NOTRE-DAME DE PARIS - L'identité retrouvée sur le jihadiste qui a attaqué au marteau un policier devant la cathédrale Notre-Dame de Paris correspond à celle d'un Algérien de 40 ans, doctorant en sciences de l'information de l'université de Lorraine, a-t-on appris ce mardi 6 juin dans la nuit de source proche de l'enquête.
L'assaillant, qui a été blessé par des tirs de riposte et a "revendiqué être un soldat" de Daech, portait des papiers au nom de Farid I., né en Algérie en janvier 1977 et inscrit comme doctorant à Metz, a indiqué cette source, confirmant une information de France Bleu. Selon le président de l'université de Lorraine, Pierre Mutzenhardt, interrogé par France Bleu Lorraine nord, l'étudiant, "en thèse depuis 2014" ne "montrait rien de suspect".
Ses travaux portaient, selon la radio, sur le journalisme et les élections en Afrique du Nord, au sein du Centre de recherche sur les médiations (Crem). Titulaire d'une licence de journalisme obtenue à Stockholm en 2008, Farid I. avait été journaliste à la radio suédoise et "vivait parfois de traductions du suédois à l'arabe".
Le jihadiste avait par ailleurs fait des piges à deux reprises pour Rue89 en 2013 puis 2014. "Je serai heureux de couvrir pour vous en Algérie des sujets qui intéressent vos lecteurs dans le cas ou vous serez intéressé", avait-il notamment écrit dans un mail de prise de contact avec le média.
Une perquisition a eu lieu mardi soir dans une résidence étudiante de Cergy (Val-d'Oise) dans laquelle l'assaillant louait un studio, a constaté une journaliste de l'AFP. Une vidéo de l'assaillant prêtant allégeance au groupe terroriste a été retrouvée sur place, a indiqué une source proche de l'enquête, confirmant une information de LCI.
L'assaillant a été placé en garde à vue à l'hôpital ce mercredi 7 juin et les enquêteurs ont commencé à l'interroger dans la soirée.
Un homme "aux antipodes de tout ce qu'on a décrit"
Son directeur de thèse, Arnaud Mercier, ayant obtenu une mutation, l'étudiant "est resté inscrit à l'université mais il l'a suivi à Paris" depuis "un an ou un an et demi", selon Pierre Mutzenhardt.
"Quand je l'ai connu, c'est quelqu'un qui était pro-occidental et pro-valeurs démocratiques, qui croyait beaucoup à la mission des médias", a témoigné Arnaud Mercier, qui évoque un homme "aux antipodes de tout ce qu'on a décrit". Il n'y avait chez lui "aucun signe extérieur d'une adhésion excessive à l'islam", a estimé le professeur, toutefois intrigué par son silence depuis le mois de novembre. "Mon dernier contact a eu lieu en juin 2016. Je lui avais renvoyé un mail en novembre pour le relancer, il n'a pas répondu, ce qui n'était pas dans ses habitudes", précise le professeur. "Ça veut dire que sans doute il y a eu un mouvement de rupture cet automne", a-t-il expliqué.
Arnaud Mercier décrit par ailleurs un homme "chétif, calme, affable", "doux comme un agneau" et "assidu au travail". Selon lui, Farid I. avait une licence de journalisme obtenue en Suède et avait été journaliste à la radio suédoise. D'après Le Point, il était "un militant plutôt laïque" et a été "journaliste et dirigeant d'un site d'information locale sur la région de Béjaïa", en Kabylie.
Invité de RTL ce mercredi 7 juin, le porte parole du gouvernement Christophe Castaner a indiqué que l'homme "n'avait, à aucun moment, donné de signes de sa radicalisation", et que tout confirmait "un acte isolé, donc difficile à anticiper". Interrogé sur l'hypothèse d'une radicalisation cachée, le porte-parole a affirmé que "dès les premiers instants de son attaque, les mots qu'il a prononcés ont permis de classer cet attentat parmi les attentats terroristes".
Un compte Twitter au nom de Farid I. illustré par une photo du Printemps berbère de 1980, le présente comme "doctorant en sciences de l'information et de la communication, journaliste freelance".
"Il se présentait comme étudiant algérien, muni d'une carte dont nous devons vérifier l'authenticité", a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui s'est rendu sur les lieux de l'attaque en fin d'après-midi.
L'agresseur, qui avait également deux couteaux de cuisine, a revendiqué être "un soldat du califat", un terme utilisé pour désigner le califat autoproclamé en juin 2014 de l'organisation jihadiste État islamique, selon le ministre.
Blessé, l'homme a été évacué vers un hôpital, selon la préfecture de police. Le policier agressé a lui été légèrement blessé à la tête, selon une source policière.
A voir également sur Le HuffPost: