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Législatives : à l'Assemblée, Mélenchon sera dépendant... des communistes !
Jean-Luc Mélenchon pourrait avoir davantage besoin de Pierre Laurent qu'il ne l'avait espéré
ISA HARSIN/SIPA

Législatives : à l'Assemblée, Mélenchon sera dépendant... des communistes !

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Au vu du premier tour des législatives, rien n'indique que Mélenchon serait majoritaire au sein du Front de gauche à l'Assemblée. Il pourrait devoir lâcher la présidence d'un éventuel groupe commun avec les communistes, et faire des compromis avec ses futurs partenaires...

Finalement, Mélenchon a les coudées franches

Mise à jour de l'article

Le second tour des élections législatives, le 18 juin, a finalement donné plus de députés à La France insoumise (16) qu'au Parti communiste (11). Ce qui a permisà Jean-Luc Mélenchon d'annoncer sa décision de prendre la tête du groupe FIà l'Assemblée. Deux jours avant le scrutin, le 16 juin il expliquait pourtant qu'il n'aurait pas le temps pour ce rôle : "Mes responsabilités sont plus grandes, je dois doser l'effort que je fournis". Mais entre-temps, le danger d'être rabroué par ses anciens alliés du Front de gauche a été écarté, dans un nouveau retournement du rapport de force établi au premier tour. >>A l'Assemblée nationale, les communistes veulent faire groupe à part (des Insoumis)

Ce serait un retour de balancier inespéré pour les communistes. Si Jean-Luc Mélenchon peut rêver, au vu des résultats du premier tour des élections législatives, à la création d'un groupe pour ses forces à l'Assemblée nationale, il risque fort de se trouver dépendant du bon vouloir de ses meilleurs ennemis du Parti communiste (PCF). Ceux-ci seront en effet non seulement incontournables pour créer un groupe - il faut la signature de quinze membres - mais ils seront même peut-être... plus nombreux que les troupes de la France insoumise ! De quoi calmer l'ex-candidat à la présidentielle, qui a récemment comparé le PCF à "la mort" et au "néant".

Dans le détail, sur les quinze meilleurs scores réalisés par l'ex-Front de gauche, onze sont le fait de candidats du Parti communiste, contre seulement deux à la France insoumise (FI) : Jean-Luc Mélenchon et Muriel Ressiguier (Hérault). Clémentine Autain, adhérente du groupuscule Ensemble, ainsi que l'électron libre François Ruffin, soutenu à la fois par FI et par le PCF, complètent le tableau.

*Stéphane Peu et Yasmine Boudjenah se sont rattachés financièrement à la France insoumise, ce qui était une condition sine qua non pour que Jean-Luc Mélenchon les soutienne. Ils restent toutefois membres à part entière du Parti communiste. Clémentine Autain s'est également rattachée à FI en préfecture.

Certes, il y a peu de chances pour que la totalité de ces quinze candidats les mieux placés l'emportent. Certains sont largement distancés par En Marche dans leur circonscription et auront du mal à remonter, comme François Ruffin dans la Somme, les PCF Sébastien Jumel en Seine-Maritime, Jean-Paul Dufrègne dans l'Allier, Nicolas Sansu dans le Cher et Yasmine Boudjenah dans les Hauts-de-Seine ou encore Muriel Ressiguier (FI) dans l'Hérault. A contrario, sur la quatre-vingtaine de candidats de l'ex-Front de gauche qui ont réussi à se qualifier, d'autres pourraient gagner malgré un score moins important au premier tour et ce, grâce à des situations locales favorables (voir encadré).

Difficile donc, à ce stade, de prédire avec certitude le futur rapport de force entre PCF et FI. La France insoumise pourrait disposer de trois à dix sièges dans la prochaine Assemblée, tandis que le PCF devrait en compter entre quatre et huit. Avec le concours de Clémentine Autain et d'une poignée d'élus d'Outre-mer apparentés communistes - comme Huguette Bello (Réunion), Bruno Nestor Azérot (Martinique) et Jean-Pierre Nilor (Martinique) -, l'ex-Front de gauche pourrait quoi qu'il en soit se reconstituer en tant que groupe parlementaire. Cela n'a rien d'accessoire : seul le groupe permet d'accéder à un temps de parole conséquent dans l'hémicycle, à quelques postes à responsabilité ainsi qu'à des collaborateurs de groupe payés sur les deniers de l'Assemblée.

Finalement, Mélenchon a les coudées franches

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Le second tour des élections législatives, le 18 juin, a finalement donné plus de députés à La France insoumise (16) qu'au Parti communiste (11). Ce qui a permisà Jean-Luc Mélenchon d'annoncer sa décision de prendre la tête du groupe FIà l'Assemblée. Deux jours avant le scrutin, le 16 juin il expliquait pourtant qu'il n'aurait pas le temps pour ce rôle : "Mes responsabilités sont plus grandes, je dois doser l'effort que je fournis". Mais entre-temps, le danger d'être rabroué par ses anciens alliés du Front de gauche a été écarté, dans un nouveau retournement du rapport de force établi au premier tour. >>A l'Assemblée nationale, les communistes veulent faire groupe à part (des Insoumis)

Mélenchon minoritaire dans son groupe ?

Mais la France insoumise ne devrait donc pas avoir la majorité absolue au sein de ce groupe et cela aussi, c'est tout sauf anecdotique... Première conséquence : Jean-Luc Mélenchon n'est pas sûr de pouvoir en revendiquer la tête. Un dirigeant communiste envisage ainsi déjà de faire payer au patron de FI son attitude "injuste", en ne l'élisant pas président de l'éventuel groupe créé. "Si le Front de gauche parvient à constituer un groupe, il faudra un président cordial et respectueux de la pluralité des opinions en son sein. Je vous laisse analyser si Jean-Luc Mélenchon correspond au profil", ironise-t-il. "Ça va se jouer au nombre. Le parti le plus important aura la présidence", avance un responsable communiste, qui pousse en faveur de l'actuel patron des députés du Front de gauche, André Chassaigne.

Mélenchon ne pourrait pas non plus imposer ses nominations ou ses collaborateurs, et encore moins une quelconque discipline de vote à ses camarades, comme il l'ambitionnait. Notre élu communiste en rigole : "Connaissant le caractère d'André, je suis curieux de voir comment Jean-Luc va lui imposer la discipline. La vérité, c'est que Chassaigne ne va pas se laisser impressionner !". Par ce renversement du rapport de forces, Jean-Luc Mélenchon pourrait finalement se retrouver dans la main des communistes, dont il s'était affranchi en se lançant sans leur avis dans la présidentielle.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne