Climat: Bruxelles compte sur la société civile américaine

Maroš Šefčovič [European Commission]

Juste avant sa visite en Chine du 5 au 9 juin, le vice-président de la Commission en charge de l’Union de l’énergie, Maroš Šefčovič, a exprimé la détermination de l’UE de travailler sur les objectifs de l’accord de Paris malgré le retrait des États-Unis.

Maroš Šefčovič est à Pékin jusqu’au 9 juin pour participer à la 2ème Mission Innovation et à la 8ème Clean Energy ministerial.

Selon lui, les deux événements sont fortement liés et organisés à un « moment très important ». C’est l’occasion pour la Commission, la Chine, le Canada et d’autres participants, de démontrer qu’ils veulent accélérer le rythme mondial de l’adoption des technologies pour une énergie propre.

Maroš Šefčovič a souligné qu’en plus du travail avec les gouvernements, les villes allaient devoir participer à un programme majeur et que la Convention mondiale des maires serait davantage promue.

Arnold Schwarzenegger donne du piment à une réunion européenne sur le climat

L’ancien gouverneur de la Californie Arnold Schwarzenegger est une star de cinéma, mais également un défenseur de l’environnement. Il a attiré toute l’attention lors d’une réunion de maires attachés aux objectifs en matière d’environnement et d’énergie, organisée au Parlement européen hier (24 Juin).

Des maires représentant des grandes économies des cinq continents se réuniront à Bruxelles avant la fin du mois, a déclaré le commissaire. Cela va créer une grande plateforme sur laquelle les villes, ainsi que les États américains, joueront un rôle très important pour s’assurer que le monde lutte contre le changement climatique.

« Nous voulons montrer que malgré l’annonce du président américain la semaine dernière, nous sommes déterminés à combattre le changement climatique, que nous allons travailler avec tous les pays qui veulent un changement, mais que nous travaillerons aussi à la création de plateformes pour les villes, les entreprises, les innovateurs, afin d’assurer le respect des accords de Paris », a insisté le commissaire.

Interrogé sur la manière dont la Convention des maires serait développée, Maroš Šefčovič a expliqué qu’il travaillait déjà avec l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, et avec Christiana Figueres, organisatrice de Mission 2020, pour créer une plateforme qui rassemblerait non seulement la Convention européenne des maires, mais aussi des villes représentées par d’autres organisations, comme le Pacte des maires (des villes majoritairement américaines) ainsi que des organisations similaires.

Pour Maroš Šefčovič, les organisations de maires ou les villes ont beaucoup plus de poids et de compétences que les gouvernements nationaux en termes de pollution de l’air ou de nouvelles règles environnementales par exemple. Par ailleurs, elles sont « véritablement désireuses de changer les choses sur le terrain ».

Les maires ressentant davantage la pression des citoyens, la plupart des participants de la Convention des maires ont développé une stratégie pour le développement durable qui va au-delà des objectifs de leur gouvernement national, a indiqué Maroš Šefčovič.

« Ils deviennent un moteur si important que nous voulons créer cette plateforme mondiale pour eux et pour leur donner une voix mondiale dans les discussions sur le changement climatique », a-t-il ajouté. À la suite de l’annonce de Donald Trump, les maires américains se d’ailleurs sont « très fortement mobilisés ».

Selon lui, la coopération se fait à trois niveaux : au niveau des États américains (il rencontrera le gouverneur de la Californie, Jerry Brown), des villes (toutes les villes importantes des États-Unis sont représentées dans la Convention des maires) et au niveau des grandes entreprises. Toutes les grandes sociétés américaines se sont en effet engagées dans l’accord de Paris, y compris le géant du pétrole ExxonMobil, a déclaré le commissaire.

« La Chine s’est pleinement engagée à doubler ses investissements dans la recherche et l’innovation en matière d’énergie propre », a-t-il déclaré, tout en ajoutant qu’il espérait aussi que la Chine nommerait un maire à la tête de la Convention mondiale des maires. Il a aussi affirmé que la coopération en matière d’échange de quotas d’émissions (ETS) était en cours, que l’UE partageait ses expériences positives et négatives et que la Chine était très intéressée. L’ambition de l’UE, selon Maroš Šefčovič, est de lier tous les systèmes ETS du monde.

Trio UE-Chine-Canada

Interrogé sur le nouveau leadership de la Chine et de l’UE sur le changement climatique, Maroš Šefčovič a répondu qu’il était désormais évident et qu’il se réjouissait « de voir nos amis les Canadiens nous rejoindre, car c’est un pays très important d’Amérique du Nord ».

Maroš Šefčovič se trouve à Pékin où il copréside plusieurs sessions avec le ministre chinois des Sciences et des Technologies, Wan Gang, aux côtés également du ministre suédois de l’Énergie, Ibrahim Baylan. Des événements similaires devraient être organisés l’année prochaine en Europe par les pays nordiques, et probablement par le Canada un an plus tard.

Le commissaire affirme que l’UE, la Chine et le Canada formeront un trio pour construire un très bon programme et des activités pratiques. « Mission Innovation » se concentrera sur la recherche et sur les nouvelles manières de produire de l’énergie propre, alors que la Clean Energy ministerial abordera la manière de mettre en place les technologies déjà disponibles.

Donald Trump a-t-il indirectement donné une nouvelle dynamique pour mieux travailler sur l’accord de Paris ? Pour le commissaire, c’est évident. L’UE regrette que le gouvernement fédéral ne soit pas en première ligne de ces initiatives, mais le commissaire rappelle aussi que les représentations américaines sont formées d’États, de gouverneurs, de maires, et d’entreprises progressistes, qui respecteront tous les engagements.

Le secrétaire d’État américain à l’Energie, Rick Perry devrait aussi participer aux réunions à Pékin. « Si cela est possible, nous le rencontrerons aussi, et nous verrons quel est son point de vue sur la situation », a déclaré le commissaire. Selon lui, durant leur première rencontre, Rick Perry s’est montré très intéressé par l’aspect novateur de ces partenariats.

Premiers échanges entre la Commission et l’administration Trump

Le vice-président de la Commission pour l’Union de l’énergie, Maroš Šefčovič, s’est rendu aux États-Unis début mars. Il s’agissait de l’une des premières rencontres de l’exécutif avec la nouvelle administration de Donald Trump.

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