Législatives : éliminés, ces députés sortants vont devoir trouver un emploi
Les candidats battus dès le premier tour des élections législatives se retrouvent, pour la plupart, sans autre mandat politique. Résultat : beaucoup de perdants sont aujourd'hui désoeuvrés.
La règle du non-cumul des mandats avait poussé beaucoup de candidats aux élections législatives à renoncer à leurs fonctions politiques locales. En conséquence, ceux qui ont été battus dès le premier tour du scrutin , dimanche dernier, se retrouvent aujourd'hui au chômage. Certains ont annoncé leur retrait de la vie politique, d'autres vont retravailler. Pour quelques-uns, c'est un nouveau monde qui s'ouvre à eux : ils sont parfois en politique depuis leurs études et n'ont jamais eu d'expériences dans le secteur privé.
"J'ai des petits-enfants dont je vais m'occuper un peu plus"
Une partie des députés sortants avaient choisi de partir à la retraite avant même les élections législatives, comme René Dosière, vieux routard du groupe socialiste à l'Assemblée. Mais, pour d'autres, il a fallu une défaite, parfois sévère, au premier tour du scrutin pour s'obliger à décrocher. Le député PS Dominique Raimbourg, 67 ans, se sent concerné. "Je vais essayer de continuer à réfléchir aux questions sur lesquelles j'étais spécialisé, comme la chaîne pénale ou la police/justice pénitentiaire", explique-t-il au JDD avant de confier : "D'un point de vue plus personnel, j'ai des petits-enfants dont je vais m'occuper un peu plus. Et je vais ressortir mon vélo de course pour pédaler un peu."
La retraite, une étape difficile pour cet élu de Loire-Atlantique : "Ce n'est pas maintenant que c'est difficile, je suis débordé de tâches matérielles, comme vider mes bureaux. Et puis, c'est l'été, j'ai l'impression de grandes vacances. Quand je vais voir qu'il se passe des choses à l'Assemblée et que je n'y suis pas associé, ça va faire mal au moral. Ça va être difficile à la rentrée, quand les journées seront un peu vides, les mails beaucoup moins nombreux..." Et de se fixer un objectif : "Continuer à être utile, trouver une place où on est utile."
Gérard Bapt, 71 ans, est un peu dans le même état d'esprit. L'élu de Haute-Garonne, grand spécialiste des questions de santé, ne va pas retourner à la cardiologie, sa profession d'origine. "Je veux m'engager dans des associations de défense des victimes dans les domaines de la santé et de l'environnement", explique-t-il au site de 20 Minutes . Toujours conseiller municipal à Saint-Jean, dans l'agglomération de Toulouse, l'élu a déjà pris contact avec ElisCare, une ONG qui vient au secours des populations en Irak ou en Syrie.
"Je vais essayer de retrouver un emploi"
La plupart des battus n'ont toutefois pas l'âge de la retraite. "Je viens du privé, j'ai 57 ans samedi prochain. Je vais essayer de retrouver un emploi. J'ai eu une activité professionnelle pendant 25 ans, explique au JDD l'écologiste Laurence Abeille. La politique est venue sur le tard. J'ai envie de retrouver une activité professionnelle." Députée élue pour la première fois en 2012 dans le Val-de-Marne après deux mandats municipaux à Fontenay-sous-Bois, elle a longtemps travaillé dans l'édition. "Mais ce n'est pas forcément dans ce secteur que j'aurai envie de retravailler. Je ne sais pas." Laurence Abeille se donne "deux ou trois mois" de réflexion pour "faire le point".
Pour le socialiste Razzy Hammadi, la question se pose à peine : son retour dans le privé est presque naturel. "Pendant que j'étais parlementaire, j'avais arrêté mes activités dans le privé. Là en ce moment, je suis à l'Essec pour un MBA en executive management. J'ai plusieurs propositions dans le privé, plutôt dans la finance. Je les rejoindrai en janvier prochain", détaille-t-il pour le JDD, expliquant vouloir "profiter de [sa] fille" et écrire un ouvrage d'ici la fin de l'année. Hyperactif, l'élu de Seine-Saint-Denis a aussi créé une ONG sur le développement par le numérique.
Pour d'autres, c'est un saut dans l'inconnu à l'image de Christophe Borgel, le "Monsieur élections du PS". Dans la politique depuis toujours et battu dimanche en Haute-Garonne, il affirme à 20 Minutes que "c'est une nouvelle page qui se tourne". Même désarroi chez François Lamy, député sortant de l'Essonne qui tentait de se présentait - en vain - dans le Nord. Ce proche de Martine Aubry s'exprimait mercredi sur France 2 : "Je n'ai plus de travail, je vais tâcher d'en trouver un, ce n'est pas forcément la chose la plus évidente quand on a 57 ans." "Je vais tout simplement chercher dans le privé."
Olivier Audibert-Troin, député Les Républicains battu dimanche dans le Var, a une option toute trouvée puisque cet agent général d'assurances, âgé de 56 ans, n'avait jamais vraiment cessé son activité. Il va donc reprendre sa place dans son ancien cabinet auprès de son épouse et de ses collaborateurs. L'ex-secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, battu en Meurthe-et-Moselle, va revenir dans l'enseignement. Un retour logique pour ce professeur agrégé de mathématiques comme il l'explique à 20 Minutes : "Je vais solliciter ma réintégration en tant qu'enseignant, mais ce sera pour un court laps de temps car je peux faire valoir mes droits à la retraite en avril 2018."
"Reconstruire ma famille politique"
Le retour à l'emploi ne signifie pas forcément l'arrêt définitif de la politique. Eduardo Rihan Cypel, député sortant de Seine-et-Marne et porte-parole du Parti socialiste pendant ce quinquennat, refuse ainsi de raccrocher. "Mon engagement et mes convictions restent intacts, explique-t-il au JDD. Il faut reconstruire la gauche. C'est la tâche historique de ma génération. C'est ce à quoi je me consacrerai désormais. Car il faut une gauche solide et crédible pour la France. Et la passion de la France ne dépend d'aucun mandat."
D'ailleurs, Laurence Abeille et Dominique Raimbourg comptent aussi rester en contact avec le monde politique. La première a donné rendez-vous en septembre aux gens autour d'elle pour poursuivre une forme d'engagement politique. Le second veut "travailler à reconstruire le PS, ou du moins une force de gauche et de gouvernement". "Je vais continuer à m'intéresser à ma circonscription, aux territoires, au sein du PS", explique encore le désormais ex-président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale.
Mais l'amertume est parfois trop forte. A l'image de celle, violente, d'Henri Guaino, sèchement battu dimanche dans la 2e circonscription de Paris. Dans un coup de sang qui a fait le tour des réseaux sociaux, lors de la soirée électorale de BFTMV, il a estimé que ses électeurs étaient à vomir avant d'annoncer prendre sa retraite politique. Il va retourner à la Cour des comptes, corps administratif auquel ce haut fonctionnaire est rattaché.
Par Anne-Charlotte Dusseaulx et Gaël Vaillant
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