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Ce que coûte la violence à l’humanité

Le rapport de l’IEP indique que les violences privent l’humanité de près de 13 % de ses richesses. Le terrorisme représente 1 % du coût total de la violence mondiale.

Par Yves Bourdillon

Publié le 15 juin 2017 à 18:48

L’équivalent de 4,6 euros par jour. C’est ce qu’aurait coûté la violence à chaque être humain l’an dernier, selon le Global Peace index présenté jeudi par l’Institut pour l’économie et la paix (IEP). Au total, cela représente 14.300 milliards de dollars, un huitième des revenus de l’humanité.

Un calcul au demeurant un peu théorique, puisqu’il agrège 22 indicateurs quantitatifs et qualitatifs pour mesurer dans chaque pays les frais associés à la « prévention et à la gestion des conséquences de la violence », c’est à dire les dépenses militaires, les coûts de protection policière, les destructions physiques et humaines (mais comment évaluer le prix d’une vie ?) et frais médicaux liés à des conflits collectifs. Auxquels l’IEP ajoute les coûts indirects, les flux d’activités économiques qu’un conflit aura empêché de générer. L’IEP ne tient toutefois pas compte des violences domestiques ni du stress psychologique.

La situation s’est améliorée en 2016

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Après une détérioration du Global Peace Index chaque année depuis 2008 sous l’effet surtout des guerres en Syrie et Irak, la situation s’est améliorée en 2016, avec une réduction de 2,9 % du coût global de la violence et une situation améliorée dans 93 pays, contre 63 où elle a empiré.

La France au 51e rang

Le classement des pays change peu, avec la meilleure place pour l’Islande, où n’a été enregistré qu’un seul meurtre l’an dernier, la police n’y ayant de surcroît jamais tué personne sauf un forcené en 2013. Suivent une ribambelle de pays européens, dont 26 figurent parmi les 40 moins violents de la planète, avec un coût associé à la violence s’échelonant de 2 à 5 % du PIB. La France n’est classée qu’au 51e rang (5,9 % du PIB) , juste derrière le Royaume-Uni et de peu devant la Grèce et le Mozambique.

La Colombie, seule démocratie mal classée

Logiquement, les pays les plus mal classés sont en guerre, la Syrie (où l’espérance de vie moyenne a reculé de 20 ans, un phénomène sans précédent depuis le Cambodge de Pol Pot), l’Irak et l’Afghanistan, avec l’an dernier un coût équivalent respectivement à 67, 58 et 52 % de leur PIB. Ils devancent la Colombie, seule démocratie si mal classée (36 % du PIB), le Soudan, la Somalie et le Yémen. Parmi les huit pays les plus mal classés, un n’est pas en guerre, la Corée du nord, mais se caractérise par un budget militaire parmi les plus élevés du monde en proportion du PIB.

Les régions les plus violentes sont le Proche-Orient, pour la sixième année d’affilée, et l’Afrique du nord, devant l’Afrique sub-saharienne, tandis que l’Amérique du sud, grâce à une spectaculaire amélioration, a dépassé l’Amérique centrale-Antilles. La situation s’est nettement détériorée aux Etats-Unis, au 85e rang mondial, avec un coût équivalent à 8,6 % du PIB, en raison de la hausse de la criminalité.

Une explication : la réduction des dépenses militaires

L’amélioration générale de la situation s’explique par une réduction des dépenses militaires, à 5.600 milliards de dollars (qui représentent donc 39 % du coût total) et des budgets policiers (29 % du total). Les homicides de droit commun représentent 14  % du coût total, soit bien plus que les décès dus aux guerres (à peine 1,3 % du coût total). Ce coût est d’ailleurs concentré massivement sur trois pays, la Syrie, l’Irak, et l’Afghanistan. Il est vrai que les guerres du XXIe siècle tuent relativement peu de monde, environ 100.000 personnes l’an dernier soit 0.25 % du nombre total de décès de la planète.

Autre violence qui fait les gros titres et a un fort impact psychologique sans avoir un coût économique majeur, le terrorisme : il représente 1 % du coût total de la violence mondiale, même s’il a été multiplié par… neuf depuis dix ans. C’est le seul phénomène où l’évolution de l’Europe s’avère préoccupante, constate l’IEP, en raison des attentats en France, Belgique et surtout Turquie.

Yves Bourdillon

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