Pologne : polémique après des déclarations de la Première ministre à Auschwitz

Beata Szydlo a tenu des propos anti-immigration dans ce lieu hautement symbolique. Les critiques continuent de fuser.

La Première ministre polonaise Beata Szydlo à Bruxelles, le 29 avril 2017
La Première ministre polonaise Beata Szydlo à Bruxelles, le 29 avril 2017 (AFP/THIERRY CHARLIER)

    Une véritable levée de boucliers. Des déclarations de la Première ministre polonaise Beata Szydlo mercredi à Auschwitz ont suscité de vives critiques d'hommes politiques polonais, ainsi que du président du Conseil européen Donald Tusk, qui y voient la défense de la position anti-migratoire du gouvernement conservateur.

    «Dans notre époque trouble, Auschwitz est une grande leçon qu'il faut tout faire pour défendre la sécurité et la vie de ses citoyens», a déclaré Mme Szydlo, qui assistait aux commémorations du 77e anniversaire du premier transport de prisonniers polonais dans le camp de concentration et d'extermination nazi allemand d'Auschwitz-Birkenau.

    «De telles paroles ne devraient jamais être prononcées à cet endroit par un Premier ministre polonais», a déclaré Donald Tusk sur son compte Twitter en polonais.

    «La Première ministre polonaise a exploité la cruauté d'Auschwitz pour que les Polonais aient peur des réfugiés», a estimé Katarzyna Lubnauer, présidente du groupe parlementaire Nowoczesna (libéral, opposition).

    Le président de l'association chrétienne des familles d'Auschwitz, Krzysztof Utkowski, cité par le portail WP.pl a estimé, quant à lui, que les paroles de Mme Szydlo étaient «une grosse gaffe».

    «Relocalisations»

    Le porte-parole du gouvernement Rafal Bochenek s'est borné à déclarer sur Twitter: «celui qui a de mauvaises intentions peut les trouver dans chaque déclaration».

    Il a proposé aux critiques l'intégralité du discours de Mme Szydlo dans lequel elle rend hommage aux victimes d'Auschwitz et à l'héroïsme des Polonais.

    Après de vaines mises en gardes, Bruxelles a lancé mardi des procédures d'infraction contre la Pologne, la Hongrie, et la République tchèque, pour leur refus obstiné d'accueillir des demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce.

    Ces procédures légales sont lancées après des mois de pression de la Commission sur ces trois pays, opposants déterminés aux «relocalisations» adoptées par l'UE en septembre 2015, pour soulager l'énorme pression pesant sur Rome et Athènes face à la crise migratoire.

    Entre 1940 et début 1945, l'Allemagne nazie a exterminé à Auschwitz-Birkenau environ 1,1 million de personnes, dont un million de juifs de différents pays européens. Ce camp, où quelque 80.000 Polonais non juifs, 25.000 Roms et 20.000 soldats soviétiques ont également trouvé la mort, a été libéré par l'Armée Rouge en janvier 1945.