Manuel Valls, pourquoi tant de haine ?

VIDÉO. Comment l'ancien Premier ministre est devenu l'ennemi public numéro un d'une partie de la gauche socialiste et de l'aile gauche de la gauche.

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Ce n'est pas un perdreau de l'année, mais rien ne lui aura été épargné : frondeurs en masse à l'Assemblée nationale, impopularité record, défaite cinglante lors de la primaire, contestation de ses résultats aux législatives... Manuel Valls est devenu l'homme à abattre, celui qu'une partie des socialistes et que l'aile gauche de la gauche adorent détester. Et ce n'est pas fini. Cette gauche anti-Valls reste obnubilée par celui qui aura été Premier ministre pendant presque trois ans. L'annonce de sa victoire a même suscité des échauffourées à la mairie d'Évry et son adversaire lui conteste sa victoire... « Ces réactions relèvent plus de l'hystérie et de la haine pure que de la politique », s'agace l'élu vallsiste d'Avignon Amine El Khatmi, pour qui « les méthodes employées par La France insoumise sont dignes des méthodes du Front national ».

Le « démon politique » Valls, comme l'ont surnommé certains sur Twitter est politiquement isolé, institutionnellement affaibli, mais cela ne suffit pas. Il reste toujours des voix pour réclamer la tête de l'homme à terre, exiger qu'il soit définitivement balayé de la scène politique et sa mémoire damnée. Pourquoi tant de haine ? Comment un homme qui portait les espoirs d'une gauche réformiste et républicaine il y a encore quelques mois a-t-il pu devenir à ce point objet de haines opiniâtres ?

LIRE aussi Essonne - Manuel Valls : une victoire à l'arraché

« La gauche de la gauche a besoin de Manuel Valls pour donner corps à sa dimension anti-totalitaire », explique le philosophe Pascal Bruckner, proche de l'ancien Premier ministre. Pour lui, le socialiste n'est pas dans la séduction, mais dans l'ordre. « Une posture qui n'est pas naturelle à gauche » et qui fait le miel de ses opposants répétant inlassablement que l'ancien Premier ministre est « l'homme du 49.3 et de la déchéance de nationalité ». « Mais tout le monde semble avoir oublié que s'il n'avait pas été là, le pays se serait effondré au lendemain des attentats », poursuit Bruckner, pour qui la principale faute de politique serait d'avoir voulu rassembler tous les fragments irréconciliables d'une gauche en déshérence idéologique. Personne ne semble s'en être encore aperçu, mais la ligne économique et sociale de Valls a gagné, elle est aux commandes à l'Élysée : « Le rapport jupitérien de Macron au pouvoir, c'est du Valls enrobé dans un sourire », conclut Bruckner qui déplore l'émergence « d'une nouvelle gauche néo-totalitaire voulue par Mélenchon ».

Antisionisme larvé

Valls a commis des erreurs politiques, c'est indéniable : il s'est englué dans les débats sur la double nationalité, a usé et abusé du 49.3, a défendu une politique sécuritaire offensive. Bref, il a mené une politique à rebours des attentes de l'électorat qui avait porté François Hollande à la présidence. De plus, il a manqué à son engagement de soutenir le vainqueur de la primaire de la gauche, Benoît Hamon, préférant faire les yeux doux à Emmanuel Macron. Mais la haine qu'il doit aujourd'hui affronter s'appuie sur des motivations bien souvent douteuses. À commencer par l'antisionisme larvé de nombre de ses détracteurs. « Les plus radicaux dans la haine de Valls sont généralement liés aux réseaux dieudonno-soraliens », explique l'essayiste féministe laïque Caroline Fourest, proche du député d'Évry. « On a vu circuler des tracts pendant la primaire, affichant une caricature de Valls représenté avec une étoile de David en guise d'anus », rappelle-t-elle. Pour la journaliste, l'ancien ministre de l'Intérieur paye aussi ses prises de position musclées sur les questions de laïcité : « C'est le seul qui a eu le cran de tenir tête à des groupes intégristes et antirépublicains. Mais avec la question de la déchéance de nationalité et du 49.3, il aussi a perdu le soutien d'une partie de la gauche antifasciste et anti-islamiste ».

Les débats de la primaire entre une gauche présentée comme complaisante avec l'islam politique et une gauche dite « laïque » et intransigeante auront définitivement entériné la rupture entre ces deux « gauches irréconciliables », dénoncée par Manuel Valls. L'heure ne semble propice ni à la réconciliation ni à la reconstruction. L'élection de Manuel Valls est une bonne nouvelle pour la gauche de la gauche : s'il avait été battu, elle perdrait son pire cauchemar et sa meilleure raison d'exister.

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Commentaires (55)

  • bidule+07

    Valls a fait 2 erreurs fondamentales :

    - En temps que premier ministre, il a mis en œuvre un programme qui n’était pas celui pour lequel le président et sa majorité avaient été élu.

    - En temps que candidat, il s'est présenté à la primaire du PS et n'a pas soutenu mordicus le candidat choisi *et* son programme.

    Ces deux éléments montrent qu'il n'est pas un homme de parole, et ça, ce doit être un aller simple pour le fond du placard, et ce dans tous les partis.

  • plus de violence

    Arrogante, méprisante, envers le petit peuple.

  • Viviane M

    En faisant une loi MEDEF et en utilisant le 49. 3 pour la faire passer, alors qu'il y avait en changeant deux articles.
    Non, les socialistes progressifs ne privilégient pas l'emploi, ils privilégient l'intérêt de actionnaires aux dépens de la conservation du savoir-faire français et de l'emploi. Les justifications faites sont fausses. Elle utilise des règles fausses car non valables dans l'économie actuelle, car les équilibres sont très différents de ceux d'il y a 30 ans.