Les agressions entre détenus font chaque année l’objet d’une scrupuleuse recension. Tatillonne même. Idem pour les violences visant les surveillants. Rien en revanche sur les violences commises par les agents… sur les détenus. Un non-sujet.

C’est en tout cas ce que voudrait faire croire les autorités. Et ce que vient battre en brèche Laurence Delleur dans un documentaire glaçant. Violences gratuites, menaces perfides, humiliations injustifiées… certains surveillants s’éloignent gravement des règles censées régir la détention. En témoignent les récits, nombreux et détaillés, d’ex-détenus ayant fait le choix de s’exprimer face caméra.

Des témoignages corroborés par différents acteurs, et notamment ce surveillant expliquant comment, après avoir dénoncé les abus de deux collègues, c’est lui qui s’est trouvé acculé à la démission… pendant qu’on offrait une promotion à ses deux collègues après leur condamnation en justice.

Difficultés professionnelles et manque d’effectif

Interrogés, le contrôleur des prisons et la commission nationale de déontologie et de sécurité – qui enquête sur les manquements des surveillants – confirment cette sombre réalité. Et déplorent, entre les lignes, la mansuétude de la hiérarchie. Une indulgence qui s’explique du fait de la difficulté du métier de surveillant. Mais aussi du fait du manque d’effectifs (1 700 postes sont actuellement non pourvus faute de candidats). Pas facile, dans ce contexte, de se mettre le personnel à dos.

Reste une question clé : combien de surveillants font ainsi fi des règles de base du métier ? On l’ignore. Sollicitée pour ce documentaire, l’administration pénitentiaire aurait refusé de s’exprimer. Un sujet trop sensible, sans doute. Au risque, par ce silence, de jeter la suspicion sur toute une profession. Et de mettre en porte-à-faux tous les surveillants s’acquittant de leur mission de façon irréprochable.

Matons violents : la loi du silence, dimanche à 22 h 30 sur France 5