À Calais, les migrants sont harcelés par la police, selon les associations. Crédit : Reuters
À Calais, les migrants sont harcelés par la police, selon les associations. Crédit : Reuters

Alors que depuis de nombreuses semaines les associations alertent sur les conditions de vie désastreuses des quelques 500 migrants présents à Calais, le Défenseur des droits a dénoncé mercredi 14 juin des "atteintes aux droits fondamentaux" et a exhorté les autorités à "ne pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un déni d’existence des exilés".

"Le Défenseur des droits demande dès à présent que soit mis un terme aux atteintes aux droits fondamentaux les plus élémentaires dont sont victimes les exilés, notamment les mineurs" à Calais, peut-on lire dans un communiqué de presse diffusé mercredi 14 juin. Deux jours plus tôt, les services de Jacques Toubon ont effectué une visite à Calais pour y rencontrer les quelques 500 migrants présents dans la ville et les associations qui leur viennent en aide.

En France, le Défenseur des droits est une autorité indépendante chargée de veiller à la protection des droits et des libertés et de promouvoir l’égalité dans le pays. Il défend ainsi les droits et les libertés individuels, promeut l’intérêt supérieur de l’enfant et lutte contre les discriminations.

"Conditions de vie inhumaines"

Les associations ont dénoncé à plusieurs reprises la pression morale et les violences répétées infligées sur les migrants par les forces de l’ordre allant jusqu’à parler de "chasse à l’homme". François Guennoc de l’Auberge des migrants – association qui distribue des repas aux exilés - avaient d’ailleurs déclaré début mai à InfoMigrants : "la police ne nous lâche pas et quand nous avons le dos tourné, elle s’en prend aux migrants". Coups de matraques, envoi de gaz lacrymogène ou encore confiscation des sacs de couchage : voilà en substance ce que vivent quotidiennement les migrants de la région selon les associations.

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Jacques Toubon qui a plusieurs fois déploré la situation des migrants de Calais a donc haussé le ton hier parlant de "conditions de vie inhumaines", et même de "traque". Il exhorte ainsi les autorités à "ne pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un déni d’existence des exilés". Selon lui, "entre 500 et 600" personnes, dont des mineurs, "dorment à même le sol" et se disent "traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville". Ils sont dans "un état d’épuisement physique et mental" et ne "peuvent pas se laver, ni même boire" puisque tous les points d’eau ont été supprimés.

Du côté de la mairie de Calais, on nie les accusations :  l’édile Natacha Bouchart estime sur Twitter qu’"il n’y a pas de violences policières" et que "Monsieur Toubon ne connait pas le sujet". La maire appelle en outre le Défenseur des droits "à défendre les Calaisiens qui attendent qu’on leur rende le respect de leur ville au quotidien". Pour les autorités de la ville, l’objectif est d’éviter que des points de fixation ne se reforme.

Des associations sous pression

Jacques Toubon fait aussi référence dans son communiqué à l’interdiction de distribuer des repas aux migrants à l’heure du déjeuner et déplore que les associations soient "entravées et menacées" lorsqu’elles tentent de mettre en œuvre des dispositifs "qui devraient l’être par les pouvoirs publics". La préfecture du Pas-de-Calais qui souligne quant à elle le "discernement et le professionnalisme" de la police explique que les distributions sont "limitées dans l’espace et dans le temps pour ne pas conduire à la réapparition de points de fixation".  Le défenseur des droits déplore également l’"impact particulier sur les femmes et les enfants" qui "ne bénéficient plus d’aucune structure dédiée" depuis le démantèlement de la jungle de Calais et craint que ces derniers soient l’objet de viol et d’exploitation sexuelle.

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Le Défenseur des droits conclut son communiqué par une liste de consignes à l’attention de la mairie et de la préfecture : fin de la "traque" envers les migrants et les associations, autoriser les distributions de repas, mettre les mineurs à l’abri et enfin créer un lieu où les migrants peuvent se reposer. Ce dernier point est une demande récurrente des associations. Mais le nouveau gouvernement suit la ligne établie par le précédent, à savoir éviter la reconstitution de campements sauvages. "Notre priorité, c’est que Calais et le Dunkerquois ne demeurent pas des lieux de fixation et que les jungles ne s’y reconstituent pas", avait affirmé début juin dans les colonnes du quotidien Le Parisien le nouveau ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, avant de décider de l’envoi immédiat de plus de 150 policiers et gendarmes.

 

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