VIDEO. Yvelines : des archéologues découvrent la première gare de voyageurs de France

La doyenne des gares de voyageurs de l’Hexagone dormait depuis 170 ans à quelques mètres du pont du Pecq.

 Le Pecq. Une opération immobilière est prévue à l’emplacement de l’ancienne gare. Les fouilles, qui ont duré près de trois mois se sont révélées extrêmement fructueuses pour les experts du rail.
Le Pecq. Une opération immobilière est prévue à l’emplacement de l’ancienne gare. Les fouilles, qui ont duré près de trois mois se sont révélées extrêmement fructueuses pour les experts du rail. LP/Sébastien Birden

    C'est une découverte décisive dans l'histoire du chemin de fer. En fouillant le futur chantier d'un programme immobilier, les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) viennent de mettre au jour la toute première gare de voyageurs de France.

    Il s'agit en fait du terminus de la ligne Paris-Saint-Lazare - Saint-Germain, (Yvelines) inaugurée en 1837. Une véritable révolution en termes de transports ferroviaires. Pour la première fois, une ligne desservie par un train à vapeur était en effet uniquement conçue pour le transport des personnes. Et non plus seulement de la houille ou du charbon.

    Compte tenu du dénivelé entre le Pecq et Saint-Germain, il était alors impossible pour les locomotives de l'époque d'atteindre la cité royale. Les passagers descendaient donc au Pecq et traversaient la Seine avant d'utiliser un ascenseur.

    LP/S.B.

    «On se doutait que la gare se trouvait par là mais il n'existait pas de carte. Et dès qu'on a commencé à creuser, on a trouvé des pans entiers de murs», explique Ludovic Decock, le responsable du chantier de fouilles lancé il y a trois mois à la demande de la Direction régionales des affaires culturelles (Drac). Durant onze semaines, les archéologues de son équipe ont minutieusement passé au tamis les quelque 1 600 m2 de cette parcelle qui jouxte le pont Georges-Pompidou.

    Résultat : «Des découvertes exceptionnelles à tous les niveaux», selon le responsable. Comme les soubassements du bâtiment voyageurs, les murs du restaurant, les plaques de retournement des voies, et bon nombre d'objets comme les boutons du personnel de gare, ou des fragments de vaisselle. Mais aussi quelques énigmes que les experts du rail ont collégialement tenté de résoudre lors d'une visite du chantier début mai.

    LP/S.B.

    «Ce qu'on peut dire, c'est que cette gare, construite à l'initiative des frères Pereire et financée par la famille Rothschild, a été construite pour donner une leçon de faste, montrer l'étendue du savoir-faire français», explique Bertrand Triboulot, de la Drac.

    Une construction aussi luxueuse qu'éphémère. Dix ans tout juste après son inauguration, cette première gare de voyageurs de France était en effet abandonnée. Le prolongement de la ligne jusqu'au château de Saint-Germain, alors rendu possible par l'apparition du chemin de fer atmosphérique, avait imposé la création d'une autre gare, à seulement quelques centaines de mètre de là.

    Leurs études terminées, les archéologues laissent désormais la place au promoteur immobilier. Le chantier de cette opération destinée à créer 80 logements dont 40 % à caractère social doit débuter en ce début du mois de juin.

    Une ligne ancêtre du RER A