Conseil régional. Le sacre du lieutenant

Philippe Créhange

Par Philippe Créhange

Doublure de Jean-Yves Le Drian à la Région depuis 2015, Loïg Chesnais-Girard s'installera dans son fauteuil de président ce jeudi. À 40 ans, il devient le plus jeune patron d'un conseil régional en France.

Avec Jean-Yves Le Drian ? « Entre nous, c'est un couple professionnel, une aventure commune, on peut dire que c'est une amitié. Je lui dois beaucoup, mais j'assume mes responsabilités propres », souligne Loïg Chesnais-Girard.
Avec Jean-Yves Le Drian ? « Entre nous, c'est un couple professionnel, une aventure commune, on peut dire que c'est une amitié. Je lui dois beaucoup, mais j'assume mes responsabilités propres », souligne Loïg Chesnais-Girard. (Photo P.C.)

LCG. Trois initiales, pour Loïg Chesnais-Girard, qui se confondraient presque avec quatre autres lettres -JYLD- tant le maire de Liffré (35) a inscrit ses pas dans ceux de Jean-Yves Le Drian depuis déjà dix ans, date de leur première rencontre. C'était à l'occasion d'un voyage au Japon, qu'ils reconduiront quasiment tous les ans. « C'est là que nous nous sommes plu », décrit le ministre des Affaires étrangères.

Faut-il alors voir un simple héritier dans le nouveau patron de l'exécutif régional ? C'est sans doute mal juger celui qui sera, à 40 ans, le plus jeune président d'un conseil régional en France. « Avant Laurent Wauquiez en Rhône-Alpes-Auvergne », comme le fait remarquer, avec malice, l'un de ses collaborateurs.

Austère ou jovial ?


Méconnu du grand public, décrit par certains de ses adversaires comme austère, ce travailleur a de l'expérience, du caractère... et de l'humour, dès lors qu'il se sent en confiance. On dit de lui qu'il est lisse ? « Dans ce cas, ça me glisse dessus », éclate de rire le quadra. En manque d'aspérités, faute de n'avoir jamais connu de grande défaite électorale ? « Ne vous inquiétez pas, ça viendra forcément ! », lance comme un défi ce natif de Lannion. Même si, pour le moment, tout réussit à ce père de deux enfants, banquier en disponibilité (lire ci-dessous), qui voit ces jours-ci défiler dans son bureau les socialistes bretons sacrifiés aux législatives sur l'autel du macronisme.

« Le Drian, pas un père »


Conseiller municipal à 18 ans, maire depuis presque dix ans, conseiller régional, vice-président chargé de l'économie, directeur de campagne de Jean-Yves Le Drian en 2015. Pas de fausse note ou presque pour un homme que certains aimeraient résumer à un béni-oui-oui de l'intouchable ministre. Son parcours casse pourtant cette image d'héritier d'un « géniteur politique » qu'il ne reconnaît d'ailleurs pas comme tel. Jean-Yves Le Drian ? « Ce n'est pas un père. Entre nous, c'est un couple professionnel, une aventure commune, on peut dire que c'est une amitié. Il m'a appris à me taire et à structurer ma pensée pour passer les étapes les unes après les autres. Je lui dois beaucoup mais j'assume mes responsabilités propres ».

Association... et banque


C'est par le monde associatif, adolescent, que Loïg Chesnais-Girard a commencé à écrire son histoire politique. Président des jeunes de Liffré, il se souvient de ses soirées, dans les années 90, à distribuer des préservatifs pour sensibiliser les lycéens aux ravages du sida et des MST (maladies sexuellement transmissibles). Fort de cette expérience, c'est en 1995 qu'il est appelé par la gauche à rejoindre une liste aux municipales. « La droite m'avait aussi fait un appel du pied », confie le Breton, conscient de représenter à l'époque une « caution jeune » pour les partis. Sa culture familiale sera plus forte qu'un attrait affirmé et assumé pour l'économie et les entreprises. « La redistribution, l'école, la laïcité sont fondamentalement de gauche. Je ne crois pas que le marché répondra aux problèmes des gens », explique celui qui se décrit aujourd'hui comme un progressiste, européen et décentralisateur. Des idées de gauche - choqué par l'élection de Catherine Mégret (FN) à Vitrolles, il adhère au PS en 1997 - mais un penchant pour une forme de libéralisme sur les questions économiques. Diplômé en finance, banquier, strauss-kahnien d'avant Sofitel. « Développer l'économie pour assurer une politique de redistribution ». C'est sa face macroniste à lui.

Plutôt discret, Loïg Chesnais-Girard n'est pas d'une nature à s'exposer à qui veut. Quitte à souffrir d'un manque de notoriété auprès des Bretons, en particulier de la pointe. « L'objectif n'est pas d'être connu mais d'animer une équipe, une majorité solide. Mon envie, c'est l'exécutif », argue le nouveau président de Région. Mais puisqu'il se dit aujourd'hui « disponible » pour les régionales de 2021, et que son mentor Le Drian est « convaincu qu'il sera élu », l'homme va toutefois devoir se faire violence. Car cette fois-ci, ce sont les électeurs qu'il faudra convaincre. Pas sa majorité.

Cap sur 2021


Newsletter Aujourd'hui en Bretagne
Chaque soir, les faits marquants du jour en Bretagne
Tous les soirs en semaine à 18h

Face à lui, il aura une droite et un centre en reconstruction mais renforcés par la victoire de leur chef de file Marc Le Fur aux législatives, dimanche dernier. Qui plus est face au marcheur Olivier Allain qui n'est autre que le vice-président à la Région en charge de l'agriculture... Sans parler du Frontiste Gilles Pennelle, qui compte bien disputer à la droite le leadership de l'opposition. Bref, une belle occasion pour Loïg  Chesnais-Girard de remporter sa première grande victoire électorale, ou connaître sa première... défaite.

Revenir en arrière

Conseil régional. Le sacre du lieutenant

sur Facebooksur Twittersur LinkedIn
S'abonner
Application Le Télégramme Info Bretagne

Application Le Télégramme

Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.

Application Le Télégramme Journal
Application Le Télégramme Journal