Dimanche 11 juin, dès 21 heures, la patronne des socialistes du Nord, Martine Filleul, l’annonçait : « Nous risquons de ne pas avoir de députés PS dans le Nord. » Confirmation quelques minutes plus tard : le PS a perdu ses huit sièges du Nord et les dix qu’il avait dans le Pas-de-Calais. Aucun des candidats investis par le PS dans ces deux départements n’a résisté à la vague de La République en marche (LRM). Du jamais-vu. C’est la fin d’un PS hégémonique sur ces terres aux origines ouvrières.
Une demi-heure après la proclamation des résultats, les locaux de la fédération PS du Nord sont déserts. A deux pas de là, l’ancien député et ancien adjoint de Pierre Mauroy Alain Cacheux est abattu : « C’est l’aboutissement d’un processus d’autodestruction entamé il y a cinq ans. » « Voilà ce qui arrive quand on passe son temps à mener campagne contre le gouvernement », ajoute-t-il, sonné. Les frondeurs et Martine Aubry sont dans son viseur.
La guerre interne au PS du Nord risque d’être ravivée dans les prochains jours. D’autant que l’un des lieutenants de la maire de Lille, l’ancien député de l’Essonne François Lamy, a de son côté dégainé un tweet dès 21 heures : « Dans cette soirée de bérézina pour la gauche, un grand merci à François Hollande et Manuel Valls… #mercipourcesmoments. » Les haches de guerre sont déterrées.
Faut-il rappeler que le PS enchaîne les défaites dans la région ? De grandes villes comme Roubaix et Tourcoing ont été perdues aux municipales de mars 2014, puis la communauté urbaine de Lille en avril 2014, le département du Nord en mars 2015, la région en décembre 2015… Et au sein de la fédération, mal en point financièrement, toujours cette bataille entre les pro-Aubry et les pro-Kanner. Les résultats de ce premier tour des législatives vont incontestablement réveiller les vieilles querelles.
5,7 % des voix dans le Nord
Plus tôt dans la soirée, François Lamy, candidat dans la 1re circonscription du Nord, a vu le fief historique de Pierre Mauroy tomber aux mains du candidat LRM, Christophe Itier (32,6 %), en ballottage favorable face au jeune Adrien Quatennens de La France insoumise (LFI, 19,4 %). M. Lamy est laminé. Il n’arrive qu’en cinquième position avec 9,1 %.
Dans la 19e circonscription, Anne-Lise Dufour, la députée sortante et maire de Denain, n’arrive qu’en troisième position (14 %) derrière le conseiller régional frontiste Sébastien Chenu (33,2 %), et la candidate MoDem Sabine Hebbar (18,1 %). Eliminés aussi le député sortant de la 3e circonscription, Rémi Pauvros, la jeune Audrey Linkenheld, réputée pour son travail mené sur les questions de logement à l’Assemblée nationale (2e), ou encore Christian Bataille, six mandats de député dans la 12e circonscription !
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