Législatives : en Corse, la percée nationaliste

Trois candidats autonomistes sont qualifiés pour le second tour dans l'île. Pour la première fois, ils pourraient pousser les portes de l'Assemblée nationale.

De notre correspondant à Bastia,

Jean-Félix Acquaviva, bien placé pour succéder à Paul Giacobbi dans la deuxième circonscription de Haute-Corse.
Jean-Félix Acquaviva, bien placé pour succéder à Paul Giacobbi dans la deuxième circonscription de Haute-Corse. © VALrie Vrel / MAXPPP / PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP

Temps de lecture : 3 min

D'aucuns leur prédisaient un combat difficile, ce fut une nouvelle démonstration de force. Les nationalistes avaient toutefois prévenu : ils ne comptaient pas faire de la figuration dans cette élection législative. Avec trois candidats ayant – aisément – franchi le premier tour sur les quatre circonscriptions de l'île, les autonomistes corses sont en passe d'arracher une nouvelle victoire historique en entrant, pour la première fois, à l'Assemblée nationale. Poursuivant leur dynamique des régionales de 2015 qui leur avait permis d'arracher les rênes de la région, les nationalistes pourraient réaliser un nouveau tour de force au soir du 18 juin. Du moins, tous les voyants semblent au vert. Ou presque.

La newsletter politique

Tous les jeudis à 7h30

Recevez en avant-première les informations et analyses politiques de la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

C'est dans la deuxième circonscription de Haute-Corse que leurs chances d'hériter du siège laissé vacant par le député sortant (DVG) Paul Giacobbi sont les plus importantes. Avec plus de 36 % des suffrages portés sur son nom au soir du premier tour, Jean-Félix Acquaviva a su profiter des divisions de ses adversaires de gauche et de droite pour se hisser en tête et devancer de loin ses concurrents. Le conseiller exécutif de Corse prend notamment de vitesse l'héritier de la « Giacobbie », Francis Giudici, le maire (DVD) de Ghisonaccia, qui porte la bannière de La République en marche. En tout cas, en totalisant 23,4 % des voix au premier tour, tenter de renverser la vapeur pour le soir du 18 juin ne sera pas une promenade de santé pour le candidat macroniste.

Dans la première circonscription de Haute-Corse, le jeu est également (très) ouvert pour le poulain des nationalistes. Avec plus de 30 % des suffrages, Michel Castellani a plus qu'une carte à jouer au second tour face au député-maire (LR) sortant de Biguglia, Sauveur Gandolfi-Scheit, poussé dans les cordes jusqu'à être relégué en deuxième position (21,7 %), loin derrière l'autonomiste. Ce dernier a pu notamment compter sur l'appui du nouveau bastion des nationalistes depuis leur victoire aux municipales de 2014, la ville de Bastia, pour faire pencher le scrutin en sa faveur. Militant de la première heure dont l'audience dépasse le périmètre de sa famille politique, Michel Castellani pourrait rassembler bien au-delà des nationalistes pour arracher la victoire au second tour.

Le candidat LR bien placé à Ajaccio

En revanche, dans la « capitale » du sud, à Ajaccio, les nationalistes ont raté le coche de peu. Treize petites voix de retard ont privé leur candidat, l'indépendantiste Jean-Paul Carrolaggi, d'une accession au second tour dans la première circonscription de la Corse-du-Sud. Il sera donc disputé, sans grande surprise, entre le poulain des Républicains, Jean-Jacques Ferrara, et la candidate de La République en marche, la conseillère territoriale Maria Guidicelli. Avec un avantage plutôt conséquent pour le premier cité, qui bénéficie de l'appui du député-maire (LR) sortant d'Ajaccio, Laurent Marcangeli.

Au final, la « surprise » sera venue, pour les nationalistes, de la deuxième circonscription de la Corse-du-Sud. Avec un score de plus de 29 %, leur candidat, Paul-André Colombani, y bouscule sérieusement le député sortant (LR), Camille de Rocca Serra (36 %), qui brigue un quatrième mandat consécutif sur ce territoire où son père détenait déjà le siège du Palais-Bourbon depuis... 1962. En 2012, déjà, le parlementaire avait dû batailler dans un second tour très serré face aux nationalistes. Désormais aux portes de l'Assemblée nationale, le camp autonomiste compte également sur le « dégagisme » ambiant pour arracher au moins un siège au Palais-Bourbon, envoyer un nouveau coup de semonce au sommet de l'État et poursuivre leur ancrage sur l'échiquier politique insulaire. Au-delà de la symbolique et de la portée historique, l'enjeu est de taille : à six mois de la prochaine échéance régionale pour l'avènement de la nouvelle collectivité unique de Corse, envoyer un député à Paris serait le signe de leur enracinement politique dans l'île.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (5)

  • Moundélé

    Je prends note... , pour quand les Bretons, les Basques, les Catalans, !

  • Filou60

    Tout le monde se souvient de la repentance coloniale de Macron en Algérie. Les corses auraient ils décidé d'exploiter cette faiblesse à leur profit ? Les autonomistes apparemment oui qui se disent qu'en prônant l'autonomie Macron hesitera deux fois avant de faire appliquer les principes de la République une et indivisible... Que les disciples de Talamoni auront tôt fait de requalifier en odieux comportement colonial. A défaut de village gaulois rentrant en résistance contre la Macronie c'est toute la Corse qui relève le gant.

  • Dolange39

    ... Et cela intéresse tous ceux qui ne veulent pas d'un parti unique !