les rendent qu’en échange de nourriture. A Bali, dans les alentours du temple Uluwatu et de la Sangeh Monkey Forest, ce sont les singes qui font la loi. Ce comportement est bien connu des touristes : à l'entrée du temple, une pancarte prévient. Les employés connaissent bien les stratagèmes utilisés par les macaques, et sont là pour payer la rançon d'un fruit ou deux. 

Un macaque vole les lunettes d'une femme, et les rend quand un employé lui donne un fruit. Vidéo réalisée par Jean-Baptiste Leca, membre de l'équipe ayant réalisée l'étude. 

Une équipe dirigée par Fany Brotcorne, doctorante à l'Université de Liège, a étudié pendant 4 mois les comportements de ces animaux dans leur habitat naturel. S'étonnant de ce que ces comportements "soient spécifiques à seulement certaines populations de macaques crabiers de Bali" et chez quelques rares autres espèces, l'équipe a cherché à comprendre le phénomène.

L'étude, publiée le 17 mai 2017 dans Primates, s'est focalisée sur 4 groupes (le macaque crabier vit en groupes de 5 à 60 individus) qui habitaient autour du temple Uluwatu. Le rôle de l’environnement est important, conclue-t-elle : plus les macaques passaient du temps dans des zones touristiques, et donc au contact de l’humain, plus les vols augmentaient. Un résultat logique, car ces zones touristiques permettent plus d'opportunité. C'est dans les groupes qui dénombrent le plus de males jeunes qu'on trouve le plus de vols. Un stratagème qui fonctionne très bien, puisque les singes réussissent à obtenir leur rançon dans 95% des cas. 

Certains font même la fine bouche. Vidéo Jean-Baptiste Leca.

Selon les chercheurs, c'est la "flexibilité comportementale, l'adaptation et l'apprentissage par une longue coexistence avec les humains qui a facilité l'émergence, le développement des comportements voleurs à Uluwatu." Le comportement se transmet socialement parmi les membres du groupe, et se transmet à la descendance. Il pourrait s'agir d'une "nouvelle tradition comportementale définie comme une pratique spécifique à la population, transmise socialement au moins parmi certains membres du groupe, persistants sur plusieurs générations". La recherche, basée sur une base de données relativement petite, était préliminaire. L'équipe souhaite ensuite analyser les mécanismes d'apprentissage culturels et sociaux qui sous-tendent l'acquisition, la diffusion et la maintenance de la pratique.

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