Au lendemain d'une dérouillée historique pour nombre d'aspirants députés LR ou PS, balayés dès le 1er tour par la vague LREM, ou en ballottage défavorable dimanche prochain, comment justifient-ils cet échec?

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Si certains recalés ont joué la carte de la sobriété, d'autres ont préféré épancher leur amertume sur les plateaux télé et sur Twitter à la recherche de coupables tout désignés.

Mes électeurs me méritent pas!

A ce petit jeu, Henri Guaino a été le premier à dégainer une charge ultra-violente à l'adresse des électeurs de sa circonscription -la 2e de Paris où il était dissident- qu'il a copieusement insultés dimanche soir sur BFMTV.

Selon l'ancien député des Yvelines, qui s'est auto-parachuté dans la capitale et a recueilli moins de 5%, s'il a perdu, c'est la faute des électeurs de droite et des bobos de la circonscription qui sont "à vomir". Dès le lendemain, il a enfoncé le clou expliquant sur LCI que les électeurs "bobos", "c'est ce qu'[il] déteste le plus dans l'existence".

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Bande d'ingrats!

Anne Lorne, candidate LR dans la 1re circonscription du Rhône, n'a pas résisté à la vague LREM et a été balayée face à un candidat du parti présidentiel qui est passé à un cheveu d'une élection dès le premier tour. Dimanche soir, elle accuse: si elle a perdu, c'est à cause de "l'idolâtrerie" Macron.

Les électeurs ne comprennent rien!

Thierry Mariani, en ballottage très défavorable dans sa circonscription des Français de l'étranger (Asie) est amer. Selon lui, nombre de ses collègues sortants LR ont été balayé injustement malgré leur travail "de terrain". Celui qui devrait bientôt perdre son siège de député accuse sèchement les électeurs de n'avoir aucune, mais aucune reconnaissance.

On ne méritait pas ça!

Battue dès le premier tour, l'écologiste Véronique Massonneau est discrète sur Twitter. D'ordinaire très prolixe, elle se contente de retweeter depuis dimanche les messages de soutien dont l'un assure qu'elle, et d'autres députés, ne "méritaient pas ça".

C'est la faute de Valls et de Hollande!

Pour François Lamy, un très proche de Martine Aubry, la déroute historique de la gauche et des socialistes -dans le Nord-Pas-de-Calais, il n'y a plus aucun candidat du PS au 2e tour- a deux responsables: François Hollande et Manuel Valls.

C'est la "France molle" qui a gagné!

Elu, en discontinu, depuis 22 ans dans sa circonscription de l'Oise, Jean-François Mancel avait choisi de passer le flambeau à son fils, Alexis. Une opération qui a échoué puisque ce dernier ne s'est pas qualifié au second tour. Pour le député sortant, il y voit une victoire de "la France molle", accusant en creux les électeurs français d'avoir fait un mauvais choix.

C'est parce que la gauche était divisée!

Battue dès le premier tour, dans une circonscription plutôt ancrée à gauche, la députée PS Sandrine Mazetier s'en est prise aux divisions de la gauche, responsable selon elle de son échec, comme de la déroute dans l'ensemble du pays. "Les divisions de la gauche l'ont une fois de plus disqualifiée du second tour, dans notre circonscription, comme dans bien d'autres dans le pays", assure-t-elle.

Mon parti a mené une campagne injuste!

Démissionnaire de son parti, et en mauvaise posture pour le deuxième tour, le député des Français de l'étranger (Amérique du Nord), Frédéric Lefebvre a continué son entreprise de démolition de Les Républicains. Et accuse: si les électeurs Français se sont tournés vers le parti d'Emmanuel Macron, c'est, selon lui, parce que son ex-parti a mené "une campagne injuste".

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Le PS (et Hollande) se sont reniés!

La députée frondeuse de Moselle, éliminée comme d'autres anciens ministres de François Hollande dès le premier tour, a pointé de son côté la responsabilité de la gauche dans cet échec, mais pas que. "Quand la gauche n'assume plus ses valeurs de gauche, elle est battue", explique-t-elle dimanche soir. Elle poursuit, dressant un parallèle avec l'Allemagne et la Grande-Bretagne: "quand le PS renie ses valeurs et les gens qu'il doit défendre, le monde du travail, le monde ouvrier, des salariés, des petits retraités, quand on oublie pour qui on est là, pour qui on fait de la politique on est collectivement battus et pour longtemps". En filigrane, l'ex-ministre de la Culture pointe également du doigt François Hollande, avec qui les désaccords ont été nombreux tout au long du quinquennat.

L'abstention brouille la légitimité!

Il ne manquait qu'elle: l'abstention. En ballottage défavorable, et avec peu de chances de pouvoir constituer un groupe parlementaire, Nicolas Dupont-Aignan assure que la faible participation remet en cause la légitimité du Parlement... Certes l'abstention a battu un record historique dimanche, mais les abstentionnistes, d'après les premières études, sont surtout du côté des adversaires de La République en marche.

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