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Ces grands patrons français qui ont réussi sans le baccalauréat

Les résultats du baccalauréat sont donnés ce mercredi 5 juillet. Si le diplôme national reste un sésame pour accéder à l'enseignement supérieur, certains grands patrons ont très bien réussi leur carrière sans.

Pour beaucoup ce sera un moment de joie et d'émotions. Mais dans le lot il y aura inévitablement des déçus. Ce mercredi 5 juillet, les résultats du baccalauréat sont en effet donnés aux lycéens.

Si le bac s'avère être un précieux sésame pour accéder à la majeure partie des diplômes de l'enseignement supérieur, il reste toutefois possible de réussir sa carrière sans avoir en poche le diplôme bicentenaire.

De nombreux patrons et chefs d'entreprise ont ainsi connu le succès sans le bac. Pour beaucoup, ils ont gravi l'échelle sociale en partant du bas ou, autodidactes, ont créé leur entreprise. Tour d'horizon.

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- © Miguel Medina - AFP

> François Pinault (Kering)

L'homme à la tête d'un empire de 12,7 milliards d'euros via la holding Artemis n'aimait pas l'école, qu'il a d'ailleurs quittée à l'âge de 16 ans pour travailler dans la scierie familiale. Il avait même du mal, en règle générale, à supporter l'autorité. Comme l'indiquait le journal Les Échos en 1999, il se serait engagé dans l'armée française en 1956, partant pour l'Algérie, à la suite d"une engueulade" avec son père. Après deux ans passés sous les drapeaux, il revient en France, fait face au décès de son père puis devient, en 1959, chef d'exploitation pour la société Gautier Frères, qui fournit la scierie paternelle. Après avoir épousé Louise Gautier (la fille du patron), il rachète l'entreprise de son beau-père en 1962 avant de la renommer Entreprise Pinault. La success story est en marche: la société à l'origine spécialisée dans le négoce de bois va progressivement se diversifier dans la grande distribution. Le groupe s'introduira en Bourse en 1988. François Pinault passera le relais à son fils François-Henri en 2003.

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- © Philippe Huguen - AFP

> Gérard Mulliez (Auchan)

Très discret, l'homme à l'origine de la colossale fortune de la famille Mulliez (26 milliards d'euros), qui regroupe une soixantaine de marques (Auchan, Norauto, Decathlon, Leroy Merlin), n'est pas parti de rien. Il a en effet fait ses gammes, dès 18 ans, chez Phildar, l'entreprise familiale fondée par son grand-père et dirigée par ses oncles et son père. Il a ensuite "appris le métier" (perdant une partie de sa main droite en manipulant une machine) et gravi les échelons de l'entreprise familiale. Avant d'ouvrir à l'âge de 30 ans son premier magasin Auchan, avec le succès que l'on connaît.

S'il avait donc la fibre entrepreneuriale, Gérard Mulliez était en revanche beaucoup moins doué pour l'école. "J'étais plutôt dans les derniers de la classe", confiait-il au Point en 2012, dans une de ses rares interviews. Après un séjour dans une école anglaise, son père lui dit: "Si tu travailles bien, si tu as ton bac, je te paierai une moto".

"J'ai cravaché mais j'ai raté mon bac. Mon père était très déçu mais... il m'a quand même acheté la moto. Il a récompensé l'effort et non le résultat de l'effort. C'est important dans la vie. Car les résultats ne viennent pas forcément tout de suite", expliquait-il.

> Les frères Pariente (Naf-Naf)

Lorsque les frangins à l'origine de la marque Naf-Naf obtiennent la Victoire nationale des autodidactes en 1993, leur première pensée va à leur mère. "Pensez que c'est le seul diplôme que nous ayons été capables de lui rapporter", confiaient-ils à L'Express en 1994. Les deux frères Gérard et Patrick ont en effet préféré devenir vendeurs de vêtements plutôt que de poursuivre leurs études. Ils ouvriront ensuite en 1973 leur première boutique dans le Sentier puis développeront leur griffe avec succès. Avant de vendre Naf-Naf à Vivarte en 2007.

