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Macron, un Président très secret

Le JDD a enquêté sur la façon dont Emmanuel Macron veut travailler avec les services secrets mais également comment il veut, au contraire de Hollande, organiser le silence dans son gouvernement et ses équipes.

Hervé Gattegno , Mis à jour le
Emmanuel Macron à l'Elysée.
Emmanuel Macron à l'Elysée. © Reuters

"Vous verrez que moi, je n’ai pas peur du secret." Il a glissé cela dans un sourire insondable, quelques mois avant son élection, comme je l’interrogeais sur l’étrangeté des confidences que François Hollande croyait habile de distiller en tous sens et qui, invariablement, se retournaient contre lui. Emmanuel Macron n’était encore que candidat mais, d’évidence, il s’imaginait en Président. Il suivait une stratégie de conquête élaborée au millimètre "et en même temps", pour parler comme lui, se projetait dans la fonction qu’il aurait à incarner autant qu’à exercer. Le décalage était troublant : lui que l’on décrivait à l’envi en créature de marketing, vorace de communication et d’éléments de langage, se préparait à économiser sa parole, à cohabiter avec le secret. Et d’avance, il en jubilait.

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De ce point de vue, le quinquennat d’Emmanuel Macron s’annonce comme l’antithèse des mandats de ses deux prédécesseurs. Si Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient un point commun, c’est la recherche éperdue d’une omniprésence par la parole – jusqu’aux écarts de langage pour le premier, à la banalisation pour le second. Sarkozy était le président de la télévision, Hollande celui du SMS ; Macron, lui, s’est promis de ne pas être un président WhatsApp.

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Avec son arrivée, l’Élysée est devenu un palais silencieux. Les conseillers "n’ont pas vocation à s’exprimer" (ainsi répondent-ils aux journalistes qui les sollicitent), le poste de porte-parole de la présidence, qui devait être créé, ne le sera pas, et le chef de l’État sera avare de ces "off" dont ses devanciers étaient coutumiers. Quant aux ministres, ils sont sous surveillance. Interdiction de laisser "fuiter" les délibérations internes au gouvernement, sous peine de sanction. Le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, a prévenu les intéressés. "Si je vous parle sans autorisation, je vais au piquet", m’a murmuré l’un d’eux, mi-confus, mi-goguenard. La ministre du Travail vient même de déposer plainte après que Libération a dévoilé des documents internes sur la future réforme du droit du travail. Emmanuel Macron promettait le renouvellement. Voilà qui, en effet, renouvelle les rapports entre le pouvoir et la presse. Mais d’une manière inquiétante.

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Lire aussi : Emmanuel Macron se nomme chef des services secrets
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