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Crise dans le Golfe : comment Doha contourne le blocus saoudo-émirati

Les produits alimentaires ont été remplacés, mais les matériaux de construction, essentiels pour le Mondial 2022, pourraient venir à manquer.

Par  (Doha, envoyé spécial)

Publié le 16 juin 2017 à 10h11, modifié le 16 juin 2017 à 17h08

Temps de Lecture 2 min.

Un porte-conteneurs dans le port Hamad, à Doha (Qatar), le 14 juin 2017.

Ce pourrait être le pont aérien de bovins le plus important de l’histoire de l’humanité. Un entrepreneur qatari s’est engagé à affréter une soixantaine d’avions pour acheminer 4 000 vaches des Etats-Unis et d’Australie jusque dans son pays, privé de lait frais. Cette initiative iconoclaste, qui a fait la « une » des médias de Doha, mardi 13 juin, est emblématique des tours de passe-passe auxquels se livre l’émirat pour remédier aux manques suscités par l’embargo mis en place par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

Exaspérées par le Qatar, qui s’oppose à leur ligne anti-iranienne et anti-islamiste, ces deux monarchies ont fermé, lundi 5 juin, leurs frontières avec la micro-monarchie, coupant ainsi ses principales filières de ravitaillement alimentaire. La peur de la pénurie, qui a déclenché une ruée dans les supermarchés, n’a pas duré longtemps. Les produits laitiers, principaux visés par le blocus car importés presque essentiellement du royaume saoudien, n’ont pas tardé à réapparaître dans les rayonnages, sous une marque turque.

« Le Qatar, c’est pas Cuba »

Des canaux d’approvisionnement de substitution se sont mis en place au bout de quelques jours, depuis l’Iran, la Jordanie et Oman, par voie aérienne et maritime. Et en dépit des sarcasmes de Jamil Al-Ziabi, le rédacteur en chef du quotidien saoudien Okaz, redoutant que les « estomacs qataris » ne puissent s’adapter à ces nouveaux produits, ceux-ci ont très vite trouvé preneurs. « On voit toujours à l’iftar, le repas de la rupture du jeûne, les mêmes buffets pantagruéliques, confie un expatrié à Doha. On n’est pas du tout dans une atmosphère de fin du monde. »

L’adaptation est plus compliquée en ce qui concerne les matériaux de construction, essentiels dans une ville-champignon comme Doha, hérissée de grues. Le port de Dubaï leur étant désormais fermé, et le grand port à conteneurs du sud de la capitale n’étant pas encore en service, les entreprises de BTP qataries doivent trouver un hub alternatif. « Nos logisticiens travaillent jour et nuit pour rerouter les bateaux, par Koweït, Mascate ou même par l’Inde, explique un ingénieur. Si on ne trouve pas une solution dans les deux semaines, certains produits commenceront à manquer, car nos stocks sont limités. »

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Les autorités communiquent tous azimuts pour rassurer les milieux d’affaires, mais aussi la FIFA, qui a confié au Qatar l’organisation de la Coupe du monde de football 2022. « Le Qatar est une économie très forte », a déclaré le ministre des finances, Ali Shareef Al-Emadi, rappelant que la Banque centrale dispose de 34 milliards de dollars de réserves. « Si nous devons perdre un dollar, ils [les Saoudiens et les Emiratis] en perdront un aussi », a-t-il ajouté.

« Pour l’instant, c’est business as usual, constate un avocat d’affaires occidental. Mais si la crise s’éternise plusieurs mois, la note sera salée. Le Qatar, c’est pas Cuba. Son modèle économique n’est pas viable sans interaction avec l’extérieur. »

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