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La justice reconnaît que Robert Faurisson est un « faussaire »

Le négationniste a perdu son procès en diffamation contre la journaliste du « Monde » Ariane Chemin, qui avait écrit que M. Faurisson était « un menteur professionnel » et un « falsificateur ».

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Publié le 06 juin 2017 à 20h48, modifié le 07 juin 2017 à 09h41

Temps de Lecture 2 min.

Dans la litanie des procès impliquant le négationniste Robert Faurisson depuis près de quarante ans, c’est une première. Le tribunal de grande instance de Paris a dit, mardi 6 juin, qu’écrire que M. Faurisson est « un menteur professionnel », un « falsificateur » et « un faussaire de l’histoire » est conforme à la vérité. Il a en conséquence relaxé la journaliste du Monde Ariane Chemin qui était poursuivie pour diffamation. L’homme, aujourd’hui âgé de 88 ans, attaquait cette dernière, ainsi que l’éditeur Flammarion, pour la réédition, en septembre 2014, dans l’ouvrage commémorant les 70 ans du quotidien, d’un article publié le 21 août 2012.

Jusqu’ici, Robert Faurisson perdait ses procès en diffamation au bénéfice de la « bonne foi » de l’auteur des propos diffamatoires. Même Robert Badinter n’a été relaxé le 21 mai 2007 qu’au titre de cette condition prévue par loi de 1881 sur la presse. Il avait utilisé les termes de « faussaire de l’histoire » sur Arte, en 2006.

« Ce jour est à marquer d’une pierre blanche », affirme Catherine Cohen, l’avocate de Mme Chemin. La présidente de la 17e chambre correctionnelle de Paris, Fabienne Siredey-Garnier, signe un jugement extrêmement détaillé pour constater que « l’offre de preuve de la vérité des faits diffamatoires » apportée par la journaliste est « parfaite, complète et corrélative aux imputations dans toute leur portée ». Ce qui produit un « effet absolutoire », alors que les propos sont reconnus diffamatoires.

« Les révisionnismes ont encore de belles heures devant eux »

Invité par le parquet, lors de l’audience du 9 mai, à ne pas prononcer une énième relaxe au titre de la bonne foi, le tribunal s’est livré à un examen minutieux des nombreuses condamnations de M. Faurisson pour « contestation de crimes contre l’humanité », et des non moins nombreux jugements qui le déboutaient de ses actions en diffamation. « Toutes ces décisions n’ont de cesse que de stigmatiser, en des termes particulièrement clairs, les manquements et les abus caractérisant ses méthodes », peut-on lire dans le jugement. Et de rappeler « l’absence de caractère scientifique de ses travaux ».

D’ailleurs, au cours de l’audience du 9 mai, qui a duré plus de six heures, M. Faurisson est resté dans son registre, l’appliquant bien au-delà de l’existence des chambres à gaz. « Il falsifie tout, même la jurisprudence, et parvient à tourner en victoires les procès qu’il a perdus », relate Mme Cohen.

Ce premier jugement du tribunal, dont le plaignant peut faire appel, intervient sur un article au statut bien particulier. Dans son enquête d’août 2012, Ariane Chemin cherchait à comprendre pourquoi Le Monde avait décidé de publier, le 29 décembre 1978, une tribune de celui qui était alors maître de conférences à l’université Lyon-II, titrée « Le problème des chambres à gaz ou “la rumeur d’Auschwitz” ».

Lire l’article d’Ariane Chemin au cœur du procès : Le jour où "Le Monde" a publié la tribune de Faurisson

C’est de ce jour que la notoriété des thèses négationnistes a pris son essor. L’article de 2012 qualifie ainsi de « bourde monumentale », la décision de 1978 par « un journal qui semble déplorer le surgissement médiatique d’un homme qu’il met lui-même, ce jour-là, sous les feux de la rampe ». Aujourd’hui, Ariane Chemin estime que la fin de son article de 2012 était « trop optimiste » en écrivant que les historiens avaient « réduit à néant les fantasmagories de Faurisson et de son fan-club antisémite ».

« A l’heure de la post-vérité et des réseaux sociaux, hélas, les révisionnismes ont encore de belles heures devant eux », s’inquiète-t-elle. Le tribunal a au moins clarifié les choses sur certains « faits alternatifs ».

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