POLITIQUE - C'est peut-être un détail pour vous, mais pour Raquel Garrido ça veut dire beaucoup. L'oratrice de la France insoumise s'est émue sur Twitter de constater que le mot-clé le plus utilisé pour commenter le premier tour des élections législatives 2017, #legistatives2017, comportait une vilaine faute de frappe. "Tellement de mépris pour les legisLatives que même le hashtag est mal écrit! Marre de la monarchie présidentielle!", a-t-elle écrit sur le réseau social.
Effectivement, au moment où cet article a été écrit, c'est bien ce hashtag comportant cette coquille qui était en "top" des tendances Twitter.
Tout le monde (ou presque) s'est fait avoir. Parmi les utilisateurs de cette coquille, le préfet de l'Isère, la candidate LR Valérie Boyer ou encore le journaliste de France3 Francis Letellier (parmi de nombreux autres).
D'où vient la faute et qui en est à l'origine? Le premier tweet publié avec cette erreur est daté du 14 mai. Il s'agit d'un tweet rédigé en corse par Jean-Félix Acquaviva, candidat nationaliste dans la 2e circonscription de Haute-Corse.
Compte tenu du peu d'audience de ce message (aucun retweet sur un compte ne comptant que 200 abonnés), celui-ci n'est pas déterminant dans le succès de #legistatives2017. Pour comprendre comment le mot-clé a subitement progressé, il faut retrouver le premier tweet ayant offert à cette erreur une importante visibilité.
Ainsi (et n'en déplaise à Raquel Garrido), on tombe sur un message publié sur le compte d'un candidat de la France insoumise. Le 1er juin, Didier Canu (qui se présente dans la 3e circonscription Lisieux-Falaise) a publié un tweet avec ce hashtag, lequel a été retweeté plus de 100 fois.
Dans le graphique qui suit, cette date correspond bien avec la première occurrence significative (données fournies par Visibrain, plateforme de veille médiatique).
Entre le 7 et le 8 juin, l'audience de ce hashtag augmente significativement, jusqu'à atteindre des sommets entre le 8 et le 9 juin. Cela correspond au moment où des appareils militants, des candidats et des médias ont contribué à faire progresser la visibilité du mot-clé.
Citons par exemple le compte des Jeunes Républicains de la 4e circonscription de Paris, celui de Michel Bernos, candidat LREM dans la 3e circonscription Pyrénées-Atlantiques ou encore celui de l'émission politique "C dans l'air".
Quelques heures plus tard, des médias de premier plan tweetaient sur ce hashtag, dont le compte Twitter de la très sérieuse Agence France Presse.
Des personnalités politiques majeures l'ont également utilisé, à l'image de Jean-Luc Mélenchon.
À la décharge de ceux qui ont utilisé #legistatives2017, il n'y a pas que la négligence qui est responsable de sa diffusion. L'audience croissante (et éclair) dont a bénéficié le mot-clé a conduit l'algorithme du réseau social à suggérer son utilisation aux autres internautes. Et selon une équation simple: plus un hashtag est utilisé, plus Twitter invite ses utilisateurs à en faire de même.
Voici ce qu'il se passe actuellement quand on veut écrire #Législatives (image ci-dessous).
Ce n'est donc pas le "mépris des élections législatives" qui est à l'origine de l'audience de ce hashtag mais une succession de facteurs humains et informatiques qui ont conduit à le hisser au sommet des tendances Twitter.
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