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D’ici la fin du siècle, les vagues de chaleur mortelles toucheront 75 % de l’humanité

+ VIDEO. Le risque de mourir de chaud concerne déjà une personne sur trois dans le monde, alerte la revue Nature Climate Change.

Par Leïla Marchand

Publié le 20 juin 2017 à 14:50

Alors que la France entière étouffe , une étude publiée lundi 19 juin dans la revue Nature Climate Change alerte sur les vagues de chaleurs mortelles, qui devraient être de plus en plus fréquentes dans le monde.

Aujourd’hui, près d’un tiers de la population mondiale fait face à ces dangereux pics de chaleurs pendant au moins 20 jours par an. D’ici 2100, cette proportion pourrait grimper à 70 % de la population si rien n’est fait pour limiter le réchauffement climatique.

Certaines parties du monde seront plus durement atteintes que d’autres. C’est le cas des régions tropicales, où les températures sont déjà élevées une majeure partie de l’année. Dans le pire des scénarios climatiques, ces zones devront, d’ici 2100, faire face à des vagues de chaleur quasiment tout le long de l’année.

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164 villes touchées entre 1980 et 2014

Pour parvenir à ces conclusions, une équipe de chercheurs américains et britanniques a compilé près d’un millier d’études scientifiques publiées sur les événements de vague de chaleur mortelle. « Nous avons examiné les documents publiés entre 1980 et 2014, et nous avons trouvé 783 cas de surmortalité humaine associée à la chaleur, dans 164 villes de 36 pays », peut-on lire dans leur étude.

« La canicule de 2003 en Europe a tué environ 70.000 personnes », indique notamment dans le National Geographic Camilo Mora, l’auteur principal de l’étude, qui travaille à l’Université d’Hawaï à Manoa. Les scientifiques se sont aussi penchés sur la vague exceptionnelle de chaleur qui a touché Moscou en 2010 et tué au moins 10.000 personnes, ainsi que celle de Chicago en 1995, où 700 personnes sont décédées.

La majorité des études publiées se concentre sur les pays occidentaux, mais les chercheurs ont également pu trouver des données provenant d’autres parties du globe, comme l’Inde ou le Pakistan, où la température a dépassé un record de 50°C en avril dernier.

Le couple fatal température + humidité

A partir de ces données, les scientifiques ont pu identifier le seuil au-delà duquel les conditions de chaleur deviennent potentiellement fatales. Il ne s’agit pas seulement d’un seuil de température, mais aussi d’un seuil d’humidité de l’air.

« Cela est lié à la physiologie du corps humain, explique Camilo Mora dans le Washington Post. Le corps se refroidit en transpirant : l’évaporation de notre sueur nous refroidit. Mais lorsqu’il fait humide, cette sueur ne s’évapore pas, et la chaleur générée par le corps ne s’évacue pas ».

Aujourd’hui, 13 % de l’ensemble de la superficie terrestre mondiale - soit environ 30 % de la population humaine totale - est concernée par le dépassement de ce seuil fatidique durant au moins vingt jour par an. Et ce chiffre devrait aller en augmentant.

De 50 % à 75 % de la population touchée selon les scénarios

En utilisant un système de simulations, les chercheurs ont pu décrire plusieurs scénarios possibles de futur climatique.

Dans le scénario le plus pessimiste, si jamais les émissions de gaz à effet de serre n’étaient pas contenues et continuaient à augmenter à leur rythme actuel, 47 % de la planète continentale, soit près de 74 % de la population, serait concernée par ces vagues de chaleur mortelles.

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Dans cette hypothèse - qui aboutirait à une hausse moyenne des températures de 3,7°C - l’Indonésie, les Philippines, le nord du Brésil, le Venezuela, le Sri Lanka, le sud de l’Inde, le Nigeria et la plupart de l’Afrique de l’Ouest affronteraient des vagues de chaleur mortelles plus de 300 jours par an d’ici 2100.

Djakarta, Lagos, Caracas concernées dans tous les cas

Dans le meilleur des scénarios, si des efforts considérables sont faits pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, près de 50 % de la population connaîtrait malgré tout 20 jours ou plus de vagues de chaleur mortelle d’ici 2100.

Avec une hausse de la température mondiale limitée à 2°C - un niveau qu’il sera très difficile de respecter - les zones touchées seront plus réduites mais des villes comme Djakarta, Lagos, Caracas ou Manille dépasseront le seuil de « chaleur létale » la moitié de l’année, prévoient les chercheurs.

Combien de morts ces vagues de chaleur exceptionnelles pourraient effectivement provoquer ? Cela dépend notamment de facteurs démographiques (comme l’âge de la population), socio-économiques (comme l’équipement en air conditionné ou en systèmes d’alerte thermique) et de l’urbanisme (par exemple la végétation que comprend la ville), notent les chercheurs.

Mais ces aménagements n’empêcheraient pas ces pics de chaleurs de se produire, et ce sont les plus jeunes et les personnes âgées, plus fragiles et souvent socialement isolés, qui resteraient les plus vulnérables.

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