La croissance au plus haut depuis six ans
L’Insee table sur une hausse du PIB de 1,6 % cette année, la plus forte depuis 2011 et juge la croissance «solide». Si la consommation perd un peu de vigueur, l'investissement des ménages gagne en dynamisme. Le commerce extérieur pèsera moins sur l’activité.
François Hollande en a rêvé pendant cinq ans mais promis, cette fois-ci, c’est la bonne. Les économistes de l’Insee en sont persuadés : la croissance dans la zone euro en général et en France en particulier est « solide ». Maintes fois annoncée depuis cinq ans mais toujours ajournée, la reprise est donc là. A peine arrivé à l’Elysée, Emmanuel Macron n’y est pour rien mais il en profitera.
Dans leurs dernières prévisions rendues publiques ce mardi soir, les experts de l’institut tablent sur une hausse du PIB de 1,6 % cette année dans l’Hexagone, « ce qui serait une première depuis 2011 », souligne l’un d’eux, Dorian Roucher « La croissance française recollerait au mouvement européen », pointe Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l’Insee.
Nette embellie du climat des affaires
L’économiste voit plusieurs raisons à cette éclaircie. D’abord, « la nette embellie du climat des affaires depuis la fin année s’est confirmée ». Le moral des chefs d’entreprises au mois de mai était en effet au plus haut depuis l’été 2011. Dans le bâtiment, les patrons français retrouvent petit à petit la confiance et dans l’industrie, l’indice est largement au-dessus de sa moyenne de long terme, reflétant l’amélioration de la demande extérieure.
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C’est d’ailleurs la deuxième explication de l’accélération de la croissance : « le commerce mondial repart nettement avec le redémarrage des pays émergents », juge Vladimir Passeron. Les échanges extérieurs pèseront moins sur la croissance en 2017 que l’an dernier.
Léger regain d’inflation
Enfin, « l’amélioration passée de la situation financière des entreprises et des ménages porterait ses fruits », selon l’économiste. Certes, les effets de la baisse du prix du pétrole ont tendance à s’estomper. Le léger regain d’inflation cette année - elle atteindrait 1,1 % en fin d’année - va rogner le pouvoir d’achat et, conséquence logique, la consommation en pâtira un peu. Alors qu’elle avait progressé de 2,1 % l’an passé, elle ne devrait grimper que de 1,2 % cette année.
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Mais les créations d’emplois sont relativement fortes. Elles devraient s’ élever à 220.000 en 2017, ce qui ferait reculer le chômage, qui toucherait 9,4 % de la population active à la fin de l’année. Pour mémoire, à l’été 2015, le taux de chômage, à son pic, était à 10,5 %. Et cette baisse continue incite les ménages à reprendre leurs investissements en logements. L’Insee prévoit ainsi une hausse des investissements des foyers français de 3,6 % sur l’année, une performance inédite depuis 2006.
L'investissement repartira en milieu d'année
Du côté des entreprises, l’investissement marquerait nettement le pas au printemps, contre-coup de la forte progression du premier trimestre suite à l’anticipation de l’arrêt au 1er avril de la mesure de suramortissement accéléré. Mais dans la deuxième moitié de l’année, il devrait retrouver du tonus. Autre bonne nouvelle, deux facteurs ne pèseront pas en 2017 sur l’activité : les récoltes de céréales, catastrophiques l’an passé, devraient revenir à la normale, tout comme le tourisme, touché par les attentats en 2016.
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Emmanuel Macron va donc bénéficier d’une activité économique assez dynamique dès son arrivée au pouvoir. Théoriquement, le contexte est assez propice aux réformes puisque le cycle économique amortit leurs coûts à court terme. « L’économie mondiale a retrouvé un environnement conjoncturel que l’on n’avait pas vu depuis longtemps », confirme William De Vijlder, chef-économiste de BNP Paribas. « C’est donc maintenant qu’il faut s’attaquer aux trois défis français : des finances publiques encore dégradées, un chômage structurel élevé et une compétitivité pas entièrement retrouvée. Les réformes exigent d’être rapides et déterminées », estime-t-il. Car, dès que le vent tournera, les difficultés n’en seront que plus grandes. « Il n’existera quasiment aucune marge de manoeuvre de politique économique en cas de nouveau choc », prévient William De Vijlder.
D’un autre côté, la plupart des pays qui se sont réformés - le Canada et la Suède dans les années 1990, l’Allemagne dans les années 2000 ou encore la Finlande récemment - l’ont fait alors qu’ils étaient dos au mur. Si ce n’est pas le cas de la France aujourd’hui, cela pourrait bien l’être demain. « L’embellie mondiale devrait se maintenir en 2018 mais l’élan retomberait en 2019 », prévient Olivier Garnier, chef économiste de la Société Générale. La fenêtre de tir est étroite.