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Agassi s'incline devant César, le petit prodige du tennis français

© Philippe Petit / Paris Match
Marie-France Chatrier

A 12 ans, César Bouchelaghem, le petit Savoyard est à la fois la tête, les jambes et déjà un crack sur les courts

La prochaine fois, ce sera lui. Assis dans les gradins, César Bouchelaghem, un petit blond au regard vif, regarde le roi du jour lever les bras au ciel et s’agenouiller, tel un vainqueur de Roland-Garros, sur le court de tennis installé sur l’esplanade de la Défense. Ce samedi 3 juin, le Polonais Martyn Pawelski, 12 ans, vient de remporter contre le Hongkongais Chak Lam Coleman Wong le tournoi Longines Future Tennis Aces 2017, un événement international né il y a huit ans. « Nous l’avons initié avec Andre Agassi, ambassadeur de la marque, et Steffi Graf, son épouse.

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Tous deux ont des associations pour soutenir l’enfance dans divers domaines, nous sommes devenus partenaires », explique Juan-Carlos Capelli, vice-président de Longines. Originaire d’Albertville, César fait partie des 20 parti­cipants sélectionnés dans le monde entier. Annoncé parmi les favoris au début du tournoi, il s’est fait battre en quart de finale. Pour connaître l’ivresse de la victoire, il lui aurait fallu un supplément de puissance… et de centimètres. Les deux finalistes dépassent d’une bonne tête son modeste 1,50 mètre.

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Sur la plateforme du court Philippe-Chatrier, il reçoit les égards des plus grands. Ici, avec Bernard Giudicelli, président de la fédération.
Sur la plateforme du court Philippe-Chatrier, il reçoit les égards des plus grands. Ici, avec Bernard Giudicelli, président de la fédération. © Philippe Petit / Paris Match

Mais pas de tristesse inutile. César est un pragmatique. « Apprendre à perdre, dit-il, fait partie du jeu. » Le Savoyard parle aussi vite qu’il renvoie la balle jaune. La passion du tennis lui est venue en regardant Amélie Mauresmo gagner à Wimbledon. C’était en 2006. Il avait 2 ans. « Ce n’est plus très précis dans ma mémoire, mais je crois avoir été conquis par l’ambiance du match. » Avec son phrasé et son vocabulaire d’adulte, César peut paraître décalé. Il l’est. A 12 ans, il est déjà en ­première S, avec quatre ans d’avance. Pas le temps d’aller à l’école : il suit ses cours à distance, pour se consacrer essentiellement à sa passion, le tennis.

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L’histoire pourrait s’arrêter là, elle serait déjà stupéfiante. Mais César est aussi l’aîné d’une fratrie hors du commun, qui semble avoir été bénie des dieux. Sa sœur Marie, 11 ans, son frère Pâris, 8 ans, et la petite dernière, Margot, 6 ans, ont eux aussi été détectés précoces. Tous affichent des performances hors norme, en classe comme dans les sports qu’ils pratiquent. Olivier, le père, architecte dans la sécurité des réseaux informatiques, et Valérie Bouchelaghem, la mère, heureux parents de ce clan aux QI stratosphériques, n’aiment guère qu’on s’attarde sur cette particularité. Pour eux, la réussite de leurs enfants tient plus au travail qu’ils fournissent, et à leur concentration, qu’à des dispositions extraordinaires. Tout de même, ils sont peu nombreux ceux qui réclament, comme César, une carte du ciel et un manuel d’astronomie à l’âge où, d’habitude, on joue encore aux cubes… Si leur aîné n’a commencé le tennis qu’à 6 ans, c’est que ses parents bataillaient pour le faire patienter. Il faut parfois savoir préserver les enfants d’eux-mêmes ! « Pendant des mois, je me suis entraîné en tapant sur le mur de notre maison, explique ce jeune prodige à la détermination en béton. Dès le premier cours, à ­l’Albertville Tennis Olympique [Toa], j’ai eu le bon geste. Après quelques rectifications techniques, j’ai pu franchir trois groupes d’un coup, puis j’ai réussi les sélections départementale et régionale. Pour ma première année de tennis, j’ai gagné le championnat de Savoie. »

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L’espoir français au tournoi Longines Future Tennis Aces, sur le parvis de la Défense. César Bouchelaghem, devant ses adversaires.
L’espoir français au tournoi Longines Future Tennis Aces, sur le parvis de la Défense. César Bouchelaghem, devant ses adversaires. © Philippe PETIT/PARIS MATCH

Travailleur, doué, César est en perpétuelle quête de savoir. « Quand, après l’école, je faisais mes devoirs, maman raconte que je voulais chaque fois apprendre la leçon suivante. » « Mais, ajoute-t-il avec humilité, si je suis un bon joueur de tennis, c’est que je me suis toujours beaucoup plus entraîné que les autres. » Sa soif d’activités le mène aussi vers une autre discipline, le judo. « C’est un sport de combat comme le tennis, mais avec une minute trente seulement pour gagner. Cela va très vite. Quand on perd un point sur un court, on a du temps pour se rattraper. » César compte 19 médailles d’or à son actif. Puissance de frappe avec le tennis, force et rapidité avec le judo… et souplesse avec la danse ! « Ma sœur pratiquait la danse moderne. Je me mettais derrière elle quand elle répétait ses chorégraphies. Ma mère m’a proposé un cours de découverte. J’ai tout de suite été mordu. Cela m’aide à coordonner mes mouvements. » Ajoutez à cela le wakeboard, l’escalade et le VTT, autant de disciplines dans lesquelles il excelle. Athlète en herbe et cerveau de surdoué, César a l’embarras du choix pour se construire un avenir. Mais il n’a qu’une seule ambition : devenir pro sur le circuit tennistique. Puis numéro un mondial.

Parmi cette pyramide de talents, une poignée, seulement, atteindra les sommets.
Parmi cette pyramide de talents, une poignée, seulement, atteindra les sommets. © Philippe Petit / Paris Match

Aux Longines Future Tennis Aces, le garçon savoure l’effervescence des grandes rencontres. « Sa précocité est un formidable gage de concentration et de maturité, loue l’un de ses entraîneurs, Xavier Stroppiana. Mais il faut encore qu’il apprenne à gérer son émotivité. » « Je gère », répond du tac au tac le futur champion. Il y a, explique-il, des mots-clés pour se calmer, mettre la victoire à distance et ne penser qu’à bien exécuter son geste. Petit par la taille mais grand par la force mentale, il a une intelligence du jeu qui l’aidera à pallier ses quelques centimètres en moins. Après la fin de la compétition, une nouvelle épreuve attend César : le bac français. Parmi les livres qu’il a dû étudier, il y a « Désert », de J. M. G. Le Clézio, ­l’histoire d’un clan de nomades. Nomade, c’est ainsi qu’est souvent qualifiée la vie des joueurs de tennis. La guerre des Gaules est-elle à son programme ? La conquête est un sujet qui le passionne. Surtout sur un court.

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