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Législatives : le jackpot d’En Marche et les 90 millions perdus du PS

Les résultats des législatives déterminent le montant des dotations publiques aux partis. Tour d'horizon des gagnants et des perdants du second tour.

Par Raphaël Bloch, Gabriel Nédélec

Publié le 19 juin 2017 à 16:31

Qui va gagner des millions ? Alors que les élections législatives viennent de donner à Emmanuel Macron, l'heure des comptes a sonné pour les partis politiques. Et comme dans le célèbre jeu télévisé de Jean-Pierre Foucault, tous n'ont pas touché le gros lot.

>> Les résultats des législatives 2017

Les dotations publiques aux partis, régies par la loi du 11 mars 1988,comportent deux volets. Le premier dépend du nombre de voix obtenues au premier tour des législatives. Pour y avoir droit, il faut qu'au moins cinquante candidats d'une formation politique dépassent 1% des suffrages. Chaque voix leur rapporte 1,42 euro par an.

Le deuxième volet dépend du nombre de députés et sénateurs élus qui se déclarent tous les ans rattachés à un parti. Chaque parlementaire rapporte actuellement 37.700 euros. Une retenue est imposée en cas de non-respect de la parité hommes-femmes. Selon les premiers calculs effectués par "Les Echos", la répartition de la dotation publique 2017-2022 se fera comme suit :

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Le jackpot pour En Marche

C'est ce qu'on appelle une entrée fracassante. A peine fêtée la date anniversaire de sa création, le parti lancé par Emmanuel Macron en 2016 est déjà multimillionnaire. La formation qui compte désormais 308 sièges au Palais Bourbon va bénéficier de 9,1 millions d'euros au titre de ses résultats du premier tour (6,4 millions de voix). Sur le quinquennat, cela correspond à 45,4 millions d'euros.

Une somme à laquelle il faut ajouter les 11,6 millions d'euros annuels que le parti va obtenir grâce au nombre de ses députés, soit 58 millions d’euros sur le quinquennat. Avec ces résultats, LREM fait coup double, puisqu'en plus de devenir le premier parti de France à l'Assemblée, il en devient le plus riche avec près de 100 millions de dotations publiques (99,5 millions) d’ici à 2022.

Le Modem ressuscité

Personne n'imaginait un tel come back pour le parti de François Bayrou, dépourvu de députés sur la fin du quinquennat Hollande. Jean Lassalle, dernier député Modem, a en effet quitté le parti en 2016. Grâce à son alliance avec LREM, le parti centriste a obtenu 932.227 voix au premier tour, soit 1,32 million d'euros par an jusqu'en 2022.

Parallèlement, à la faveur de ses 42 députés, le parti héritier de l'UDF devrait pouvoir former un groupe parlementaire, indispensable pour exister au Palais Bourbon, et obtenir 1,58 million euros de financements supplémentaires par an, soit 7,92 millions sur cinq ans. Cumulés, le parti qui dispose de deux ministres au gouvernement, va donc obtenir une dotation publique de 14,5 millions d’euros sur tout le quinquennat.

Les Républicains perdent gros

Même s’ils ont limité la casse en conservant 113 députés, Les Républicains ont perdu très gros au soir du second tour. Criblé de dettes malgré une tentative de redressement financier, le parti n’a récolté que 3,6 millions de voix au premier tour (5,11 millions d’euros), contre un peu plus de 7 millions en 2012 (10 millions d’euros). Sur le quinquennat cela représente un manque à gagner de 24,45 millions d’euros par rapport à la législature précédente.

A ces chiffres, il faut ajouter les dotations publiques liées au nombre d’élus (113) qui vont rapporter 4,26 millions d’euros par an au parti de la droite, alors que les députés de la mandature précédente avaient rapporté 7,31 millions d’euros par an. Sur cinq ans, ce recul va représenter un manque à gagner de 15,3 millions d’euros. Au total, le parti de la droite va donc perdre près de la moitié de ses financements publics, soit 39,75 millions d’euros sur la durée du quinquennat.

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L’UDI également pénalisée

Alliée au parti LR, l’UDI a plutôt limité la casse. Le parti de centre droit, à l’époque constitué du Parti radical valoisien et du Nouveau centre, est passé de 18 sièges obtenus en 2012 à 17 pour la mandature de 2017. Au premier tour, l’UDI a obtenu le suffrage de 687.225 personnes, ce qui lui donne droit à 975.859 euros par an, soit 4,9 millions sur cinq ans.

