Ils ne s'arrêtent jamais. Aux quatre coins des courts, ils s'activent pour récupérer les balles, apporter des serviettes aux joueurs ou déplier des parasols. Omniprésents mais discrets, ils sont 250 ramasseurs à oeuvrer pendant Roland-Garros. Âgés de 12 à 16 ans et licenciés auprès de la Fédération française de tennis, ils ont été retenus parmi les 4000 candidats convoqués au départ après une série d'épreuves techniques et physiques. Pour les heureux élus, côtoyer de près les plus grandes stars du circuit est à la fois une fierté et un rêve qui se réalise.

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"Nous avons conscience d'être des privilégiés et de faire des envieux. Tout le monde n'a pas la chance de pouvoir approcher Rafael Nadal ou Novak Djokovic. Quand les joueurs sont en face de moi et qu'ils me parlent ou me font un signe, je suis impressionné et ça me donne envie d'être encore plus parfait. La plupart sont très gentils et ont des petites attentions pour nous", assure Théo (*), 14 ans, inscrit dans un club près de Marseille. Parmi les ramasseurs, tous bénévoles, le nom du Français Gaël Monfils est le plus souvent cité lorsqu'il s'agit d'évoquer le joueur le plus sympathique du tournoi.

"Monfils est très respectueux"

"C'est le plus cool, de très loin. Il a un côté protecteur et il est adorable avec nous. Je sais que les joueurs peuvent prendre des avertissements s'ils sont incorrects avec les ramasseurs, ça ne risque pas d'arriver à Monfils. Il s'est même déjà arrêté après un point pour me demander si je n'étais pas trop fatigué", indique Mathias, 15 ans, qui profite de ses rares pauses entre les matchs pour réviser son brevet. "Monfils est très respectueux et ça se voit qu'il ne joue pas au gentil pour se donner une bonne image", renchérit Chloé, 16 ans, admirative du joueur français dont le parcours a été stoppé en huitième de finale par Stan Wawrinka.

Sacré sur la terre battue parisienne en 2015, le Suisse est lui aussi classé dans la catégorie des "gentils", au même titre que le Tchèque Tomas Berdych, pourtant réputé pour être l'un des joueurs les moins appréciés par ses pairs. Sondés par Le Parisien, les tennismen tricolores l'avaient même désigné en 2008 comme "le plus antipathique" du circuit. "Il n'a peut-être pas une bonne image, mais il a été irréprochable avec nous. Pendant l'un de ses matchs, je m'étais légèrement fait mal à un doigt en interceptant une balle. Il est venu vers moi et il m'a dit 'good luck' ("bonne chance"). C'est le genre de petite attention qui fait plaisir", relève Marion, 15 ans.

"Murray ne nous adresse pas la parole"

Étonnamment, Djokovic, lui, est très rarement nommé. Avant d'être sorti mercredi en quart de finale par le jeune prodige autrichien Dominic Thiem, le Serbe a pourtant fêté ses victoires lors des tours précédents en invitant des ramasseurs à le rejoindre au centre du court. "C'est dommage qu'il soit un peu moins cool pendant ses matchs. Quand il mène, ça va. Mais quand il est en difficulté, il a parfois des gestes d'humeur. Ce n'est pas celui que j'apprécie le plus. Moi, je suis devenue une fan de la Suissesse Timea Bacsinszky. C'est rare qu'elle ne nous remercie pas lorsqu'on lui apporte sa serviette", note Thomas, 15 ans.

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"On peut croire que ce n'est pas grand-chose, mais tout le monde ne le fait pas. Certains joueurs nous crient même dessus et nous traitent un peu comme des chiens", poursuit le jeune Parisien, qui ne gardera pas un bon souvenir du Britannique Andy Murray. "Il ne nous adresse jamais la parole, il ne nous regarde pas non plus et on a toujours l'impression de le déranger. Je comprends qu'il soit dans sa bulle, mais il pourrait faire un petit effort", souffle-t-il. "Murray n'est pas le pire. La Lettonne (Jelena Ostapenko) qui a battu Wozniacki en huitième est encore plus froide", nuance l'un de ses camarades.

Gasquet parmi les moins sympas

Chez les Français, Richard Gasquet ne jouit pas non plus d'une très belle cote de popularité. "Il a beaucoup de manies et si tu ne fais pas exactement ce qu'il veut, il te regarde de travers pendant tout le match. Il faut lui donner sa serviette en boule et toujours lui apporter la balle avec laquelle il vient de gagner un point. Mais même si tu fais ça bien, ne t'attend pas à ce qu'il te remercie. Nadal a aussi des tics, il lui faut deux serviettes par exemple, mais ça ne l'empêche pas d'être sympa", confie un autre ramasseur, qui a pu officier sur le Suzanne-Lenglen, l'un des courts les plus prestigieux. À chaque match, les ramasseurs, qui parcourent en moyenne 8km par jour, sont surveillés par des évaluateurs.

En cas de bonne note, ils peuvent accéder au Central. "C'est plus stressant parce qu'il y a plus de personnes qui nous regardent, mais on peut voir de grands joueurs", témoigne Solène, 13 ans, qui a été impressionnée par un joueur en particulier depuis le début du tournoi. Pas forcément celui auquel on peut s'attendre. "L'Italien Fabio Fognini m'a épatée lors de son troisième tour contre Wawrinka. Il a sorti des coups exceptionnels, j'en étais presque choquée. Mais ça ne lui a pas suffi pour se qualifier, poursuit la Nordiste, qui n'espère désormais qu'une seule chose. Je rêve de faire partie des ramasseurs sélectionnés pour la finale dames ou messieurs. Le top, ce serait d'assister au 10e sacre de Nadal ici."

(*) Les prénoms ont été modifiés.

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