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Législatives

Simulez le résultats des législatives avec votre "dose de proportionnelle"

Résultat définitif du second tour des législatives à gauche, projection avec un scrutin proportionnel intégral à droite

Résultat définitif du second tour des législatives à gauche, projection avec un scrutin proportionnel intégral à droite - Infographie Emeline Gaube / BFMTV.com

Emmanuel Macron l’a annoncé devant le Congrès: il veut intégrer "une dose de proportionnelle" aux élections parlementaires, sans pour le moment en préciser les modalités exactes. Pourtant, la manière de calculer cette répartition proportionnelle peut totalement changer le visage de l’Assemblée nationale. Pour vous le montrer, nous avons conçus un simulateur d’élection législative, à partir des résultats du premier tour. À vous de mettre le curseur sur "la dose de proportionnelle" à appliquer.

A l'issue des élections législatives, Emmanuel Macron a finalement obtenu 350 sièges, soit 60.7% de l'Hémicycle, une majorité confortable. Pourtant, il n’a obtenu que 49.1% des voix à l’échelle nationale. En effet, les députés sont élus au scrutin majoritaire uninominal dans chaque circonscription, un mode de scrutin qui a tendance à amplifier la victoire du parti dominant et lui assurer une majorité stable.

De 8 à 51 sièges pour le FN selon le mode de scrutin

De nombreux politiques, dont Marine Le Pen, appellent à élire les députés à la proportionnelle. Comme son nom l’indique, chaque parti reçoit un nombre de sièges proportionnel à son score à l’échelle nationale. Avec une proportionnelle intégrale, le Front national pourrait obtenir 51 places au palais Bourbon, contre 8 pour l'élection actuelle. De quoi former un groupe politique à l'Assemblée nationale. La République en marche n’atteindrait même pas la majorité absolue dans une telle hypothèse, avec 286 sièges (il en faut 288).

Emmanuel Macron a annoncé devant le Congrès son souhait de "rajouter une part de proportionnelle" aux législatives, sans en préciser la quantité exacte. 5%, 10%, 20%, 50%? Pour cette raison, nous avons créé ci-dessous une application qui permet de simuler le premier tour des législatives selon différentes "doses". A vous de déplacer le curseur pour observer les conséquences sur l’Assemblée nationale.

Si l'application ne s'affiche pas correctement, cliquez ici.

Des règles de calcul loin d’être neutres

Pour obtenir ces résultats, nous avons appliqué le mode de calcul déjà utilisé pour les sénatoriales, deuxième chambre du parlement. En effet, pour les départements avec plus de 3 sièges, les sénateurs sont élus à la représentation proportionnelle intégrale suivant la règle de la plus forte moyenne, dont le principe est expliqué plus en détail ici.

Pour les élections municipales, le scrutin proportionnel est également utilisé dans les communes de plus de 1.000 habitants, mais avec cette fois-ci une prime majoritaire, c’est-à-dire que le parti avec le plus de suffrages obtient d’office la moitié des sièges, garantissant encore une fois une certaine stabilité.

Selon la méthode de calcul appliquée, la répartition des sièges peut totalement différer. Il est d’ailleurs possible de jouer sur plusieurs facteurs autres que la "dose de proportionnelle", pour donner plus ou moins de chance aux petits partis. Par exemple, les municipales introduisent un "seuil de représentativité" qui empêchent les partis ayant moins de 5% des suffrages exprimés d’accéder au pouvoir.

Comment ça se passe à l'étranger?

Dans les scrutins mixtes, il est possible de "compenser" le résultat du scrutin majoritaire. Pour cela, on supprime les voix des députés directement élus dans les circonscriptions pour la répartition proportionnelle. Dans ce cas, c’est le parti majoritaire à l’échelle nationale qui est désavantagé. C'est le cas en Italie ou en Allemagne

Si Emmanuel Macron souhaite intégrer une part de proportionnelle dans les prochaines législatives, il faudra dans tous les cas revoir le découpage des circonscriptions. Et selon la taille de ces dernières, elles peuvent avantager ou désavantager les petits partis.

L’autre solution est de faire voter au scrutin majoritaire uniquement les zones peu peuplées, dont les voix ont tendance à s’effacer dans le décompte national. Comme l'a montré la dernière élection présidentielle, les ruraux ont tendance à voter différemment des habitants des grandes villes.

Emeline Gaube