Les 17 députés rapportent pour leur part 640.900 euros, soit 3,2 millions sur le quinquennat . Au total, le parti peut donc compter sur 8,1 millions d’euros pour cette nouvelle législature. Soit une perte de près de deux millions d’euros par rapport à 2012 (9,74 millions d’euros au total sur le quinquennat).

Le Parti socialiste perd près de 100 millions d’euros

C’est le crash financier de ces législatives. Alors que le PS disposait de 280 députés en 2012, les résultats du second tour constituent un tremblement de terre. Même s’il n’est pas endetté et qu’il est propriétaire de son QG rue de Solférino, le parti va perdre pas loin de 100 millions d’euros sur les cinq années à venir !

Au premier tour des législatives, le PS n’a obtenu que 1.685.773 voix qui ne lui rapporteront que 2,39 millions euros par an, à comparer aux 10,82 millions d’euros annuels (7,6 millions de voix au premier tour) du quinquennat précédent, soit une perte de 42,15 millions d’euros d’ici à 2022.

Mais ce n’est pas tout. Les 29 députés PS ne rapporteront au parti que 5,47 millions d’euros sur cinq ans, quand leurs prédécesseurs représentaient une manne de 53,7 millions d’euros. Au total, le PS va donc perdre 90,38 millions d’euros. Pour éviter la faillite, certains envisagent déjà de… déménager le siège.

EELV, espèce menacée

Partenaire privilégié du Parti socialiste, le parti écologiste n'a pas réussi à reproduire ses bons scores de 2012. Affaibli par les divisions, le parti dirigé par David Cormand n'a réuni que 773.767 des voix au premier tour, soit 1,1 million d'euros par an et 5,5 millions d’euros sur le quinquennat.

Avec seulement un député élu pour la nouvelle mandature, EELV qui disposait de 18 députés en 2012, ne va récolter que 188.500 euros supplémentaires sur le quinquennat. Entre 2017 et 2022, le parti ne va donc engranger que 5,7 millions d’euros.

La gauche radicale progresse

Le mouvement a réussi en partie à capitaliser de Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle. Même si la progression en terme de sièges n’est pas spectaculaire, la gauche radicale, qui réunit La France insoumise et le PCF, a presque doublé ses dotations.

Avec ses 2,5 millions de voix au premier tour, la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon va bénéficier de 3,55 millions d'euros par an. Auxquels il faut ajouter 6,4 millions d’euros par an à la faveur de ses 17 députés nouvellement élus. Le parti peut donc compter sur 9,96 millions d’euros sur cinq ans.

Régulièrement concurrencé localement par des candidats investis par La France insoumise, le PCF a pour sa part réussi à obtenir 10 députés soit 1,89 million par an. Ses 615.503 voix du premier tour lui rapportent 4,37 millions sur les cinq années à venir, pour un total de 6,26 millions sur la mandature.

Sur le papier la potentielle alliance du parti de Jean-Luc Mélenchon avec le PCF peut donc compter au total sur 27,2 millions d’euros sur le quinquennat. Par comparaison, le Front de gauche avait récolté 14,59 millions d’euros sur cinq ans en 2012.

Le FN, l'ascenseur émotionnel

Ce devait être une année de victoires pour le FN. C'est finalement plus compliqué que prévu. Le parti n'est pas parvenu à mobiliser tous ses électeurs et n'a obtenu que 8 députés alors que le parti en espérait au moins 15 afin de former un groupe à l'Assemblée nationale. Maigre consolation, .

Pis, avec pourtant plus de députés élus à l’Assemblée, le parti de Marine Le Pen se retrouve moins bien doté en terme de financement public qu’en 2012. Ainsi, avec un peu moins de 3 millions de voix au premier tour et 8 députés, le parti ne peut revendiquer que 22,7 millions d’euros sur cinq ans. Alors que pour seulement 2 députés, mais 3,5 millions de voix au premier tour, le parti avait obtenu en tout 25,37 millions d’euros entre 2012 et 2017.

Sans compter que le FN, contraint de vendre son siège de Saint-Cloud pour surmonter la crise provoquée par les législatives de 2007, a au moins à son passif une dette de 9 millions d’euros, contractée en septembre 2014.

VIDEO. Législatives : un rude coup financier pour le PS, LR et le FN

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