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- © Mehdi Fedouache - AFP

> Jean-Claude Decaux (JCDecaux)

Voilà un autre autodidacte à l'origine d'une des plus grandes entreprises françaises. Fils d'un modeste marchand de chaussures, Jean-Claude Decaux est un véritable self-made man. Il a commencé à travailler dans l'affichage publicitaire à l'âge de 15 ans en couvrant les murs de sa ville natale, Beauvais, à bord d'un scooter que ses parents venaient de lui offrir. "Avec son cyclomoteur d’occasion, il faisait la réclame pour le commerce de sa famille, mais aussi pour d’autres boutiques dans le centre-ville. Il avait convaincu les amis de ses parents, qu’il pouvait leur faire leur publicité dans les villages autour de Beauvais", explique au Courrier Picard Jean-François Mancel, député de l'Oise et ami de longue date. Jean-Claude Decaux fonde sa société à l'âge de 18 ans, en 1955, avant d'avoir, en 1964, l'idée révolutionnaire de proposer aux collectivités locales l'abribus, qui fera la gloire de sa société.

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- © Éric Piermont - AFP

> Jean-Claude Bourrelier (Bricorama)

Le patron de Bricorama a commencé au plus bas de l'échelle. Il est désormais à la tête d'une fortune de 185 millions d'euros. Issu d'un milieu modeste, il commence à travailler à l'âge de 14 ans, suit un apprentissage pour devenir boulanger avant finalement d'obtenir un CAP de charcuterie. Il monte ensuite à Paris, enchaîne les petits boulots, notamment comme vendeur chez Black & Decker. Souhaitant se mettre à son compte, il ouvre son premier magasin de bricolage en 1975, La Maison du 13e, qui lui permettra de bâtir son succès avant de racheter Bricorama en 1992. Partant de sa propre expérience, cet autodidacte a fait de la promotion interne un principe. Selon le Figaro, 80% des cadres supérieurs de son groupe ont débuté comme cadre ou chef de rayon.

> Philippe Ginestet (Gifi)

Voilà un autre entrepreneur qui préférait faire du commerce plutôt que de rester à l'école. Originaire de Villeneuve-sur-Lot, Philippe Ginestet quitte ainsi le système scolaire à l'âge de 16 ans, pour travailler avec son père comme marchand de bestiaux, rapporte Sud Ouest.

"Quand j'installais un étal sur un marché, je prenais toujours plus de place que les autres, je soignais la présentation pour que ce soit beau, que la marchandise soit mise en valeur et que le prix soit attractif. Puis j'ai vendu des aspirateurs pour Electrolux, j'ai été meilleur vendeur de France car je voulais étonner mes supérieurs. J'ai toujours voulu étonner les autres", explique à La Dépêche du midi celui qui dit "avoir comme talent celui de s'entourer de gens qui ont du talent". C'est en 1981, à l'âge de 27 ans qu'il ouvrira son premier magasin Gifi avec un slogan "Gifi le vrai soldeur". Il fait aujourd'hui partie des repreneurs potentiels de Vivarte.

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- © Dugilowcost - Wikimedia - Commons - CC

> Yves Rocher (Yves Rocher)

Le fondateur de la marque de cosmétiques avait un don. Ainsi il s'est passionné très tôt pour la botanique, son cousin et parrain lui enseignant les vertus des plantes médicinales. À l'âge de 14 ans son père décède, il se retrouve contraint d'aider sa mère à gérer la boutique familiale de chapeaux et de tissus, rapporte le Journal des entreprises. Au même âge, il met au point une première pommade associée à une plante curative, la ficaire, et décide de la vendre par correspondance. Les bases de son succès sont là. À l'âge de 26 ans, il crée son premier laboratoire où il développe une formule qui lui aurait été donnée par une guérisseuse bretonne. Avant de fonder, trois ans plus tard, en 1959, son entreprise éponyme.

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- © Damien Meyer - AFP

> Serge Papin (Système U)

Le patron de Système U a beau être un passionné de littérature, il n'a en poche qu'un BEP et a commencé sa carrière comme manutentionnaire à l'Intermarché de Fontenay-le-Comte en 1972. Il a ensuite rejoint le groupe Système U quatre années plus tard avant d'en gravir tous les échelons jusqu'à être nommé PDG en 2005. Pour lui aussi, l'école et l'autorité n'étaient pas trop sa tasse de thé. Ce fils d'épicier s'est ainsi fait exclure de son pensionnat chez les pères en troisième. "J'étais en rébellion contre un système patriarcal, poussiéreux, contre la religion et l'enfermement", explique-t-il à Libération. Il obtiendra d'ailleurs son BEP comptabilité en candidat libre.

Julien Marion