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François Bayrou, l'opposant de l'intérieur à Macron

Une épine dans le pied de l'exécutif, voilà ce qu'est déjà le garde des Sceaux, François Bayrou. Moins en raison de divergences politiques que par volonté d'exister

David Revault d’Allonnes , Mis à jour le
François Bayrou devant l'Elysée le 7 juin dernier.
François Bayrou devant l'Elysée le 7 juin dernier. © Sipa

François Bayrou ou le menhir dans le jardin parfaitement ordonné du duo exécutif? Le cas très particulier du garde des Sceaux, moins d'un mois après l'installation d'un nouveau gouvernement censé se tenir à carreau, suscite déjà exaspération et fatalisme dans les rangs des macronistes. "On savait que ça allait se terminer comme ça, soupire l'un des probables futurs ténors de la majorité. Bayrou pense toujours que c'est lui qui devrait être à la place de Macron. Est-ce qu'il est capable de rentrer dans le moule? Je ne pense pas. On ne sait plus comment s'en sortir…"

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De fait, l'addition commence à être salée pour le leader du MoDem, qui fait en permanence valoir sa singularité. Et ce, dès le lendemain matin du second tour de la présidentielle, lorsqu'il exprime ses réserves sur la méthode des ordonnances, adoptée pour la réforme du droit du travail. Le chef de l'État n'a pas apprécié : quand, à plusieurs reprises, Bayrou cherche à le joindre ce jour-là, Macron ne daigne par le prendre au téléphone. "Le Président était très occupé", grince un proche.

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Le MoDem ne sera pas la pierre angulaire de la majorité

Trois jours plus tard, rebelote, au chapitre des investitures aux législatives cette fois : mécontent du quota réservé au MoDem par le mouvement de Macron, Bayrou tempête publiquement contre "une opération de recyclage du PS". La tension est alors extrême avec son principal interlocuteur dans les négociations, le secrétaire général d'En marche, Richard Ferrand. Au point que les deux hommes ont été à deux doigts d'en venir aux mains à l'Élysée, le matin de l'investiture du nouveau président… La veille au soir, Ferrand, exaspéré, était même déterminé à faire exploser le deal.

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La nomination du gouvernement n'a pas modéré les ardeurs du nouveau ministre de la Justice. Bien qu'il ait perdu l'arbitrage sur l'intitulé de sa loi de "moralisation", le premier Ministre Édouard Philippe lui ayant préféré la formulation "loi de rétablissement de la confiance", Bayrou a tout de même présenté le texte derrière un pupitre retenant la dénomination initiale… Et puis surtout, on lui doit le premier "couac" d'un gouvernement présenté comme parfaitement discipliné. "Quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme lorsqu'on est un simple citoyen", met en garde Édouard Philippe après le coup de fil de Bayrou à un journaliste de Radio France enquêtant sur l'affaire des emplois fictifs du MoDem. Le mis en garde n'en a cure : "Chaque fois qu'il y aura quelque chose à dire […], je le dirai."

Canaliser Bayrou, mission politique impossible? Diagnostic d'un ministre : "Son problème, c'est qu'il s'est présenté comme le faiseur de roi. Certes, Macron considère qu'il a contribué à son élection et qu'il y avait entre eux un engagement politique. Mais Macron a payé cet engagement, et ça ne vaut pas pour toute la vie." Car s'il fut un faiseur de président, apportant un soutien décisif à Macron dans un moment délicat de la campagne, il ne sera pas la pierre angulaire de la majorité : du fait de la déferlante qui s'annonce, la composante MoDem ne sera pas décisive dans le futur groupe La République en marche, estimé par les sondages entre 400 et 450 députés environ.

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"Bayrou est un problème. Et un jour, le Président trouvera une solution au problème."

Comment le Président entend-il traiter le cas Bayrou qui, s'il continue de le vouvoyer, pourrait à terme menacer son autorité? "Le premier Ministre veut qu'il reste, le Président veut qu'il reste, lui veut rester", évacue-t-on à Matignon. Mais d'autres ne voient pas d'autre issue qu'une sortie. "C'est un problème. Et un jour, le Président trouvera une solution au problème. Ça ne peut pas durer", pronostique un futur probable député. Un autre confirme : "Il tranchera. Et il n'aura pas le début d'un tremblement de la main quand il faudra prendre une décision."

Un ministre se prend même à espérer un épisode judiciaire dans l'affaire des emplois fictifs, qui l'obligerait à démissionner selon la jurisprudence en vigueur : "S'il y avait mise en examen, il sauterait immédiatement. Et ce serait plus facile…" Mais le Président, qui a pris grand soin de ne pas se mêler de l'affaire et de laisser son chef du gouvernement la gérer, semble disposé à temporiser. "Il n'a jamais hésité à trancher, mais là, il observe, glisse-t-on dans l'équipe du chef de l'État. Macron est plutôt un animal à sang froid, et il n'y a pas de raison de s'exciter."

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