Il regarde avec douceur et attention ceux dont on détourne habituellement le regard. Le photographe italien Federico Borella, qui collabore notamment avec le quotidien transalpin La Repubblica, redonne dignité aux corps abîmés et aux visages meurtris en Occident comme en Orient. Aux États-Unis, il s’intéresse aux anciens combattants de la guerre d’Afghanistan qui ont perdu des membres au cours des combats. En Inde, il immortalise un café pas comme les autres : le Sheroes Hangout Cafe.

L’établissement est situé dans un des quartiers touristiques d’Agra, la ville qui sert d’écrin au célèbre Taj Mahal, ce mausolée de marbre blanc construit par l’empereur moghol musulman Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam. À l’intérieur, des employées en tee-shirt blanc et pantalon noir servent la clientèle qui les observe avec un brin de surprise : toutes ces femmes sont des victimes d’attaques à l’acide qui ont marqué leur visage à vie. Au Sheroes Hangout cafe, elles trouvent un travail et un foyer pour se reconstruire.

Trois cafés pour lutter contre les attaques à l’acide

L’Inde n’est pas épargnée par les attaques à l’acide visant des femmes, un phénomène plus souvent associé, en Asie du Sud, à des pays comme le Pakistan ou l’Afghanistan. Dans la plupart des cas, les assaillants sont des prétendants éconduits assouvissant leur désir de vengeance, des membres de la famille ou des voisins. De nombreuses agressions se déroulent dans le nord de l’Inde, et particulièrement dans l’Uttar Pradesh, où est situé le Taj Mahal.

Afin d’aider à surmonter cette épreuve, la Fondation Chhanv a ouvert trois cafés à Agra, Lucknow (État de l’Uttar Pradesh) et Udaipur (État du Rajasthan), entre 2014 et 2016. Cette organisation est née en septembre 2014, un an après le lancement de la campagne « Stop Acid Attacks », visant à dénoncer les attaques à l’acide dans le pays.